ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18,5 cm ; L. : 4,7 cm ; P. : 6,7 cm
Co. 792
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18,5 cm ; L. : 4,7 cm ; P. : 6,7 cm
Co. 792
L’œuvre présente un état de conservation correct.
La statuette est entière à l’exception des parties hautes et basses des plumes de la couronne. Le métal est très oxydé et a pris une teinte uniformément verte. L’uraeus est très arasé, seul son contour est encore visible.
L’œuvre figure le dieu Osiris debout, jambe serrée, sur une petite base carrée. Le dieu est en léger déséquilibre vers l’arrière. Les pieds joints et les mains placées sur le ventre, il est coiffé de la couronne atef, attribut caractéristique d’Osiris. Cette couronne se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche et ornée d’un uraeus frontal. Celui-ci a presque entièrement disparu. On note cependant que sa queue formait deux boucles puis remontait le long de la mitre. Les plumes d’autruche, largement endommagées par le temps, sont striées obliquement. Des traces d’un arrachage sont visibles au sommet de la mitre. Il pouvait y avoir à l’origine un disque solaire. Osiris est habillé d’un linceul moulant ne laissant paraître que le profil des bras, des jambes et des fessiers. Le linceul, très enveloppant, remonte haut sur sa nuque. Les poignets, ornés de bracelets, se dégagent du tissu pour serrer le flabellum et le sceptre heqa. Le flabellum se compose d’un manche double et de trois lanières pendantes sur le bras droit, au niveau du coude. Le sceptre heqa est orné d’un décor de deux stries successives, régulièrement espacées. Les manches des deux sceptres se rejoignent dans la main gauche et se prolongent sur l’aine du dieu (sur cette disposition des sceptres, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, pl. 22, fig. e à h). Le cou est orné d’un large collier ousekh à trois rangées de perles. Le menton est rallongé d’une épaisse barbe postiche divine tressée. Enfin, un ensemble de lignes creusées sur les poignets suggèrent la présence de bracelets.
Osiris a un visage rectangulaire aux joues potelées. Un grand front surmonte des sourcils fins. Les yeux sont légèrement tombants et cerclés de fard. Les pupilles sont globuleuses et prennent presque tout l’espace formé par le contour de l’œil. Le nez est large et empâté. La petite bouche aux lèvres pulpeuses est flanquée de sillons labio-nasaux profonds. Enfin, le menton est petit et la mâchoire carrée. Le cou massif et court se poursuit sur des épaules légèrement tombantes. Notons que la gauche est plus large que la droite. Mis à part les coudes qui se discernent au travers du vêtement, aucun autre détail anatomique n’est perceptible.
Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier.
Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe à Abydos. Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétant en calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (Musée Rodin Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.
Le type de figurine dont relève la statuette Co. 792 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto,déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à l’époque tardive et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée, à l’époque romaine.
Les traits du visage que l’on peut considérer comme réalistes ou du moins naturalistes laissent supposer une datation de l’œuvre vers l’époque koushite ou saïte.
Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris similaires à l’œuvre Co. 792, notamment Co. 772, Co. 790, Co. 806, Co. 2368, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon/pavillon de l'Alma/vitrines 23 et 24, 518a, Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation savoir : deux Osiris debout (haut. 18 cent. 1/2 et 11 cent. 1/2), un Amon debout (78 millim.), un Harpocrate assis (7 cent.), une Sokhmit fragmentaire debout (9 cent.), un Bès debout (6 cent.), un Nofertoum debout (9 cent. 1/2), un bas de divinité assise (9 cent.). Estimé vingt cinq francs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18,4 cm ; L. : 5,7 cm ; P. : 4,6 cm
Co. 790
L'oeuvre est en très mauvais état de conservation.
La statuette est très oxydée, plus aucun détail n’est visible excepté le contre-poids d’un collier incisé sur le linceul au niveau de la nuque. Une large partie de la base sur laquelle Osiris se dresse manque.
Les parties droite et gauche le long des jambes sont largement desquamées ainsi que le dos et une partie du visage et de la coiffure qui laissent apparaître sur surface brune oxydée située en-dessous de la surface d’origine de l’œuvre. Des chlorures qui ne sont peut-être plus actifs sont visibles sur l’œuvre. Aux emplacements conservés, une couche épaisse de carbonates verts subsiste recouverte de terre d’enfouissement blanchâtre.
L’œuvre figure le dieu Osiris debout sur une petite base carrée, les jambes jointes. Le corps entièrement gainé dans un linceul, seul ses bras émergent, ramenés sur sa poitrine. Sa main gauche tient le sceptre heqa et sa main droite, placée au-dessus de la main gauche, serre le flabellum (ou fouet nekhekh), tous deux attributs favoris d’Osiris. Les sceptres ne semblent pas dépasser des épaules.
