Ptah-Sokar-Osiris sur sa base

Égypte > provenance inconnue
Les derniers temps > Époque tardive ou fin du XIXe siècle

[voir chronologie]

Bois polychromé
Statue : H. 52,7 CM : L. 11,8 CM : P. 9,2 CM
Socle : H. 4,3 CM : L. 12,8 CM : P. 31,9 CM
Couronne : H. 18 CM : 24,3 CM : P. 2,8 CM
Co. 3401

Commentaire

Etat de conservation

Bon état. La couronne comporte les stigmates d’une ancienne attaque parasitaire et d’une exposition à une atmosphère humide.

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). Cette statuette assure  la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà. La silhouette de cette statue est sensiblement déséquilibrée. Le corps, assez élancé, est enserré dans une gaine ocre rouge d'où émergent les mains du personnage, croisées sur la poitrine. La divinité porte une perruque tripartite noire dégageant bien les oreilles. Son visage est peint en jaune ; les détails des oreilles, du nez et les sourcils sont peints en noirs ; les yeux, en noir et blanc. Entre les deux pans de la perruque reposant sur les épaules, on distingue encore le dessin de rangées, alternativement rouges et jaunes, rehaussées de points colorés, qui pourraient s'apparenter à la représentation simplifiée d'un collier ousekh.
Une inscription en noir sur fond blanc court des mains jusqu'au bout des pieds. Les hiéroglyphes, tracés de droite à gauche, ne sont pas déchiffrables. La graphie est cursive, grossière et vraisemblablement fantaisiste. Il subsiste les traces d'une autre colonne de texte au dos de la statue, illisible à présent.

 

Cette statue, est fixée à un socle particulièrement fin de forme rectangulaire, voire presque trapézoïdale, par un tenon taillé sous les pieds de la statuette. Une petite mortaise cylindrique sur le haut de la perruque atteste la présence d'une couronne à l'origine.

 

La face supérieure du socle est peinte en jaune. Au centre, un encadrement rectangulaire, successivement rouge, blanc et rouge, délimite un motif de résille peint en blanc sur fond jaune.
Les faces latérales sont peintes en rouge. Seule la face avant est ornée d'un pilier-djed vert flanqué de deux signes ankh, en jaune.

 

La couronne actuelle n'a été associée à l'ensemble que récemment ; même si cet assemblage semble cohérent esthétiquement, rien ne nous permet à l'heure actuelle d'attester cette restitution.

Il s'agit d'une couronne shouty, composée de cornes de bélier surmontées de deux plumes d'autruche avec un disque solaire à leur base. Cette couronne est réalisée en deux parties. Les cornes, peintes en noir, sont rattachées au reste à l'aide d'une grosse cheville, qui se prolongeait initialement pour permettre de fixer cette couronne au Ptah-Sokar-Osiris. La partie saillante de cette cheville a aujourd'hui disparue. Par endroit, un enduit ocre a été appliqué pour masquer les assemblages et les défauts du bois.
Les détails des plumes cernées de rouge sont représentés en jaune, rouge et noir. Les ocres de la polychromie sont irrégulièrement appliqués soit directement sur le bois, soit sur un enduit.
Le disque, quant à lui, n'est pas taillé dans le bois mais modelé sur enduit et peint en rouge.

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations de la tradition égyptienne.
Elle ne comporte aucune cavité, comme il est souvent d'usage pour ce type d'objet. Cette cavité était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit un simulacre de momie fait d'argile et de graines germées, qui garantissaient par leur présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris. Il est très vraisemblable que cet objet conserve cet aspect "magique", malgré l'absence de cavité.

 

L'authenticité de la statuette comme de la couronne est actuellement remise en question. Il est probable qu'il s'agisse d'un repeint sinon d'un faux, comme le laissent penser les coloris utilisés et leur application irrégulière et parfois grossière, associée à une inscription fantaisiste et illisible.
Par ailleurs, la représentation de mains croisées sur la poitrine est un motif rare, traité ici de manière originale. Bien que les Ptah-Sokar-Osiris soient généralement représentés le corps entièrement ceint dans une gaine momiforme, on retrouve plusieurs exemplaires avec les bras croisés sur la poitrine, les mains tenant la crosse et le fléau, attributs d'Osiris. Les individus où seules les mains sont saillantes et vides sont plus rares. D'après la classification typologique réalisée par M. Raven, ce n'est pas le cas habituellement des statuettes relevant du type IV B. Or les caractéristiques de ce Ptah-Sokar-Osiris du Musée Rodin telles que le corps rouge et le visage jaune, sa réalisation simple et dénuée de détails, et les couleurs appliquées directement sur le bois sans enduit préalable, correspondent au type IV B de Raven.
Tant d'originalités ainsi réunies mettent en doute son authenticité.

