Épingle à cheveux à tête moulurée et encochée

Provenance inconnue

Ier-IVe siècle

H. 8,7 cm ; D. max. 0,5 cm

Os

Co. 3641

Comment

State of preservation

L’épingle offre une teinte crème sur une face, mais présente sur l’autre, de larges taches brunes, souvenirs sans doute de son collage sur un carton, comme pour le cure-oreille Co. 3644. Sa pointe est brisée. Quelques sédiments sont encore présents dans les incisions. De petites galeries semblent avoir été creusées par des insectes, à la surface de l’objet, en partie supérieure.

Description

Formée d’un corps au diamètre croissant vers son extrémité supérieure, cette épingle, au poli soigné, se termine par une tête couronnée d’un motif géométrique difficile à identifier. Sa base est soulignée de deux tores, alors que son sommet supporte une forme à quatre pointes, encochée, qui s’apparente à une tour crénelée. Offrant une section grossièrement circulaire, elle se raccorde au corps, dont la partie supérieure est garnie de quatre gorges, par un col très fin.

 

Le motif à quatre pointes renvoie à celui qui surmonte le corps de l’épingle Co. 3642 du musée Rodin, dont l’interprétation pose aussi question. Mais dans le cas de cette comparaison, la section de la tête n’est non pas circulaire, mais rectangulaire. Seule l’encoche centrale constitue une analogie formelle.

 

Un parallèle peut être établi avec une épingle découverte au lieu-dit La Garanne à Berre-L’Etang publiée sur la base Artefact (M. Feugère, épingle à sommet mouluré et encoché, Artefacts : EPG-4135, https://artefacts.mom.fr/result.php?id=EPG-4135, page consultée le 24/03/2023). Si la tête de cet exemplaire est constituée d’un bulbe encadré de deux tores, le sommet s’avère particulièrement proche de celui de notre pièce. Une seconde comparaison à la tête trouée d’une large encoche, est conservée au musée gallo-romain de Biesheim.

 

Cette épingle n’est pas sans évoquer un ustensile découvert à Césarée Maritime, dont le sommet montre quatre pointes émoussées séparées par des encoches (AYALON 2005, n° 214 p. 59, 240-241). Cet instrument, daté du début de l’époque islamique, garni de moulures sur le col, offre une tête néanmoins plus plate que le nôtre. E. Ayalon a suggéré de l’identifier comme un poinçon destiné à estamper les céramiques, ce qui ne peut être le cas pour notre épingle. Par analogie avec l’épingle de la Garanne, nous pouvons proposer une production de notre pièce entre le Ier et le IVe siècle de notre ère.

 

Comparaisons

-Berre-L’Etang, La Garanne.

-Biesheim, musée gallo-romain, inv. 1984.1.429.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Epingle

tête

Provenance inconnue

Époque moderne ?

H. 5,3 cm ; l. 1,3 cm ; ép. max. 0,4

Os

Co. 3638

Comment

State of preservation

La tige de l’instrument est cassée. La face révèle une tonalité gris beige assez terne, alors que le revers offre une coloration brune plus soutenue. Une couche importante de salissure recouvre le fragment. Les parties incisées renferment des sédiments formés d’une couche marron clair, avec une charge minérale blanche, non liée. On note également la présence d’ocre rosé dans les yeux, ayant donné naissance à un film protéique. On remarque un fendillement longitudinal sur les deux faces. La pièce est particulièrement abrasée.

Description

Correspondant à la partie sommitale d’un instrument, le fragment revêt l’apparence d’un personnage à la face lunaire. Constitué d’un corps atrophié et d’une tête de forme ovale aux traits massifs, il semble fixer celui qui le contemple. Ses bras, aux poignets rapprochés, entourant un buste étroit, sont appuyés sur ce qui pourrait s’apparenter à de petites jambes repliées, à moins qu’il ne s’agisse d’un motif végétal.

 

Les traits du visage, gravés de manière superficielle, confèrent à cette silhouette chauve un aspect intrigant. De petites perforations circulaires marquent les pupilles, logées sous de longues arcades sourcilières. La bouche est presque inexistante. Ce type d’objet semble devoir être rattaché davantage à une production de tabletterie d’époque moderne qu’à une industrie antique.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Étui ou manche en forme de Bès

Égypte ou Proche-Orient

Troisième période intermédiaire ou Basse-Époque (1069 - 332 av. J.-C.)

H. 8,5 cm ; l. 2,9 ; ép. max. 1,8 cm

H. avec socle 12,8 cm ; l. avec socle 5,1 cm ; P. max. avec socle 5,1 cm

Co. 823

Comment

State of preservation

La pièce présente un manque sur le bord supérieur, au dos. Elle est parcourue sur toute sa hauteur de fissures et de fentes longitudinales. La surface de l’os en partie délitée comporte de nombreuses traces de radicelles et de multiples griffures. Un tache d’oxydation confère une tonalité verdâtre à la partie supérieure. D’abondants sédiments recouvrent l’objet au revers.

Description

L’objet perforé en son centre est sculpté en ronde-bosse d’une figure du dieu Bès. Son iconographie qui apparaît au Moyen-Empire, se précise vers 1500 avant notre ère, et se développe en Égypte, ainsi que dans la partie orientale de la méditerranée, jusqu’à l’époque romaine. Souvent au service d’Hathor, cette divinité grotesque, contrepartie masculine de Thouéris, est associée à la danse, mais aussi à la santé et la magie. Si elle demeure anonyme avant la XXIe dynastie, elle est désignée sous le nom de Bès dans les sources ptolémaïques, ce nom faisant référence à son aspect difforme (pour une synthèse et l’évolution du type iconographique, voir CORTEGGIANI 2007, p. 84-87).