Le dieu est coiffé de la couronne atef qui se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche et originellement couronnée d’un disque solaire. Un uraeus frontal agrémente la couronne. La queue du cobra s’étire en ondulant jusqu’au sommet de la couronne. La bouche est charnue, l’oreille gauche est encore visible, la droite étant masquée par la corrosion. Une longue barbe postiche, dont l'extrémité manque, termine le menton. Soigneusement nattée, elle est recourbée, indication de la nature divine de la figure qui l’arbore. Enfin, le corps d’Osiris est entièrement recouvert par un large linceul qui remonte derrière la nuque. À cet endroit, on remarque un contre-poids d’un collier incisé sur le linceul. D’un motif rectangulaire, il reprend la forme et le traitement du signe hiéroglyphique « P », c’est-à-dire un siège en osier, et se termine par quatre perles en forme de goutte. Ce contre-poids est la seule trace visible du collier qui ornait les épaules du dieu, le reste du décor étant masqué par la corrosion. Le linceul ne laisse apercevoir que le profil des bras, des jambes et des fessiers. Des traces d’incrustation d’or semblent subsister dans le creux des reins.
Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte très riche de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le prototype du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour lui succéder en le coiffant de la couronne atef. Il apprend ainsi aux hommes l’agriculture et la civilisation. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Accompagnée de leur sœur Nephtys, Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode qu’Horus est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier.
Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe à Abydos où chaque année une statue de la divinité était façonnée en terre sur laquelle des plantes poussaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Fait surprenant, Auguste Rodin avait acquis une petite cuve d’Osiris végétanten calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (Musée Rodin Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. Mais c’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les égyptiens se sont rapidement assimilés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort. Le mythe d’Osiris est de ce point de vue également fondateur car il insiste sur la transmission du pouvoir père-fils, le fils ne pouvant succéder à son père qu’une fois les rites funéraires accomplis.
Ce type de statuette, telle que Co. 790, reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto déposés par les fidèles dans les temples en offrande au dieu. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à la Basse-Époque et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée à l’époque romaine.
Très nombreuses à l'époque pharaonique, elless font partie des statuettes en bronze les plus courantes dans les collections muséales. En voici quelques exemples.
Musée du Louvre, Paris : E 3753, AF 12858, N 3951C.
Penn Museum, Philadelphie : 29-70-677, 29-70-704, E 2358, E 3231, E 3236, E 3228, E 3226, E 11558, E 11559, 29-70-646, …
British Museum, Londres : EA 90438, EA 36063, EA 58376, EA 59747, EA 60717, EA 11117, EA 11054, EA 67159, EA 34868, EA 24718…
Walter Art Museum, Baltimore : 54.551.
Metropolitan Museum of Art, New York : 41.6.4, 61.45, 04.2.438, 04.2.578, 90.6.10, 10.130.1339, 04.2.577, 04.2.439, X.609.9, X.609.10, X.609.1 …
Les collections du Musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris, notamment Co. 772, Co. 792, Co. 806, Co. 2368, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.
Anépigraphe ? Le socle est entièrement masqué par la corrosion. Un texte y était peut-être inscrit.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Nouvel empire > XVIIIe - XXe dynastie > 1550 - 1069 AVANT J.-C., probablement ramesside
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18 cm ; L. : 5,3 cm ; P. : 3,6 cm
Co. 772
L’œuvre présente un bon état de conservation. La partie supérieure est complète jusqu’au niveau des chevilles, toute la partie inférieure ayant disparu dans une cassure. La statuette ne présente pas de concrétions de métal bien qu’elle soit oxydée. Des restes d’un placage en or subsistent, notamment entre les lèvres, dans les oreilles ou dans les stries des mèches de la barbe postiche. Les yeux étaient incrustés de pâte de verre, aujourd’hui disparue.
Á l’avant de la statuette, on remarque sur les membres inférieurs l’ajout de deux plaques de métal, l’une étant finement striée verticalement. Cette restauration est ancienne, voire même antique car elles présentent le même état d’oxydation que la statuette, ce qui suppose qu’elles ont vieilli ensemble.
L’œuvre figure le dieu Osiris debout, les jambes jointes, les bras croisés sur la poitrine et serrant respectivement dans sa main droite et gauche le sceptre-héqat le flabellum. Ce dernier se compose d’un bâton prolongé d’une frange pleine qui se décompose en son extrémité en trois lanières distinctes. Les extrémités inférieures de chacun des deux sceptres dépassent sous les mains du dieu. Les poings sont serrés, les pouces sont visibles et les phalanges sont méticuleusement indiquées.
Osiris est coiffé de la couronne-atef, attribut caractéristique de cette divinité. Elle se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche, le tout surmonté d’un petit disque solaire. La mitre, légèrement plus large que la tête de la divinité et descendant bas sur le front et derrière la nuque, est ornée d’un uraeuscentral au corps dressé, aux écailles précisément rendues par un décor de petites entailles horizontales. Deux fentes profondes et larges figurent les yeux du reptile. Sa queue s’enroule en deux boucles de chaque côté du corps, puis remonte le long de la mitre. Les plumes d’autruche qui flanquent cette dernière sont striées plus ou moins horizontalement à l’exception de leur base où les stries sont clairement obliques. On note dans la partie haute de la plume gauche le long de sa tranche un ajout de métal peut-être contemporain du moulage de la statuette, qui pourrait être une nouvelle restauration antique. Enfin, le disque solaire, rond et plat, au sommet de la couronne a pu être rapporté. Osiris est habillé d’un linceul moulant dont aucune limite ou démarcation n’est visible. Le tissu laisse néanmoins perceptible le profil des bras, des jambes et les courbes dorsales.
