Plaque en forme d'Œil-Oudjat

Egypte > provenance inconnue

Nouvel Empire, probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 2,4 CM : L. 2 CM ; P. 5,1 CM

Pierre noire, peut-être obsidienne

Co. 5940

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Il n’y a pas de cassure ni d’éclat visible et sa surface est parfaitement lisse. De la terre de fouille est incrustée dans les plis.

Description

Cette amulette en forme d’œil-Oudjat a été réalisée dans une pierre noire de type obsidienne. L’œil-Oudjat, très répandu en Egypte ancienne, est aujourd’hui l’un des symboles les plus connus et représentatifs de cette civilisation. Il s’agit d’un œil humain fardé sous lequel se trouve une « moustache », terme ornithologique désignant les plumes sombres figurant la joue du faucon. Ce symbole trouve son origine dans la légende d’Horus et Seth. Cet œil est en fait celui que Seth avait arraché à Horus lors de leur combat mythique, puis déchiré en six morceaux. L’œil du malheureux Horus fut reconstitué par Thot et rendu à son propriétaire.

 

L’objet n’est pas ajouré et la surface de l’œil-Oudjat Co. 5940 est très lisse. Bien que de très petites dimensions, le choix de la taille permet de mettre en valeur les nuances de la pierre. Sur l’avers, les contours des sourcils et du blanc de l’œil sont légèrement gravés. L’amulette est pourvue d’une bélière, parcourue de deux sillons parallèles. La qualité de la gravure incite à une datation remontant au Nouvel Empire (voir, pour comparaison, les amulettes de l’époque d’Aménophis III). La pierre est de couleur gris foncé, presque translucide à certains endroits et mouchetée de noir. Elle rappelle les caractéristiques de l’obsidienne. L’obsidienne était accessible des Égyptiens via différents gisements asiatiques et africains et ce notamment par l’intermédiaire des routes commerciales. Si aux époques prédynastiques et à l’Ancien Empire elle est principalement utilisée pour la réalisation de petits récipients et de couteaux rituels, son utilisation dans la statuaire apparaît dès le Moyen Empire. C’est surtout à cette époque que l’on observe une production massive de pupilles de statues réalisées en obsidienne. Au Nouvel Empire, on assiste à une intense fabrication de petits objets et surtout d’amulettes en obsidienne. La pierre cessera d’être utilisée à partir de la Basse Époque. Il n’est pas toujours aisé de reconnaître l’obsidienne tant ses variations chromatiques peuvent être importantes. Néanmoins, il est fort probable qu’il s’agisse de la pierre utilisée pour l’amulette Co. 5940 en raison sa brillance, de son aspect vitreux et de ses teintes (voir DE PUTTER, KARLSHAUSEN, 1992, p. 111-113). L’œil-Oudjat est le symbole de l’intégrité, de la santé recouvrée et la plénitude physique. Oudjat signifie d’ailleurs « intact ».

 

La reconstitution de l’œil-Oudjat suivait un rite codifié dont les étapes sont représentées dans différents sanctuaires, notamment les temples ptolémaïques de Philae et de Dendera (voir en particulier Cauville Sylvie, L’offrande aux dieux dans les temples égyptiens (2010 version arabe ; 2011 version française ; 2012 version anglaise). Ces rites avaient pour but de s’assurer du retour de la pleine lune et de garantir le cycle cosmique. L’œil-Oudjat Co. 5940 est une amulette. Ces objets, aux dimensions généralement petites, apparaissent dès le début de l’histoire. Si le mot amulette peut être traduit de différentes façons en égyptien, l’étymologie renvoie toujours à la notion de protection. Les amulettes, réalisées en différentes matières, représentaient des symboles mythologiques, comme par exemple pillier djed, des signes hiéroglyphiques ou bien encore l’image de divinités. Mais il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés par la personne à protéger. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Avant le Nouvel Empire, les amulettes ont été généralement retrouvées en contexte funéraire. Ces objets « précieux » étant utilisés aussi bien par les vivants que pour les morts, et ce durant toute l’histoire pharaonique, on en plaçait, parfois en quantités conséquentes, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées sur soi, soit en forme de pendentifs, de bracelets ou de bagues ; ce fut notamment le cas à Amarna (STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifia nettement au cours de la XVIIIème dynastie, aidée en cela par une fabrication quasi industrielle d’objets en faïence. Les amulettes, dont les matières devinrent de plus en plus variées, furent incluses en tant que bijoux dans les colliers ou les bracelets. Les amulettes, élément central de la piété populaire, nous informent sur les rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu que certaines d’entre elles étaient suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée. Malheureusement, la documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Il existe un nombre incalculable d’amulettes similaires à la Co. 5940 à travers les collections égyptiennes du monde.

 

Les yeux Oudjat pouvait être réalisés dans toutes sortes de matières, des plus simples au plus nobles. Les tailles varient également considérablement. Leur usage se retrouve dans différents contextes notamment mortuaire, funéraire, domestique et médical.

Inscription

Anépigraphe. 

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