Inscription

Face : une colonne de texte, inscrite en noir sur fond blanc. Les hiéroglyphes, tracés de droite à gauche, ne sont pas déchiffrables.

Dos : traces d’une colonne de texte, illisible à présent.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 534, "Coiffure d'une statuette d'Osiris (cornes, disque et double plumes). Bois. Haut. 20 cent. Long. 24 cent. Trois francs." ; 537, "Statue osiriforme debout sur un socle. Une ligne verticale d'hiéroglyphes sur la face antérieure de la statue donnant le nom du défunt, assez effacé aujourd'hui. Bois peint. Haut. (socle compris) 55 cent. Estimé quarante francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Du vivant de Rodin, la statuette et sa couronne étaien exposées séparement dans une même vitrine du pavillon de l'Alma à Meudon.

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Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'un défunt

Égypte > Provenance inconnue

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 33,3 CM : L. 8,5 CM : P. 7,4 CM

Co. 2444

Commentaire

Etat de conservation

Le bois a été très fragilisé par une longue conservation en milieu humide et par des attaques importantes d'insectes xylophages : la surface est endommagée par endroit et la consistance même du matériau est altérée. Des fentes longitudinales très ouvertes sont présentes sur la face de la statue. La polychromie est elle aussi très altérée.

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations faites dans la tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). Elle assure ainsi la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.

 

Trois éléments ont disparu : les pieds, sans doute un bloc rapporté et maintenu par deux tenons (dont un subsiste) ; le socle sur lequel se dresse habituellement la statue (néanmoins, aucune trace de tenon n’est observable sous la base actuelle) ; et la couronne ornant la tête de la statue, dont l'emplacement au sommet de la perruque est marqué par une mortaise de 4 cm. de profondeur dont les bords ont été élargis a posteriori.

 

La statuette ne comporte aucune cavité, comme il est habituellement d'usage pour ce type d'objet. Cette cavité était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit un simulacre de momie faite d'argile et de graines germées, qui garantissaient par leur présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris. Il est très vraisemblable que, malgré l'absence de cavité, cet objet conserve cet aspect "magique". 

La polychromie, appliquée sur une base préparatoire blanche est très abîmée mais révèle néanmoins un décor riche et détaillé. Quelques défauts du bois sont comblés par un enduit blanc.

 

Le dieu est représenté avec un visage peint en vert, coiffé d'une perruque tripartite bleue et doté d'une barbe postiche noire. Il porte sur sa poitrine un collier ousekh, très simplement représenté par des lignes concentriques semi-circulaires colorées (ocre rouge, blanc, bleu et vert). Le corps est recouvert d'une gaine ocre rouge ornée d'un motif en résille bleu.

A l'avant comme à l'arrière se développe une colonne de hiéroglyphes cursifs peints en noirs sur fond blanc, encadrée de lignes bleues. Sur le devant de la statuette, l'inscription est illisible. A l'arrière, seule la fin de l'inscription est encore déchiffrable, mentionnant une offrande faite à Osiris.

 

D'après la classification typologique établie par M. Raven, cette statuette correspond au type III, un type qui s'avère assez rare, et datant de la XXVIe dynastie. Il se caractérise par une silhouette momiforme associant un visage peint en vert propre aux représentations d'Osiris, et une perruque tripartite coiffée d'une couronne de type chouty. D'autres éléments tels que la barbe postiche noire, le collier tel qu'il est représenté ici, et le décor en filet sur fond rouge recouvrant le corps de la divinité correspondent aussi aux spécificités de ce type III, que l'on retrouve, par exemple, sur le Ptah-Sokar-Osiris n° 8 conservé à Leyde (WIJNGAARDEN 1932, n° 8 pl. VIII), auquel le Co. 2444 du  Musée Rodin devait fortement ressembler avant de subir ces dégradations.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 538,  "Statue osiriforme debout sur un socle. Statue de même type mais très abimé, les pieds et le socle manquent. Haut. 33 cent. Estimé trois francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Du vivant de Rodin, l'oeuvre était exposée dans les vitrines 23 et 24 du pavillon de l'Alma, à Meudon.