Le visage carré de la divinité présente des joues pleines agrémentées de pommettes saillantes et accentuées par un léger creusement sous les yeux. Ces derniers sont entièrement entourés de fard rendu par un bourrelet épais. Les sourcils arqués suivent parfaitement la forme de la paupière supérieure. Ils se prolongent sur un nez droit et fin, aux narines larges et au profil aquilin. La bouche est petite et souriante. Les commissures des lèvres sont marquées, de même que le pli du menton. Les mâchoires carrées se fondent dans un cou massif prolongé par une barbe postiche divine tressée. Cette barbe divine, donc à l’extrémité recourbée, est conservée dans son intégralité. Particulièrement longue, elle est consolidée par un ressaut de métal fixé sur la poitrine du dieu. Les oreilles sont hautes et grandes et ne sont pas placées sur même axe. Les épaules, rondes et horizontales surmontent des bras puissants aux formes arrondies. Le buste et les jambes sont courts et massifs. Le bas du dos et l’aine sont rendus par un léger bombage du métal.
Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne-atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier.
Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe en Abydos. Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétanten calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (musée Rodin, Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les Égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.
Le type de figurine dont relève la statuette Co. 772 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto,déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à l’époque tardive et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée à l’époque romaine. Concernant Co. 772, la teinte rouge sang qu’a prise l’œuvre laisse supposer qu’il s’agit d’une statuette en « bronze noir ». Cette appellation est utilisée pour les alliages dans lesquels les bronziers ont ajouté intentionnellement de l’or et de l’argent pour réaliser une patine brillante comme l’hématite. Cet alliage est caractéristique du Nouvel Empire. De plus, le nez aquilin, les joues pleines modelées par les pommettes saillantes, les creusements sous les yeux et les commissures des lèvres profondes, ainsi que le corps lourd et massif, indiquent une datation probablement ramesside.
Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris similaires à l’œuvre Co. 772, notamment Co. 790, Co. 792, Co. 806, Co. 2368, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 132, "Osiris debout, coiffé de l’Atef. Fouet et crochet. Le bas manque à partir des genoux. Haut. 18 cent. Bronze. Estimé dix francs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE À DÉTERMINER
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : cm ; L. : cm ; Pr. : cm
F. 806
L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.
Il ne reste de la figure que les tibias et les pieds de la divinité, l’ensemble ayant pris une teinte uniformément verte et très corrodé.
L’œuvre présente les jambes d’une femme, certainement une divinité féminine. Elle est vêtue d’une longue robe moulante s’arrêtant aux chevilles. D’après l’inclinaison des jambes, on peut supposer que la déesse était assise. Les pieds reposent sur une fine base carrée.
Les orteils, séparés par des sillons, sont nettement étalés sur la petite base. Les dimensions de cette statuette en bronze sont conséquentes. L’ensemble a été placé sur un socle en bois exotique de type K. Inagaki à une époque proche de son acquisition.
Sans autre information quant à l’identification du personnage représenté, nous ne pouvons aller plus loin dans l’étude de cette œuvre.
Les collections du musée Rodin conservent une oeuvre similaire dans son attitude et son état de conservation, Co. 5642.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 3,2 cm ; L. : 3,1 cm ; P. : 0,9 cm
Co. 5815
L'amulette est en mauvais état de conservation.
L’oxydation a patiné les détails et a rendu l’œuvre rugueuse. L’amulette Co. 5815 se trouve aujourd’hui brisée en deux parties, l’image de l’ibis étant détachée de l’ensemble. Quelques fragments d’un feuilletage en or subsistent sous le ventre de l’oiseau, sur Maât et sur le dessus de la base. La patte gauche de l’ibis manque.
L’œuvre présente une gangue épaisse de carbonates verts assez vifs (malachite) et de rares traces, sous cette gangue, d’oxydes bruns (cuprite). La surface est grenue et n’a vraisemblablement jamais été nettoyée. Des traces de terre d’enfouissement sont encore bien visibles. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Des restes de dorure à la feuille sont visibles un peu partout sur la surface de l’œuvre.
L’œuvre figure Maât assise dans la position des scribes en face d’un grand ibis sur une fine plaque métallique rectangulaire. Sous sa forme d’ibis, Thot semble protéger l’image de Maât, accroupie devant lui. Les deux figures sont reliées par le bec de l’oiseau qui se pose sur la coiffe de la déesse en dessinant une courbe élégante.
