Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 9,12 cm ; l. 2,7 cm ; P. 1 cm
Os, mandibule de bœuf ?
Co. 2275
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 9,12 cm ; l. 2,7 cm ; P. 1 cm
Os, mandibule de bœuf ?
Co. 2275
Seule est conservée la partie senestre de l’applique, la plus grande partie du corps du satyre et de ses jambes ayant disparu. Un éclat vient endommager une partie du bord préservé. La face interne présente un feuilletage en partie inférieure. Au dos de la pièce, le bord supérieur est entaillé par une petite perte de matière. Quelques minuscules taches ocre parsèment aussi le revers.
Ce qui subsiste d’un corps nu, svelte, et l’outre fermement maintenue par un bras gauche, nous autorisent à reconnaître un satyre askophoros. Le jeune acolyte de Dionysos devait avancer d’un pas rythmé vers la gauche, supportant une lourde outre de peau remplie de vin, sur l’épaule, à l’image des figures des appliques du musée Rodin Co. 2056, Co. 2058 et Co. 2201. Toutefois, à la différence des ces satyres, le bras n’est pas masqué par le vêtement en peau animale. L’artisan a mis l’accent, au contraire, sur la solidité du bras, et a choisi de représenter la main aux doigts repliés saisissant énergiquement l’askos par son extrémité.
Les chairs lisses du torse et du ventre sont animées de légères modulations, laissant transparaître une certaine tension musculaire. La courbure du haut du buste et la souplesse des contours permettent de déduire que le jeune faune amorçait un mouvement de torsion, à la manière des satyres sculptés sur les trois appliques précédemment citées. La douceur du modelé des chairs rapproche cette pièce encore une fois de l’applique Co. 2058 du musée Rodin et de l’applique 13242 du musée gréco-romain d’Alexandrie (MARANGOU 1976, pl. 15c), bien que la structure musculaire soit suggérée avec plus de subtilité sur notre pièce.
La notation minutieuse des détails anatomiques du corps du jeune homme, comme la ponctuation de la pardalide par de petites ocelles perforées, trouvent un écho convaincant sur deux reliefs en os sculptés du musée Rodin, mettant en scène un satyre dansant vers la droite : Co. 2097 et Co. 2262-Co. 2313. En effet, le rendu des mamelons des seins et le nombril perforé du satyre de la seconde pièce mentionnée, est analogue à celui de l’applique qui nous intéresse. On retrouve également ce traitement du nombril et de la peau de panthère sur d’autres appliques accueillant une figure de satyre : 18914 et 18925 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 93, n° 38, pl. 12c, p. 95, n° 48, pl. 14a), 13298 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 281, pl. XXXV-5), 71.57 du Walters Art Museum de Baltimore (RANDALL 1985, p. 86-87, n° 128), PJG 335 du Landesmuseum de Mayence (HEIDE, THIEL 2004, p. 160-161, III. 5.6), une pièce exposée au musée national de Port-Saïd appartenant autrefois aux collections du musée du Caire (STRZYGOWSKI 1904, p. 185, n° 7093), un relief vendu à Paris chez Piasa en 2003 (Piasa, Archéologie, Drouot-Montaigne, 02/10/2003, lot 415).
L’intérêt porté aux différentes textures s’exprime aussi dans les courtes incisions qui constellent la surface de l’outre de vin. Par un motif de doubles virgules, l’artisan a tenté de traduire au mieux la surface du cuir à partir duquel est fait le contenant (DELASSUS 2020, p. 51, n. 21). Ce même procédé a été mis en œuvre de façon similaire sur l’applique 12109 du musée gréco-romain d’Alexandrie (BONACASA-CARRA 1995, p. 280-281, pl. XXXV-2), sur le fragment de relief en os 21876 du musée Benaki (MARANGOU 1976, p. 96, n° 50, pl. 15d) et la pièce 05045 du Musée royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Au moins quatre pièces sculptées d’une figure de satyre askophoros, conservées au musée Benaki, révèlent un travail proche d’incisions sur la surface de l’outre. Toutefois, le caractère plus systématique de ces coups de burin les éloigne du geste précis et soigné porté par l’artisan sur notre pièce.
L’état très lacunaire de l’applique fait obstacle à une analyse stylistique complète. Cependant, la justesse d’observation et la facture soignée révèlent une œuvre de qualité. Si E. Rodziewicz relie les pièces trouées de profondes perforations à une première phase de production (RODZIEWICZ 2007, p. 22), certaines découvertes incitent à nuancer cette hypothèse. Une applique, exhumée à Alexandrie, issue d’un contexte archéologique daté de la fin du IIIe-début du IVe siècle, présente, en effet, ce même type de perforations (RODZIEWICZ 2007, p. 65-66, n° 8). Cette traduction dans la matière osseuse des différentes textures semble davantage correspondre à une particularité technique qu’à une spécificité stylistique permettant de dater avec assurance les pièces. Le type iconographique ainsi que la facture de l’applique nous orientent vers une réalisation au IIIe-IVe siècle, sans que nous puissions aller plus avant dans la datation.
Comparaisons
-Alexandrie, musée gréco-romain, 12109 (outre).
-Athènes, musée Benaki, 13242 (torse et ventre) ; 21876 (outre).
-Bruxelles, Musée royal d’Art et d’Histoire, E 05045 (outre).
-Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2058, Co. 2201 (iconographie, posture) ; Co. 2097 et Co. 2262 - Co. 2313 (détails anatomiques et pardalide).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.