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Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'un défunt

Égypte > Région de Louxor

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 26,4 CM : L. 8,4 CM : P. 6,1 CM

Co. 665

Commentaire

Etat de conservation

Assez bon état. Le bois est sain et ne comporte que peu de fentes, si ce n'est à la base de la statue. La polychromie est très altérée. Au revers, elle a quasiment disparu ; elle est lacunaire sur les côtés et le dessus de la tête. La statuette est couverte de taches dues à des tentatives de restauration antérieures à la cire.

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations de tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). Elle assure ainsi la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.


Cette statuette est incomplète. Un tenon taillé sous la base atteste son rattachement à un socle aujourd'hui disparu. Sur le haut de la tête, une mortaise témoigne de la présence d'une couronne, sans doute une couronne shouty, composée de deux plumes d'autruches ornées à leur base d'un disque solaire et reposant sur deux cornes de bélier torsadées.
La statuette ne comporte aucune cavité, comme il est habituellement d'usage pour ce type d'objet. Cette cavité était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit un simulacre de momie fait d'argile et de graines germées, qui garantissaient par leur présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris. Il est très vraisemblable que, malgré l'absence de cavité, cet objet conserve cet aspect "magique". 

La polychromie de l'œuvre est très altérée, notamment du fait de l'encrassement de la statue.

 

La statue est dépourvue de pilier dorsal et se dresse sur une petite base. Fine et élancée, le traitement sculptural est soigné : les proportions sont justes, le galbe du postérieur et des mollets est délicatement rendu à l'arrière. La polychromie a été appliquée sur une base préparatoire blanche.

 

Portant une perruque dégageant les oreilles et une barbe, la divinité a le visage peint en blanc. Les yeux et les sourcils sont dessinés en noir.

Le corps est peint en blanc et est orné d'un collier ousekh-n-bik, recouvrant la poitrine de la divinité et se terminant de chaque côté des pans de la perruque par des pièces d'épaules en forme de tête de faucon. Ce collier est particulièrement détaillé et soigné. On compte sept rangs de perles géométriques riches en couleurs (rouge, jaune, bleu, noir, blanc), alternant triangles, perles, rectangles et oves superposés.

Sous ce collier, une colonne de hiéroglyphes cursifs s'étend jusqu'à la pointe des pieds de la statue. Peinte en noir sur fond blanc, elle est encadrée de bordures longitudinales bleues cernées de noir. Il s'agit d'une formule invoquant Osiris au nom du défunt.

 

D'après la classification typologique établie par M. Raven, cette statuette ne correspond à aucun des 4 grands types définis par l'auteur. Elle peut être rapprochées des exemplaires conservés à Leyde (WIJNGAARDEN 1932, n° 14 pl. IX, n° 18 pl. X, n° 21 pl. XI), dont la datation reste difficile à établir : elles datent peut-être de l'époque ptolémaïque (XXIIIe dynastie) ou plus probablement de l'époque saïte (XXVIe dynastie).

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l'État frnçais 1916.

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Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'un défunt

Égypte > Provenance inconnue

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

Statue : 40,2 CM : L. 8,7 CM : P. 7,3 CM

Socle : H. 5,6 CM : L. 9,7 CM : P. 11 CM

Co. 663

Commentaire

Etat de conservation

Assez bon état. Le bois porte quelques rares traces d'une ancienne attaque d'insectes xylophages au revers du socle. La polychromie est lacunaire par endroit et parfois masquée par l'encrassement et l'empoussièrement de la statue.

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations de tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). La statue assure la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.

 Cette statuette, montée sur un socle ancien qui n'est probablement pas son socle d'origine, se dresse sur une petite base carrée ; la silhouette, momiforme, est assez fine et respecte des proportions convenables. Le visage, très large et à la construction presque triangulaire, semble être légèrement relevé, renforçant ainsi l'allure élancée de la statue.

La statuette ne comporte aucune cavité, ce qui est habituellement l'usage pour ce type d'objet. Cette cavité était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit un simulacre de momie fait d'argile et de graines germées, qui garantissaient par  leur présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel un Osiris. Il est très vraisemblable que, malgré l'absence de cavité, cet objet conserve cet aspect "magique". 