Maât est coiffée d’une perruque tripartite surmontée d’une haute plume d’autruche. Elle est vêtue d’une tunique cachant toute son anatomie à l’exception du profil des bras. Ses mains sont posées sur ses genoux. Les détails du visage de la déesse sont aujourd’hui illisibles. L’ibis est dressé sur ses pattes dans l’attitude de la marche, la patte gauche en avant. Les détails de son plumage et de son bec devaient être, à l’origine, d’une grande finesse. Le bec long et gracieux, caractéristique à l’ibis, est modelé de chaque côté par une ligne continue qui adopte sa courbure naturelle. Les yeux sont dessinés grâce à deux sillons circulaires imbriqués l’un dans l’autre, créant ainsi le contour de l’œil et sa pupille. La gorge gonflée et les ailes légèrement en saillie présentent encore des traces du plumage. Une bélière, entièrement remplie par l’oxydation du métal, est encore visible dans la nuque de l’oiseau.
Enfin, on note des restes d’un parement de feuilles d’or qui recouvrait intégralement l’œuvre à l’origine. Ils sont observables en particulier sous le ventre de l’oiseau, sur Maât et sur le dessus de la base.
La déesse Maât personnifie les concepts de vérité, de justice et d’ordre cosmique, appelés la maât (sans majuscule) par les égyptiens anciens (sur cette déesse, voir CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 303-305 ; sur la notion de maât, voir ASSMANN Jan, Maât, L'Égypte pharaonique et l'idée de justice sociale, Paris, 1989).
La déesse est attestée dès l’Ancien Empire dans les Textes des Pyramides (TP 1582). Fille de Rê à partir du Nouvel Empire, elle devient sœur du roi régnant, lui-même fils de Rê. Au-delà de cette filiation, la légitimation et l’efficacité du règne dépendaient du respect des concepts personnifiés par Maât, qui n’est pas seulement sœur du roi mais également son juge. En effet, l’ordre de la maât devait être renouvelé et préservé constamment, permettant au roi de réussir après sa mort la redoutable épreuve de la pesée de son cœur, siège des pensées et des actes pour les anciens égyptiens. Si Maât considérait que l’ordre universel et l’équilibre qui en découle avaient été respectés par le défunt roi, ce dernier accédait à une vie éternelle sur les trônes de Geb.
Généralement représentée entièrement anthropomorphe, Maât pouvait aussi être figurée par une simple plume, celle-ci servant par ailleurs de contrepoids lors de la pesée du cœur.
Si aucun temple ne semble lui avoir était entièrement dédié, un petit temple existait autrefois dans l’enceinte de Khonsou à Karnak. Sa fonction reste encore discutée mais l’hypothèse le plus généralement retenue est la suivante : des jugement y étaient rendus.
Contrairement à l’œuvre Co. 2427 où Maât est représentée seule, Thot est ici également figuré sous la forme d’un ibis. Celui-ci, généralement considéré comme l’époux de Maât, l’accompagne lors de l’épisode de la pesée des cœurs. Il note en effet le jugement final sur une tablette. Outre cette prérogative, Thot est un dieu lunaire qui est associé à l’écriture et la connaissance. Il dirige les scribes et les érudits dès l’époque prédynastique. Il fonctionna souvent comme messager, intercesseur et conciliateur entre les dieux, c’est pourquoi il fût associé à Hermès dans la mythologie grecque. Inventeur de l’écriture, il est le scribe des dieux et consigne les « paroles divines ». Il obtient ainsi la réputation d’un homme intègre qui répand la vérité (sur le dieu Thot et sa bibliographie, voir CORTEGGIANI Jean-Pierre, L’Égypte ancienne et ses dieux : dictionnaire illustré, Paris, 2007, p. 543-548).
Les « prêtres » dits de Maât, titre honorifique, qui avaient pour fonction de rendre la justice, portaient autour du cou une petite amulette qui permettait de les identifier. De part sa petite taille et la bélière de suspension, il est tentant de suggérer pour la figurine Co. 5815 cette fonction.
Sur un groupe statuaire en bronze d’une longueur totale de 26 cm conservé au musée égyptien du Caire, vraisemblablement un reliquaire, Thot et Maât se font face, Maât étant accroupie sur un socle en forme de naos (Le Caire, Musée Egyptien, JdE 71971, voir Essen 1961, N° 228 p. 134). L’attitude des deux divinités est similaire à la petite figurine du musée Rodin.
Le couple Thot et Maât, qu’ils soient respectivement représentés en ibis ou sous la forme d’une plume d’autruche, a été figuré en bronze ou plus largement en faïence. Voici quelques exemples disséminés dans les musées du monde :
Metrolotitan Museum of Art, New York : 26.7.992 (Ibis et plume de Maât, faïence), 15.43.46 (Ibis et plume de Maât), 26.7.872 (Ibis avec Maât anthropomorphe), 30.8.301 (Ibis et plume de Maât, faïence).
Museo egizio di Torino, Turin : S. 18197 (Ibis et Maât, authentification douteuse).
British Museum, Londres : EA 12031 (Ibis et plume de Maât, faïence), EA 36451 (Ibis et plume de Maât, faïence), EA 20663 (Ibis et plume de Maât, faïence).
