Bas-relief funéraire

Homme agenouillé en position d’orant face à une colonne de texte

Égypte > provenance inconnue

Nouvel Empire, Fin XVIIIe dynastie – XIXe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 45,5 CM ; L. 36,0 CM

Calcaire polychromé

Co. 3482

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Elle est cependant parsemée d’éclats et d’épaufrures, notamment au niveau de la perruque du personnage. Les chants ne sont pas originels : le relief a été arraché à une paroi plus large afin d’être vendu. On aperçoit, en effet, des restes de signes hiéroglyphiques en haut et en bas qui témoignent du prélèvement arbitraire du bloc. Trois fissures partagent le relief en trois parties principales, et une plus petite court le long du chant supérieur. La polychromie a presque intégralement disparu.

Description

Ce fragment de paroi ornée présente un homme un genou à terre, assis sur un talon, l'autre jambe pliée, genou relevé, mains ouvertes, paumes vers l'extérieur. Il est tourné vers la droite et en position d’orant, face à une colonne de texte. Le personnage est en relief par rapport au fond, tandis que les hiéroglyphes sont incisés dans le creux.

L’homme – dont le nom ne nous est malheureusement pas parvenu en intégralité (il s’appelait […]nenef) – est vêtu d’une longue tunique de lin plissé, faite d’une superposition de drapés transparents et pourvue de manches amples. Il arbore également une perruque gaufrée, une petite barbe quadrangulaire et porte des sandales, signe de son haut statut social. La perruque à pans, la grande robe en lin fin avec manches et la représentation des sandales, mais aussi d’autres critères stylistiques comme les doigts particulièrement allongés, permettent de dater ce relief du Nouvel Empire, et plus spécifiquement à partir de l’époque amarnienne ou au cours de l’époque ramesside.

Le bloc étant coupé au milieu des lignes de texte haute et basse, leur lecture est malheureusement difficile. Bien que la qualité de la gravure soit parfois inégale, avec un grand soin apporté aux mains et aux pieds, beaucoup moins de détails sont visibles pour le visage ou les hiéroglyphes. Néanmoins, le bloc est issu d’un décor pariétal de qualité, qui était polychrome à l’origine. On observe encore des traces de rouge, de bleu ou de jaune dans les creux des hiéroglyphes, ainsi que de l’ocre rouge sur le pied droit du personnage, en accord avec la convention de représentation des carnations masculines dans l’art égyptien. On peut également remarquer que les mèches de la perruque ont été gravées par-dessus un éclat dans la pierre, après que la surface ait été endommagée lors de la sculpture ou, plus vraisemblablement, suite à une restauration sommaire du relief réalisée par le vendeur avant de le proposer aux collectionneurs.

 

La scène provient – sans aucun doute – d’une paroi de chapelle de tombe. Le fait qu’il s’agisse d’un relief gravé, et non d’une peinture directement réalisée sur enduit, pourrait suggérer une origine memphite du relief. En effet, à Saqqara une large nécropole se développe entre la fin de la XVIIIe et début de la XIXe dynastie, et est caractérisée par des tombes décorées de scènes gravées dans un calcaire fin, puis peintes. Au contraire, à Thèbes par exemple, les tombes de particuliers possèdent fréquemment des chapelles rupestres, dont le décor est peint et non gravé. Quoi qu’il en soit, le personnage est ici représenté en position de prière et d’adoration, les deux bras levés à hauteur du visage comme le hiéroglyphe représentant cette notion (el-Khadragy 2001), et comme sur d’autres reliefs de la collection Rodin (Co. 3415 ou Co. 2466). Il est même possible qu’une divinité ait été représentée devant lui, derrière la colonne de texte qui sert de légende. Il s’agit là d’une innovation propre au Nouvel Empire. Si, auparavant, il était impensable pour un simple particulier de se faire représenter en compagnie des dieux, ce privilège étant réservé au roi, on voit naître au cours des périodes post-amarnienne et ramesside une tendance de plus en plus marquée à la représentation de la « dévotion personnelle » (BAINES & FROOD 2011). En réalité, le phénomène lui-même n’est peut-être pas nouveau, mais le fait de le mettre en scène dans l’iconographie l’est clairement. On trouve donc désormais des représentations de plus en plus nombreuses des membres de l’élite, et même progressivement de personnages plus modestes, directement figurés en adoration devant un dieu ou une déesse, leur adressant louanges ou prières, notamment en vue de leur acceptation dans l’au-delà.

 

On peut rapprocher le relief Co. 3482 d’autres œuvres conservées au musée, à savoir les reliefs Co. 3415 et Co. 2466.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 103, "Fragment de stèle en pierre calcaire (?). Un personnage tourné vers la droite, vêtu du manteau plissé, est agenouillé les bras levés en signe d’adoration. Devant lui une ligne d’hiéroglyphes. Calcaire ( ?) 15 x 38 (sans l’encadrement moderne) Monument très suspect."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

Historic comment

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

Le relief a été encadré à la demande de Rodin par l'ébéniste japonais Kichizo Inagaki entre 1913 et 1916.

 

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