 

La polychromie a été appliquée sur une base préparatoire blanche.

Son visage est peint en ocre jaune (couleur qui, se substituant à la feuille d'or recouvre généralement le visage du dieu) ; les détails tels que les yeux, les sourcils, le collier de barbe sont tracés en noirs et blancs. Les oreilles sont modelées en relief. La perruque est bleue.

L'absence de barbe postiche est originale pour ce type de représentation.

Le corps est peint en rouge et  couvert d'un motif de résille bleue rythmée de points jaunes. Le traitement de la sculpture est plutôt soigné comme le témoigne le galbe du postérieur et des mollets.

Une colonne de hiéroglyphes cursifs se développe de la poitrine jusqu'au bout des pieds, peints en noir sur fond blanc. Cette inscription est très abimée et difficilement lisible : "Dire les paroles par Osiris Khentyimentyou, le grand maître de Ro-Sétaou, qu'il accorde une offrande invocatoire […]". Cette formule dd-mdw met dans la bouche du défunt une invocation à Osiris. Elle a pour finalité d'assurer au défunt la protection du dieu, et ainsi sa résurrection.

A l'arrière, le corps est dépourvu de pilier dorsal.

 

La mortaise et la zone dépourvue de polychromie visibles sur le sommet du crâne indiquent qu’à l’origine la statue aurait était coiffée d'une couronne de type shouty, composée d’un disque solaire et de cornes de bélier surmontés de deux plumes d’autruche.

 

Le socle était initialement peint en rouge sur sa face supérieure, sans doute agrémenté d'un motif en résille bleu.
Les faces latérales portent un décor polychrome (rouge, bleu, noir, blanc) assez bien conservé, fait de serekh représentant des façades de palais.

 

Le socle n'est pas dans son état original : il a été tronqué de plus de la moitié de sa longueur initiale. La coupe, en biais, est visible à l'arrière de la statue. Celle-ci a donc été remontée sur le socle et présentée retournée ; habituellement, la longueur du socle s'étend toujours devant la divinité.

D'autres éléments mettent en doute l'authenticité de cet assemblage. La mortaise présente dans le socle est disproportionnée par rapport au tenon taillé sous la base de la statue. La fixation est aujourd'hui assurée par une vis moderne. Un enduit blanc de restauration, identique à celui utilisé pour masquer la vis ainsi qu'une ancienne fêlure du bois sur la statue, a été appliqué en large débordement pour combler le joint entre les deux parties.

 

D'après l'étude typologique menée par M. Raven, cette statuette relève du type IV A, qui se caractérise par un corps peint en rouge, l'absence de collier et le visage recouvert de feuille d'or ou bien peint en jaune, et date de la fin de la XXVIe dynastie.

Historique

Acheté par Rodin au sculpteur Antoine Bourdelle le 24 décembre 1906.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 10, 397, "Statuette osiriforme sur son socle. Une ligne verticale d'hiéroglyphes, donnant un nom difficile à lire. Bois peint. Haut. 42 cent. Estimé cinquante francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.

Commentaire historique

Cet objet était exposé du vivant de Rodin dans la vitrine 10 de l'atelier de peinture à Meudon. Il provient probablement d'Antoine Bourdelle, autre collectionneur et marchand. Ce sculpteur est assez peu connu pour cette activité, révélée par ses archives et en particulier son cahier de compte et un carnet titré « Objets libres », conservés au musée Bourdelle ainsi que ses lettres à Rodin, conservées au musée Rodin (Antoine Bourdelle, Auguste Rodin, Correspondance (1893-1912), Édition de Colin Lemoine et Véronique Mattiussi, Paris, Collection Art de Artistes, Gallimard, 2013.)

 