Les collections du musée Rodin ne conservent pas d'autres oeuvres similaires.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôte Biron, 252, "Petite déesse Maât accroupie devant Thot représenté sous sa forme d’ibis. Bronze jadis doré. H 3,3. Estimé cinquante frs."
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ptolémaïque > XXXIe dynastie > 332 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 26,5 cm ; L. : 6,5 cm ; P. : 9,4 cm ;
Co. 5787
L'oeuvre présente un mauvais état de conservation.
La statuette est entière à l’exception des extrémités des cornes de la couronne hathorique. L’oxydation du métal a provoqué des boursoufflures, des craquements, et des écaillements sur l’ensemble de l’œuvre. Les zones les plus touchées sont le buste d’Isis et d’Harpocrate, ainsi que les jambes de la déesse. Une large fissure traverse la couronne et la tête d’Isis sur ses deux côtés.
La surface noire, fissurée et soulevée est caractéristique de bronze exposé au feu (incendie). Elle garde des traces de terre d’enfouissement sablonneuse et ocre rouge qui dans le futur pourront donner des informations sur le contexte de découverte. Des chlorures sont visibles sur l’œuvre.
L’œuvre figure Isis assise, donnant le sein à son fils Horus-l’Enfant, aussi connu sous le nom d’Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. La déesse maintient la nuque de l’enfant de la main gauche et son sein de la main droite, facilitant ainsi l’allaitement. Ses jambes sont jointes et ses pieds posés à plat sur une petite base carrée. Celle-ci, creuse, présente deux tenons permettant à l’origine de placer la statuette sur un socle plus important. Harpocrate est assis sur les genoux de sa mère, les jambes serrées, les pieds ballants et les bras le long du corps.
Isis est coiffée d’une perruque tripartite. Les boucles des longues mèches sont finement détaillées et les trois pans de la coiffure sont maintenus en leur extrémité inférieure par deux rubans décoratifs. La perruque est recouverte d’une dépouille de vautour dont la tête se démarque sur le front. Cet attribut est celui des reines d’Égypte et plus particulièrement des mères de roi. Malgré l’état de conservation de cette figurine, les ailes de la dépouille de vautour sont encore bien visibles sur les pans de la perruque, de chaque côté du visage. Cette coiffe est surmontée d’un socle d’uraei supportant une couronne hathorique, composée d’un disque solaire flanqué de deux cornes de vache. Un collier ousekh orne le cou de la divinité. Il était composé de trois rangs de grandes perles décoratives, cerclées de part et d’autre par un rang de perles plus petites ; le rang inférieur a presque disparu et se devine le long de la mèche droite. Une longue robe moulante, sans détail ornemental, habille Isis. On note également que la déesse arbore un bracelet à chaque cheville. Harpocrate est nu à l’exception d’un bonnet, connu pour être porté par les prêtres, paré d’un uraeus frontal et d’une épaisse mèche de l’enfance qui se dégage du côté droit du crâne. Autour du cou de l’enfant, quelques stries horizontales suggèrent la présence d’un collier.
Isis a le visage rond et plein. Le front est court, de même que le menton. Ses grands yeux, étirés, sont entourés d’une épaisse ligne de fard qui accorde aujourd’hui aux orbites un aspect globuleux qui n’est pas celui d’origine. Les sourcils en saillie sont également prolongés de maquillage. Le nez, large et empâté, surmonte une bouche pulpeuse. Les oreilles sont grandes et hautes. Les épaules, étroites, se poursuivent sur des bras épais sans détail anatomique. La poitrine est petite, la taille est à peine marquée et le bassin est étroit. Les jambes sont longues et fines et se terminent par des pieds plats et rectangulaires dont seuls les orteils se démarquent. Le deuxième orteil est plus long que le pouce, signalant ainsi l’exécution d’un pied de type grec. La figure d’Harpocrate est malheureusement très abîmé. Il est cependant possible de remarquer que la rondeur de ses traits ressemble à celle de la déesse, sa mère.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptiennes. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône Horus. Or Isis, magicienne experte et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-l'Enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement assure ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus et l’une des déesses les plus populaires. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno A. (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordées à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent donc dans leurs collections, et en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Carlsberg Glyptotek de Copenhague : AEIN 161.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 1487, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429 et Co. 2433. La statuette Co. 210 présente les mêmes caractéristiques ainsi qu’une manufacture similaire à l’œuvre Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE à déterminer
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 10 cm ; L. : 4,7 cm ; P. : 6 cm
Co. 5642
L'œuvre présente un très mauvais état de conservation.
Seules les jambes sont conservées, à partir du milieu des cuisses. Le bout des pieds manque. L’objet est très oxydé et a pris une teinte uniformément verte. Quelques concrétions beige clair sont visibles sur l’ensemble de l’objet, notamment entre les chevilles et derrière les genoux.
L’œuvre présente les jambes d’une femme assise, certainement une divinité. Elle est vêtue d’une longue robe moulante s’arrêtant aux chevilles. On note que la malléole du pied gauche est encore visible, contrairement à tout autre caractéristique anatomique. Les pieds, de moitié manquants, reposent sur une base fine et carrée. On ne remarque aucune trace sur les cuisses ou les genoux où l'on pourrait trouver les vestiges des mains de la figure ou d'un personnage assis.
