Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'une défunte, danseuse-jongleuse

Égypte > Région de Louxor

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie
[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 37,5 CM : L. 9,4 CM : P. 4,8 CM

Co. 666

Comment

State of preservation

Assez mauvais état.

Toute la partie inférieure de la statue est très abîmée : la polychromie a disparu, le bois est usé en surface ; à l'arrière, des éclats de bois manquent. Cet état est probabement dû à un séjour dans un milieu humide.

Le bois présente les traces d'anciennes attaques xylophages (au moins deux espèces différentes) ainsi que quelques petites fentes longitudinales.

La polychromie présente des lacunes importantes sur la partie supérieure.

Des dépôts d’enfouissement subsistent à plusieurs endroits.

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations de la tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). La statue assure ainsi la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.

 

Cette statue est incomplète : il manque le socle sur lequel la statue s'emmanchait à l'aide du tenon taillé sous sa base, ainsi que la couronne ornant sa tête comme l’indique l’orifice au sommet de la tête, vraisemblablement une couronne shouty composée de deux plumes d'autruches ornées à leur base d'un disque solaire et reposant sur deux cornes de bélier torsadées (voir, pour comparaison, la couronne du Ptah-Sokar-Osiris Co. 3401).

 

La statue, à la silhouette forte et équilibrée, se dresse sur une fine base carrée peinte en noire, adossée à un pilier dorsal s'élevant jusqu'à rejoindre le bas de la perruque du dieu.

 

 La polychromie, appliquée sur une base préparatoire blanche, révèle un décor riche, détaillé et soigné. Des traces d’orpiment ont été observées.

 

Le dieu est représenté avec un visage peint en vert, coiffé d'une perruque tripartite bleue. Les détails du visage, tels que les oreilles, les liens de la barbe postiche et les sourcils sont peints en noir. Les yeux et la barbe tressée sont peints en noir et blanc. Un ruban ocre rouge encercle la perruque en son sommet. Assurant le maintien de la coiffure, il retombe en deux larges pans à l'arrière du crâne. A cette emplacement, la peruque s'achève  par de petites mèches peintes en ocre rouge.

Un large collier ousekh s'étale sur toute la poitrine. Très couvrant, il remonte haut sur le cou. Les deux pans latéraux de la perruque du dieu et sa barbe postiche recouvrent donc partiellement les cinq premières rangées de perles. Ce collier est en effet composé de douze rangs de perles, matérialisés par des lignes semi-circulaires concentriques colorées peintes sur un fond blanc-crème, alternant des rangs peints en bleu soutenu (à voir comme des perles en lapis-lazuli), ocre rouge (perles en cornaline) et bleu-vert (perles en turquoise). Le collier s'achève par une rangée de perles en forme de goutte, peintes en bleu soutenu (lapis-lazuli).

Le reste du corps est peint dans un blanc-crème matérialisant le linceul de lin  blanc dans lequel est enveloppé Osiris. Ce vêtement gainant est recouvert d'une résille de perles multicolores, bleu soutenu (lapis-lazuli), ocre rouge (cornaline) et ocre jaune (perles d'or).

 

La statuette ne comporte aucune cavité, comme il est habituellement d'usage pour ce ype d'objet. Cette cavité était destinée à abriter un fragment de papyrus par exemple, ou un simulacre de momie faite d'argile et de graines germées, qui garantissaient, par leur présence symbolique et magique, la résurrection d'un défunt ou d'une défunte tels un Osiris. Le socle dans lequel cette satuette s'insérait à l'origine, maintenue en place par l'épais tenon en bois conservé en son extrémité inférieure, est manquant aujourd'hui. Il est très vraisemblable que c'est dans ce socle qu'il était prévu d'abriter ces éléments rapportés.

 

Sur la face, allant du collier à la pointe des pieds, une colonne de hiéroglyphes cursifs a été peinte en noir sur fond blanc. Le texte est encadré par une ligne tracée en bleu soutenu. Seul le début de l'inscription est conservé, permettant de comprendre qu'il s'agit -en dépit de la barbe postiche qui prolonge son menton- d'une figurine destinée au trousseau funéraire d'une danseuse-jongleuse dont le nom est perdu.

Une seconde inscription en colonne, aux mêmes teintes, courait le long du pilier dorsal. Là aussi, il n'en subsiste que le premier tiers, mentionnant une offrande faite par un roi dont le nomest perdu au dieu Rê-Horakhty.

 

D'après la classification typologique établie par M. Raven, cette statuette correspond au type III, un type qui s'avère assez rare, et datant de la XXVIe dynastie. Il se caractérise par une silhouette momiforme associant un visage peint en vert propre aux représentations d'Osiris, et une perruque tripartite coiffée d'une couronne de type shouty. D'autres éléments tels que la barbe postiche noire, le collier tel qu'il est représenté ici, et le décor en filet recouvrant le corps de la divinité correspondent aussi aux spécificités de ce type III, que l'on retrouve, par exemple, sur le Ptah-Sokar-Osiris n° 8 conservé à Leyde (WIJNGAARDEN 1932, n° 8 pl. VIII). L'originalité du Ptah-Sokar-Osiris du Musée Rodin réside en la teinte de la gaine, blanche et non rouge. 

Historic

Acquis par Auguste Rodin à l'antiquaire Georges Anastassiadis, en 1908. D'après l'antiquaire, la statuette proviendrait de la région thébaine.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 10, 390, "Statuette analogue. Le maillot est indiqué par un quadrillage de couleur. Haut. 37 cent. Le stuc de toute la moitié inférieure a disparu. Une ligne verticale d'hiéroglyphes. Pilier dorsal avec inscription d'une ligne. Estimé soixante francs."

Donation Rodin à l'Etat français en 1916.

Historic comment

Du vivant de rodin, l'oeuvre était exposée dans la vitrine 10 du pavillon de l'Alma à Meudon.

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