Le sculpteur se fournissait chez des antiquaires, ou plutôt des brocanteurs, tout au long de la route le menant vers son sud natal, Dijon, Clermont-Ferrand, Nîmes, Marseille, plus exceptionnellement en Suisse. A son retour à Paris, il revendait ces objets à différentes relations, dont Rodin dès 1897, avec un pic en 1906 : « Pour votre superbe Musée, j’ai trouvé chez des bric-à–brac et Antiquaires de Provence des Antiques, des bronzes, des pierres, des marbres, du fer, du bois, splendides, qui enrichiraient beaucoup ou un peu votre collection. » (Lettre de Bourdelle à Rodin, 7 novembre 1906, archives musée Rodin, BOU.843). En novembre, il écrivit encore de Marseille : « Mon cher Maître, J'ai reçu cinq cents francs. J'en ferai le mieux possible dans l'intérêt de votre musée. J'ai vu et acquis de si charmants morceaux. Je fais des démarches aujourd'hui pour un grand chapiteau de marbre. J'ai trouvé de vieux indos-chinois. [...] J'ai vu des splendides photos de sculptures égyptiennes chez Mr Foucard, l'éminent égyptologue qui vous fût présenté pendant que vous dessiniez Sisowath à Marseille. Croyez l'idée de ce monarque que l'épervier sacré défend ! à bientôt et bien dévoué. Bourdelle. » (Lettre de Bourdelle à Rodin, archives musée Rodin, BOU.843)

Le 4 novembre, Bourdelle ajoutait : Cher Maître, Je termine et je vais rentrer et venir vous voir = tous les soirs après le travail je vais, pour un de mes amis de Marseille, voir les Antiquaires. J'ai trouvé de très belles choses. Bronzes, terres, marbres, bois, Antiques, gothiques, Renaissance, Indou, Louis XIV et XV, [...]. (Lettre de Bourdelle à Rodin, archives musée Rodin, BOU.843)

Le 24 novembre, Bourdelle chantait son amour de l’art égyptien qu’il considérait comme un instrument de mesure de la beauté : « Mon cher Maître/ Quitté Marseille par un soleil bleu./ Rentrons par l’auvergne = vais revoir un moulage de sculpture gaulois belle comme de l'Égyptien./ meilleures amitiés cher Maître/ E. A. Bourdelle »(Carte postale de Bourdelle à Rodin, archives musée Rodin, BOU.843).

Le 12 décembre 1906, Rodin invitait Bourdelle à venir le voir à Meudon : « Mon cher Bourdelle, Je serai à Meudon vendredi toute la journée, mais si vous pouvez venir de très grand matin, nous serons plus tranquilles. Cordialement à vous et mes hommages à Madame. A. Rodin. (Lettre de Bourdelle à Rodin, archives musée Rodin, BOU.843).

Bourdelle recensait dans un carnet les d’objets égyptiens destinés à Rodin : « 24 décembre / apporté à M. Rodin / Statue Egypt bois peint / 50. Francs / non payé (Carnet Bourdelle, p. 1, archives musée Bourdelle).

 

 

Les prix étaient très bas et les objets de faible qualité. Bourdelle fit-il de ce commerce un gagne-pain, lui qui travaillait alors pour vivre comme praticien de Rodin ? Sans doute l’envisageait-il davantage comme un lien d’amitié avec un artiste dont il souhaitait se rapprocher en satisfaisant son obsession collectionneuse. Rodin lui demanda en 1906 de cesser ses envois pour consacrer son argent à sa sculpture (Lettre de Auguste Rodin à Antoine Bourdelle, 17 décembre 1906, Archives musée Bourdelle, Correspondance, p. 204).  Au sein de la collection de Rodin, les œuvres acquises de Bourdelle apparaissent comme un lot exogène, petits objets sans valeur et parfois en mauvais état. Elles ne trouvaient aucun équivalent dans les objets achetés par Rodin chez les antiquaires, mais peuvent être reliées aux petits antiques exposés dans les vitrines du musée Bourdelle. (B. Garnier, "Le language de l'antique, Antoine Bourdelle, Auguste Rodin, Anatole France, Elie Faure", Bourdelle et l'antique. Une passion moderne, Paris, 2017, p. 30-35)

 

 

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Ptah-Sokar-Osiris

au nom d'un défunt

Égypte > Région de Louxor (selon l'antiquaire G. Anastassiadis, 1908)

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 55,8 CM : L. 12,3 CM : P. 9,9 CM

Co. 3585

Commentaire

Etat de conservation

La sculpture a subi des dégradations irréversibles, telles que des modifications dimensionnelles et des déformations dues à des variations d'humidité subies par le passé. Les deux moitiés de la sculpture ne sont plus jointives et présentent un décalage, qui est particulièrement marqué sur le côté gauche. Quelques fentes importantes se sont développées à l'arrière de la tête et sur le côté supérieur gauche du corps. Le bois porte quelques rares traces d'une ancienne attaque d'insectes xylophages. Le bois est aujourd'hui consolidé, tout comme la polychromie qui néanmoins reste fragile. 