Sans autre information quant à l’identification du personnage représenté, nous ne pouvons aller plus loin dans l’étude de cette œuvre.
Les collections du musée Rodin conservent une oeuvre similaire dans l'attitude et l'état de conservation, F. 806.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913, Meudon /pavillon de l'Alma, vitrines 23 et 24, 518, Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation : deux Osiris debout (haut. 18 cent. 1/2 et 11 cent. 1/2), un Amon debout (78 millim.), un Harpocrate assis (7 cent.), une Sokhmit fragmentaire debout (9 cent.), un Bès debout (6 cent.), un Norfitoum ? debout (9 cent. 1/2), un bas de divinité assise (9 cent.). Estimé vingt cinq francs.
Donation Rodin à l'État français 1916.
L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXXIe dynastie > 332 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 14,5 cm ; L. : 2,7 cm ; P. : 3,1 cm
Co. 5619
L'oeuvre présente un bon état de conservation.
Le métal est oxydé, notamment au niveau du visage et de la couronne. L’œuvre est complète à l’exception de l’avant-bras droit et du bras gauche.
La statuette présente une surface brune composée d’oxydes bruns avec des emplacements vert pâle composés de sulfates. La surface est assez lisse. Des chlorures sont disséminés sur la surface. Sur la photographie de la liste d’œuvres, elle est soclée sur une base circulaire en marbre blanc mais actuellement elle n’a plus de socle.
L’œuvre Co. 5619 représente une déesse debout, les jambes jointes sur une petite base plate (2,2 cm x 2,2 cm) sous laquelle un tenon est visible. Il est possible que la déesse ait eu les deux bras sont levés vers l’avant, dans une position d’adoration et de protection. Elle pouvait alors tenir dans ses mains des objets rituels, égides divines ou instruments de musique par exemple (voir pour comparaison la statuette en bronze du Pelizaeus-Museum d’Hildesheim, Inv. N° 0057, datée de l’époque gréco-romaine à romaine, où Isis tient un objet dans sa main droite).
La figure est coiffée d’une perruque striée sous laquelle un bandeau frontal est visible. Il accueille un imposant uraeus sur lequel les écailles du cobra ont été soigneusement rendues. La perruque revêt une forme particulière, sa partie antérieure se limitant à un carré au niveau des épaules. Notons également qu’elle s’arrête nettement dans le dos au niveau des omoplates. Une fine mitre centrale fine surmonte la perruque. Elle est flanquée de deux très hautes plumes de Maât. L’élément central de la coiffe, dont l’extrémité est perdue, est ondulé. Masqué par la corrosion, son identification est difficile en l’état. Il est à remarquer également qu'aucun pan de la perruque ne tombe sur la poitrine contrairement aux représentations plus communes de cette coiffe. Le fait que les bras soient levés en avant a sûrement participé à ce choix de figuration. Trois sillons obliques dans le cou suggèrent la présence d’un collier en pendeloque. La divinité est vêtue d’une longue robe moulante. Cette robe s’arrête aux chevilles et laisse apparaître ses caractéristiques physiques, citons notamment le pubis, le nombril, le creux des reins et les muscles abdominaux, dorsaux et fessiers.
Le visage plein de la déesse est particulièrement en saillie et ce à cause du creusement prononcé au niveau des oreilles et de l’absence de pans de perruque sur la poitrine. Les arcades sourcilières proéminentes surmontent des yeux globuleux, leur contour et la pupille étant simplement dessinés par des sillons fins, approximativement horizontaux. Le nez, légèrement en trompette, est fin à sa naissance puis s’élargit à sa base. Il couronne une petite bouche pulpeuse, traitée de la même manière que les yeux. La lèvre supérieure est plus proéminente que la lèvre inférieure. On note une très nette dissymétrie dans le visage de la divinité, notamment en ce qui concerne les yeux. Les épaules hautes laissent peu de place au cou. Elles introduisent des bras fins et présentant un léger gonflement au niveau du biceps et le pli du coude. Les formes féminines sont mises en valeur grâce au modelé de la poitrine, de la taille fine, des hanches et du pubis. Le dessin des longues jambes est visible au travers de la robe. Enfin, la forme des pieds suit nettement le style dit « égyptien » (orteils en angle décroissant régulier, alignés du plus gros au plus petit). Les orteils, longs et fins, sont dissociés les uns des autres par un léger sillon.
Le modelé général de la statuette, qui dévoile l'anatomie, laisse supposer une manufacture hellénistique.
