Isis

Partie supérieure d'une statuette

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE > Ier SIÈCLE AVANT J.-C. – Ier SIÈCLE APRÈS J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 12,6 cm ; L. : 7,4 cm ; P. : 4,3 cm 

Co. 1442

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en très mauvais état de conservation. 

Très fragmentaire, la statuette se compose aujourd’hui de cinq morceaux distincts dont trois s’assemblent encore, le buste, l’arrière du crâne et une partie du visage. L’état très détérioré du quatrième morceau ne permet pas de le rattacher à l’ensemble. Nous savons toutefois qu’il s’agit de la partie droite du visage, notamment l’oreille. 

Le métal est très oxydé et corrodé, les détails sont patinés. 

Description

Cette statuette est une représentation gréco-romaine de la déesse Isis, identifiable bien que très fragmentaire grâce au nœud isiaque visible entre les seins. 

La déesse est coiffée d’une perruque tripartite faite de larges mèches inégalement striées et séparées en registres. Les pans de la chevelure s’arrêtent au niveau des clavicules. Une dépouille de vautour surmonte la coiffe. La tête de l’oiseau surplombe le front de la divinité, sur lequel on remarque un bandeau. Aujourd’hui très abîmée, on note encore sur la tête du rapace les cavités oculaires et l’arrondi du bec. Les ailes et la queue sont déployées de chaque côté du visage recouvrant presque entièrement le crâne. Les détails des plumes, toutes striées, sont différents selon l’espacement. Les plumes du corps de l’oiseau sont courtes, larges et rondes ; celles des ailes et de la queue sont longues, fines et rectilignes. Entre les ailes et la queue sont visibles les pattes. Un modius fait de plusieurs uraei dressés surmonte la dépouille du vautour. Très détérioré et en partie brisé, il est toutefois encore possible d’imaginer que ce modiussupportait à l’origine une couronne se développant en hauteur (voir, pour comparaison, les deux œuvres conservées au Walter Art Museum et celle exposée au Brooklyn Museum, respectivement 54.201654.497, où une couronne atef surmonte le modius).

Isis est vêtue d’une robe souple plissée. La poitrine s’y démarque, soulignée par le motif en spirale du vêtement la recouvrant. Un châle plissé, posé sur les épaules, est maintenue par le nœud isiaque (voir par exemple la statue du Staatliche Museen zu Berlin ÄM 8285. Costume féminin lagide par excellence, il était très régulièrement utilisé pour les représentations divines, notamment celles d’Isis, à laquelle les reines ptolémaïques s’identifiaient. La statue d’Isis debout en diorite de Mariemont, datée de la fin de l’époque ptolémaïque et du début de l’époque romaine, acquise à Paris en 1904, permet de restituer le vêtement porté par la déesse (Inv. B. 130, DERRIKS Claire, « Isis debout », in Cl. DERRICKS, L. DELVAUX (éd.), Antiquités Égyptiennes au Musée royal de Mariemont, Morlanwelz, 2009, p. 92-99).

 

Le visage de la déesse est extrêmement détérioré. Les deux petits fragments encore conservés laissent entrevoir un visage aux joues rondes et potelées, un nez long et fin, une petite bouche pulpeuse et de petites oreilles aux lobes ornés de grosses boucles en forme de goutte. 

 

L’état de conservation actuel ne permet pas de déterminer la position d’origine de la déesse. La posture la plus fréquente pour ce type de représentation d’Isis est debout, la jambe gauche en avant, le bras droit déployé vers l’avant, avec souvent un cobra enroulé sur l’avant-bras (voir notamment la statue du Brooklyn Museum 05.395, ou celle du Walter Art Museum 54.2016. Le bras gauche peut également présenter un cobra comme c’est le cas pour l’œuvre du Walter Art Museum 54.497. La seconde possibilité serait d’y voir une Isis debout les jambes jointes, les bras le long du corps, tenant un attribut ou non. (voir par exemple l’œuvre du Musée du Louvre E11197 ou celle du Brooklyn Museum 74.220. L’état de conservation actuel ne permet pas de déterminer quelle position présentait Co. 1442.

 

Sœur-épouse d’Osiris et mère d’Horus (ou Harpocrate), Isis est une divinité aussi ancienne que l’est la civilisation égyptienne. Bien que ses origines restent floues, elle est la dernière divinité à avoir été vénérée non seulement sur le territoire égyptien mais bien au-delà, notamment à travers l’Empire romain. Isis est avant tout « mère du dieu » conçu grâce à ses dons de magicienne. En effet, Horus est issu d’une union posthume avec Osiris, démembré par Seth après un combat fratricide. Isis, après avoir rassemblé toutes les parties du corps de son mari grâce à des bandelettes, se transforma en milan à tête humaine pour ranimer la virilité d’Osiris et procréer un héritier, Horus. 

Isis est effectivement une déesse rusée et la Légende d’Isis et de Rê en apporte le témoignage. Prenant l’apparence d’une vieille femme, venue pour soigner Rê d’une morsure de serpent qu’elle avait elle-même créé, elle parvint à lui faire révéler son nom secret. 

À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité par son image nourricière. Isis reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Elle devient par la suite l’emblème de la féminité en tant qu’épouse et mère. Bien que vénérée durant toute la période pharaonique, elle obtient un culte d’une importance majeure à l’époque ptolémaïque. Les rois grecs lui font construire un grand temple à Philae où on y souligne son aspect cosmique et sa supériorité sur les autres dieux. 

Son iconographie est extrêmement variée. Elle peut être totalement anthropomorphe, sous forme de milan, de vache, de lionne et même parfois d’hippopotame, de scorpion ou de cobra. 

Isis forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos, et à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis, qui a supplanté Osiris, et d’Harpocrate. 

Voir les notices des statuettes conservées au musée Rodin pour plus d’informations sur ces divinités : Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis). 


Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000, réédition Arles, 2008 et le catalogue d’exposition à Milan, ARSLAN Ermanno A. (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, catalogue d’exposition, Palazzo Reale, 22 février - 1er juin 1997, Milan, Electa, Milan, 1997. 

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin ne conservent aucune autre œuvre similaire à Co. 1442.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation à l’État français en 1916.

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