 

Description

Cette statuette dite "Ptah-Sokar-Osiris" est un élément caractéristique du mobilier funéraire, particulièrement à l'époque tardive, que l'on retrouve dans les inhumations faites dans la tradition égyptienne. Elle représente une divinité momiforme résultant du syncrétisme de trois dieux : Ptah (présent ici en sa qualité de Ta-tenen, en relation avec la terre), Sokar et Osiris (divinités étroitement liées  à la renaissance du défunt dans l'au-delà). La statuette assure la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l'au-delà.

 

Sculpture creuse formant réceptacle, la statue est divisée en deux parties de profondeur sensiblement égale, assujetties par deux chevilles aux extrémités. Cette cavité ainsi formée était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit une fausse momie faite d'argile et de graines germées, qui garantissait, par sa présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris.

 

La statue représente une figure momiforme coiffée d'une perruque tripartite, debout sur une base quadrangulaire irrégulière et qui s'appuie contre un pilier dorsal s'élevant de la base jusqu'au bas de l'arrière de la perruque du personnage. Le pilier et le dessus de la base sont peints en bleu, les quatre faces latérales portent un décor géométrique noir sur fond blanc. Un tenon trapézoïdal ménagé sous les pieds permettait de la fixer à une base aujourd'hui disparue.

 

L'œuvre témoigne d'un travail de sculpture soigné : le corps, assez élancé, est pris dans une gaine momiforme rouge qui présente au niveau des genoux un léger relief associé à un faible resserrement sur les côtés et à l'arrière, dessinant ainsi le galbe des mollets.  La qualité du traitement est ainsi révélée par la silhouette générale élancée, par l'attention prêtée aux détails tels que le pli des genoux ou le dessin de la bouche, ainsi que par la finesse des inscriptions hiéroglyphiques et la complexité de la polychromie.

 

Le dieu porte une longue perruque tripartite bleue, dégageant les oreilles et encadrant un visage aux traits finement sculptés : les yeux et les sourcils  façonnés en relief, le nez bien détaillé et les lèvres charnues aux commissures délicatement modelées.
Ce visage était initialement recouvert de feuille d'or (encore visible sur les oreilles, les narines et à la base du visage) et le contour était dessiné par un cerne ocre rouge. Les yeux et les sourcils étaient peints en noir.
Il subsiste sous le menton et sur le dessus de la perruque deux chevilles témoignant l'existence initiale de deux pièces rapportées : une barbe postiche et une couronne, sans doute de type shouty. La sculpture est donc incomplète et le socle qui permettait sa présentation à la verticale a également disparu. Ces pertes ont eu lieu avant son acquisition par Auguste Rodin, comme le laisse penser la facture de l'antiquaire Georges Anastassiadis mentionnant simplement une "momie en bois sculpté, coloriée, au masque doré".

 

La divinité est  dotée d'une parure de poitrine assez complexe, composée d'un collier ousekh surmonté d'un disque ailé. Le collier comporte 8 à 10 rangs ornés de part et d'autre de pièces d'épaules à tête de faucon coiffé d'un disque solaire. 
Dans un encadré blanc cerné de noir, une inscription hiéroglyphique recouvre les jambes de la statue. Elle comporte trois colonnes d'hiéroglyphes cursifs encadrées par des lignes de registres doubles et noires. Le texte, orienté de droite à gauche, est peint en noir sur fond blanc au centre, et sur fond bleu sur les côtés.
Cette inscription, malheureusement lacunaire, devait sans doute retranscrire, partiellement ou intégralement, l'Hymne à Osiris propre à ce type d’objet funéraire. En l'état, rien ne nous permet d'évaluer si cette inscription continuait sur le pilier dorsal, comme il est souvent d'usage.

 

D'après la classification typologique établie par M. Raven, cette statuette correspond au type IV C datant de la XXVIe dynastie. Ce type se caractérise par une silhouette momiforme associant un visage recouvert de feuille d'or  et un corps vêtu de rouge, orné d'un collier ousekh richement détaillé ; autant d'éléments que l'on retrouve sur cet exemplaire du musée Rodin. La vraie particularité de ce type réside dans la présence de trois colonnes d'inscription sur le devant de la statue reprenant l'hymne à Osiris ; celui-ci est la plupart du temps complet.