L’épais tenon métallique sous la petite base permettait à l’origine d’insérer l’œuvre, instable, dans un socle plus grand. Le musée Rodin conservant une petite figure de la déesse Maât assise (Co. 2427) et plusieurs figurines d’Osiris siégeant, il est tentant d’évoquer au sujet de la déesse du musée Rodin Co. 5619 le groupe en bronze de l’ancienne collection Drovetti conservé au musée égyptien de Turin (Cat. 514) représentant la triade osirienne devant Maât et daté de la XXIIe-XXIIIe dynastie (CORTESE Valeria, « Gruppo bronzeo raffigurantte la triade osiriaca davanti alla dea Maat », Iside, 1997, p. 54). La déesse du Co. 5619 serait dans ce cas une Isis. Par ailleurs, deux statuettes de Nekhbet conservées au musée du Louvre présentent la même couronne que Co. 5619, une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes de Maât, N3563 (cf.CHAMPOLLION Jean-François, Notice descriptive des monuments égyptiens du musée Charles X, Paris, éd. 2013, p. 87, A. 134-135) et E27210. Son identification à Nekhbet est l'hypothèse que nous favorisons ici.
Bien que cela ne soit pas prouvable aujourd'hui, cette statuette servait probablement d'ex-voto à un dévot.
Les collections du musée Rodin conservent la statuette Co. 5612 qui présente des similitudes avec la présente œuvre, notamment dans le modelé du visage et le traitement de la perruque.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 5,4 cm ; L. : 1,6 cm ; P. : 2,2 cm
Co. 5612
L’œuvre a un bon état de conservation.
Bien que complète, le métal est toutefois oxydé, en particulier entre les bras et le buste et au niveau des pieds. Les détails anatomiques sont encore visibles, mais légèrement patinés.
L’œuvre représente une déesse assise sur un socle en bois moderne. Elle pose ses mains à plat sur ses genoux de façon naturelle. Une perruque tripartite à mèches étagées coiffe la déesse. Ornée d’un uraeus frontal, elle est surmontée d’un tenon métallique. Cette perruque est ample au niveau du crâne, puis se resserre nettement dans le dos. Aux extrémités des pans de la coiffure, deux sillons horizontaux matérialisent les rubans qui les maintenaient en ordre. Une longue robe moulante recouvre son corps. Elle descend jusqu’aux chevilles et se finit par un ourlet large, façonné par deux sillons horizontaux. Une autre ligne horizontale marque le dessous de la poitrine. Des bracelets agrémentent ses biceps et ses poignets.
La déesse présente un visage rond marqué par des joues pleines. Le front court couronne les sourcils et les yeux traités en saillie. Les narines évasées décorent un nez triangulaire. Il surmonte une bouche horizontale de chaque côté de laquelle les commissures des lèvres ont été modelées. Le contour des oreilles, aujourd’hui difficilement discernable, se distingue encore toutefois. La corrosion a abîmé et patiné les traits du visage. Les épaules sont étroites et tombantes. On remarque que l’épaule droite est plus haute que la gauche. Elles se poursuivent sur de longs bras fins et finissent par les mains traitées assez simplement. En effet, seuls les pouces se démarquent, les autres doigts étant unis en un même bloc. Les bras flaquent une taille fine, une poitrine nettement visible et un nombril étroit, étiré en forme de goutte. Les jambes ne présentent aucun détail anatomique, de même que les pieds. Les pieds, d’une exécution restée sommaire, ne sont pas jointifs.
La fonction du tenon métallique surmontant la perruque est encore incertaine. Il s’agit probablement du départ de la coiffe qui caractérisait cette déesse, mais il n’est pas exclu d’y voir la base d’une bélière permettant de porter l’œuvre comme amulette. La petite taille de la figurine Co. 5612 appuie cette hypothèse.
Enfin, remarquons un petit ressaut de métal corrodé sur le dessus des cuisses. La fonction de ce ressaut pourrait être d’assurer l’installation de la figure divine sur un socle antique disparu.
Les collections du musée Rodin conservent deux statuettes présentant un style similaire, Co. 2370 et Co. 5619.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 8, 354, "Petite Isis ?, assise, bronze, Haut. 6 cent. Estimé un franc."
Donation Rodin à l'État français 1916.
L'objet était exposé du vivant de Rodin dans une vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 6 cm ; L. : 5,8 cm ; P. : 5,3 cm
Co. 3096
L’œuvre présente un très mauvais état de conservation.
Le métal est extrêmement oxydé et concrétionné sur l’ensemble de l’œuvre et a pris une teinte vert-de-gris. Elle est percée d’une large cavité approximativement carrée sur le dessus de la tête, due probablement à l’arrachement de la partie supérieure du sistre, c’est-à-dire l’instrument de musique en lui-même. Les deux visages hathoriques étaient à l’origine recouverts d’incrustations en or, faïence et pâte de verre dont quelques fragments subsistent encore au niveau des yeux, du cou et de la coiffe.
L’œuvre Co. 3096 représente la base décorative d’un sistre, instrument de musique et attribut de la déesse Hathor. Cette tête à double face, placée à la base de l'instrument, servait de caisse de résonance.
Ce fragment présente sur deux faces adossées le visage de la déesse, coiffée d’une perruque tripartite très épaisse. Les pans ainsi que le dessus de la coiffe sont striés de trois bandeaux en saillie ; l’espace créé entre chacune de ces bandes était originellement comblé par des incrustations de faïence dont seuls quelques fragments subsistent encore. La pâte de verre bleu foncé est une alternative bien moins coûteuse au lapis-lazuli, importé d’Afghanistan ; sa couleur était considérée comme équivalente au noir et en tant que telle souvent employée pour représenter les chevelures. Malgré l’état de surface de l’objet, le modelé était originellement assez fin : les yeux sont incrustés de pâte de verre beige et surmontés de fins sourcils, le nez épaté et la bouche souriante. On remarque une épaisse jointure en relief reliant les deux visages, qui ont probablement été moulés séparément (sur les différentes techniques, voir HILL 2009, p. 123-128).
Hathor possède de multiples facettes dans la mythologie égyptienne. L’une de ses attributions les plus importantes et les plus anciennes l’associe à la fertilité, en tant que déesse-vache. Hathor est en effet assimilée, dès la fin de l’Ancien Empire, à une divinité plus ancienne dont elle reprend l’iconographie sous forme de visage humain vu de face et pourvu de cornes et d’oreilles de vache. Son lien très fort avec la monarchie l’amène de plus très tôt à assumer le rôle de nourrice céleste pour le roi enfant. Ces attributs bovins sont une constante de l’iconographie d’Hathor tout au long de l’époque pharaonique : on reconnaît ici clairement les oreilles de vache, creuses en leur centre pour leur donner profondeur et réalisme, de part et d’autre du visage triangulaire de la déesse. Le visage hathorique vu de face est très caractéristique de la décoration des sistres, mais se retrouve aussi dans d’autres contextes, notamment sous la forme de chapiteaux de colonnes, dont les plus célèbres peuvent être admirés avec toute leur polychromie dans le temple gréco-romain de Denderah. Pour un exemple de la diffusion de l'image de la déesse dans le bassin méditerranéen, voir le recensement d'Aurélie Carbillet à Chypre (CARBILLET 2011).
La large ouverture en forme de huit, sous l’œuvre, accueillait originellement le manche du sistre, dont aucune trace n’est désormais visible. Ce type d’instrument, une sorte de crécelle émettant des sons métalliques par entrechoquement de petites rondelles en métal, était utilisé essentiellement dans un contexte rituel. Particulièrement important dans le culte d’Hathor, il est un important vecteur d’apaisement pour la déesse qui, lorsqu’elle est en colère, possède une personnalité beaucoup moins avenante. Plusieurs mythes mettent en scène la colère d’Hathor, qu’elle se soit enfuie en Nubie et doive être charmée et apaisée pour revenir de son lointain exil, ou que, sous les traits de la lionne Sekhmet, elle ait été envoyée par Rê pour punir l’humanité de son impiété.
Le sistre est également mythiquement lié aux attributions érotiques d’Hathor, associée à la féminité, la sensualité et les pulsions amoureuses. Plusieurs textes anciens mettent en relation le sistre, instrument de musique par excellence d’Hathor, et Atoum le démiurge. En effet, d’après le mythe héliopolitain de la création du monde, Atoum donne naissance par masturbation aux jumeaux Chou et Tefnout. Cette action procréatrice solitaire, élément fondamental dans le processus d’organisation de la création, se voit même personnifiée par la déesse Iousââs, dont le nom, suffisamment univoque, signifie « elle vient et elle grandit ». Les arceaux du sistre sont métaphoriquement assimilés aux mains jointes du démiurge enserrant son sexe tandis que les tringles, par leur mouvement, évoquent l’acte sexuel et font écho aux fonctions érotiques de la déesse.
Le sistre est un des instruments de musique de la civilisation égyptienne bien connu. Des sistres sont conservés dans de nombreux musées, réalisés principalement en bronze ou en faïence. Ce type d'objet, qui adoptait la forme d'un sanctuaire matérialisé par un manche en colonne à chapiteau hathorique, pouvait servir d'offrande votive de prestige à la divinité.
Musée du Louvre, Paris : N 5038, E 3668, E 8063, AF 325, E 22680, E 1780, E 10244, E 11201, E 678, E 681, E 8076 et E 8077.
Metropolitan Museum of Arts, New York :30.8.429, 30.8.431, 30.8.427, 30.8.428, 30.8.430 et 68.44.
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 6257, Cat. 1403 ,Cat. 6853, Cat. 6253, Cat. 6254, Cat. 6255 et Provv. 0784.
Penn Museum, Philadelphie : E13002, E 12, E15273 (manche de sistre), 54-33-5, E14249 et CG2015-4-423.
Walter Art Museum, Baltimore : 54.493 et 54.1207.
British Museum, Londres : EA6368, EA38175, EA6357, EA6365, EA63573, EA6356, EA30735, EA65254, EA38172, EA6371 et EA64558.
Les collections du Musée Rodin conservent un autre fragment de sistre hathorique, Co. 794.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 64, "Double tête d’Hathor en bronze, les yeux [...]. Rehauts de faux lapis dans les rainures du bas de la coiffure. [...] Basse époque. Haut 6 cent. Estimé 400 frs. "
Donation à l’État français en 1916.