Historique

Acquis par Auguste Rodin à l'antiquaire Georges Anastassiadis, en 1908.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier  de peinture / vitrine 10, 389, "Statuette osiriforme en deux parties. Le masque est doré, la perruque est peinte en bleu, trois lignes verticales d'hiéroglyphes. Epoque romaine. Bois peint. Long. 55 cent. Estimé 200 francs."

Donation Rodin à l'Etat français en 1916.

Commentaire historique

L'objet était exposé du vivant de l'artiste dans la vitrine 10 de l'atelier de peinture à Meudon, en position couchée.

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Ptah-Sokar-Osiris au nom de Padinefer

Égypte > Provenance inconnue

Les derniers temps > Époque tardive > XXVIe dynastie

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 51,5 CM : L. 12,5 CM : P. 10 CM

Co. 3402

Commentaire

Etat de conservation

Bien que sain, le bois présente les traces d’une ancienne attaque d’insectes xylophages, et est parcouru de fentes, notamment sur la partie frontale.
Le tenon d’encastrement présente une éclisse importante à l’arrière.
Les arêtes des parties saillantes telles que l'extrémité du nez ou les extrémités des pans de la perruque sont abrasées, et les éléments rapportés ont disparu.
La polychromie est en très mauvais état de conservation : lacunaire, ce qu'il en subsiste se compose de nombreux petits îlots. La statuette est incomplète. Sont manquantes la couronne et la barbe, comme l'indiquent la présence de mortaises sur le dessus de la tête et sur le menton, destinées à leur fixation. Il manque également le socle sur lequel la statue s'emmanchait à l'aide d'un tenon taillé sous sa base, ainsi que la barbe postiche et la couronne ornant la tête de la statue, comme l'indiquent les mortaises situées respectivement sur le menton et au somment de la tête.

Description

Cette statuette momiforme représente la divinité Ptah-Sokar-Osiris debout.

Elle se dresse sur une fine base peinte en bleu, appuyée contre un pilier dorsal. La polychromie, appliquée sur une base préparatoire blanche, révèle un décor riche et détaillé.

La statuette ne comporte aucune cavité, comme il est souvent d'usage pour ce type d'objet. Cette cavité était destinée à abriter soit un fragment de papyrus, soit un simulacre de momie fait d'argile et de graines germées, qui garantissait par sa présence symbolique et magique, la résurrection du défunt tel Osiris. Il est très vraisemblable que cet objet conserve cet aspect "magique", malgré l'absence de cavité. 

 

Le Ptah-Sokar-Osiris est représenté portant une perruque tripartie bleue ceinte d'un bandeau rouge noué à l'arrière. Son visage était vraisemblablement peint en jaune. Les détails du visage, tels que les oreilles, le collier de barbe et les sourcils sont peints en noir. Les yeux sont peints en noir et blanc.

Le corps du Ptah-Sokar-Osiris est revêtu d'une gaine rouge couverte d'un motif en résille bleu rythmé par un point d'orpiment.

Sur la poitrine, un large collier ousekh-n-bik doté de pièces d'épaules en forme de tête de faucon est composé de huit rangées alternant rangée pleine et rangée de perles colorées aux formes géométriques variées. Le collier est surmonté d'un pectoral carré couronné d'un disque solaire ailé.

Deux inscriptions hiéroglyphiques invoquant Osiris courent sur le devant et sur l'arrière de la statue. Le texte est rédigé en une colonne encadrée d’un liseré bleu, suivant un sens de lecture de droite à gauche. Les signes de la colonne avant sont peints en noir sur fond blanc, ceux de la colonne arrière en ocre rouge sur fond blanc.

 

D'après l'étude typologique menée par M. Raven, cette statuette relève du type IV C, qui se caractérise par un corps peint en rouge, au décor riche qui se traduit notamment par un collier plus ou moins détaillé parfois accompagné d'un pectoral (comme c'est le cas ici)  et le visage recouvert de feuille d'or ou bien peint en jaune ; ces exemplaires datent généralement de la fin de la XXVIe dynastie. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 5, 310,  "Statue osiriforme avec le tenon qui l'attachait jadis sur son socle. Inscription d'une ligne sur le devant de la statue ainsi que sur le pilier dorsal. La 1ère donne le nom de [hiéroglyphes]. Haut. 51 cent. Bois stuqué et peint. Très abimé. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Du vivant de l'artiste, l'objet était exposé à Meudon, dans la vitrine 5 du pavillon de l'Alma.

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