 

Le génie protecteur de la famille et de la petite enfance est figuré debout, sur un socle quadrangulaire, dans une attitude statique, qui s’accorde aux contraintes inhérentes à la morphologie d’un os long. Il adopte l’aspect d’un gnome au corps nu et appuie ses mains sur le haut de ses cuisses. Cette position suggère qu’il entretient un rapport étroit à la terre et à la matrice originelle. Son buste, étiré par rapport aux jambes à demi fléchies et particulièrement courtes, est surmonté d’un visage barbu, large et aplati. Celui-ci se distingue par des traits ramassés, un nez camus et de petites oreilles léonines. Dépourvue de la traditionnelle coiffe à plumet qui vient fréquemment couronner le front, sa tête supporte une forme rectangulaire lisse, constituant le bord supérieur de l’objet. Le dieu grimaçant tire la langue de façon à éloigner les être néfastes et les esprits malfaisants.

 

Décorant les ivoires magiques au Moyen-Empire, le dieu au physique grotesque se retrouve, au Nouvel-Empire sur différents types de mobilier (chevets, lits et sièges). Il prête aussi sa silhouette aux vases à kohol qui se déclinent en faïence siliceuse, en pierre, et en bois. Ces réceptacles peuvent aussi convoquer l’ivoire, comme en témoignent plusieurs exemplaires du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (inv. N 1773, inv. E 5879, inv. N 1789). Les images de Bès, investies d’un pouvoir apotropaïque se multiplient durant la Troisième Période Intermédiaire sur les stèles, les vases, et sur d’innombrables figurines et amulettes. La forme de notre objet suggère d’y voir davantage un manche, un élément de décor de mobilier tubulaire, ou un flacon à kohol. Bien que ses dimensions soient plus importantes, il peut être comparé à un étui à fard en forme de Bès, en ivoire, datant de la Basse-Époque, abrité dans les collections du musée de Liverpool (inv. M11003).

 

Le dos de la figurine met l’accent sur le corps mal formé du dieu. Entre ses jambes repliées dont les chairs forment des bourrelets, pend une longue queue animale. Il n’est pas évident de savoir si cette queue appartient au dieu, ou si c’est celle de la dépouille de félin qu’il porte habituellement sur ses épaules. L’arrière de la tête est masqué par une perruque longue qui s’amincit vers son extrémité et donne naissance à une boucle. La perruque à bout pointu et à enroulement trouve des échos sur certaines œuvres de la Troisième Période Intermédiaire et de la Basse-Époque, notamment une série d’amulettes (ROMANO 2011, p. 136-137, n° 202, 228, 234-237, 240, p. 587-589, 657-659, 675-685, 692-694). On retrouve cette terminaison en boucle de la perruque sur une figurine en faïence siliceuse du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (inv. E 3091). Sur deux flacons produits dans le même matériau, le dieu présente aussi cette particularité (Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes : inv. E 22695 : TRAN TAM TINH 1986 n° 67b p. 104, pl. 83 ; Hanovre, Kestner Museum, inv. 1993.3 : LOEBEN 2020, p. 48-49).

 

La question de la provenance de notre objet ne peut être déterminée avec assurance, puisque peu d’œuvres équivalentes en os ou en ivoire sont répertoriées. S’il peut avoir été réalisé en Égypte, la diffusion du dieu Bès au Proche-Orient, en Chypre et dans le monde grec, permet aussi d’envisager une création issue d’une sphère culturelle ayant adopté le dieu Bès. L’attribution de la figurine du Louvre à la Troisième Période Intermédiaire, et des flacons à kohol de Liverpool, du Louvre et de Hanovre, à la Basse-Époque, plaide en faveur d’une date proche pour notre objet.

 

Comparaisons

-Hanovre, Kestner Museum, inv. 1993.3 (boucle de la perruque).

-Liverpool, National Museums, inv. M11003.

-Paris, musée du Louvre, DAE, inv. 3091, inv. E 22695 (boucle de la perruque).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Poupée

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du VIIe siècle - VIIIe siècle ap. J.-C. ?

H. 6,3 cm ; l. 2,6 cm ; P. max. 0,6 cm

Os

Co. 3637

Comment

State of preservation

Conservée dans son intégralité, la matière osseuse de cette figurine se distingue par une teinte crayeuse et un ton légèrement plus jaune au revers. Une forte abrasion de la surface estompe les détails.

Description

La silhouette féminine, très plate, est traitée de manière très schématique. Aux formes fortement géométrisées, s’ajoutent des détail anatomiques rendus par de simples lignes incisées. La tête assez large, rappelle celle de la poupée Co. 2047 du musée Rodin, par son aspect. Sciée horizontalement à son sommet, elle était agrémentée de cheveux maintenus par une substance adhésive, comme certains exemplaires appartenant à la même typologie le laissent supposer. Alors que les oreilles constituent deux petites protubérances sur les côtés, les yeux, au dessin en amande, sont surmontés de deux légères courbes incisées indiquant les sourcils. Une minuscule perforation signale l’emplacement de la pupille. La poitrine est modelée en léger relief, tandis que la taille est soulignée par de profondes incisions. Les bras aux proportions courtes et aux épaules arrondies, sont entièrement détachés du buste. Ils retombent le long du corps de manière rigide. Des incisions distinguent le pubis de jambes. Celles-ci présentent un galbe encore plus prononcé que celles de la statuette Co. 2047. Elles sont séparées par un échancrement, sur toute la hauteur de l’entre-jambe.

 

Plusieurs exemplaires présents dans différentes institutions muséales révèlent des affinités stylistiques évidentes avec ce modèle : une poupée découverte à Antinoé conservée au Louvre (E 21174), une seconde abritée dans les collections du British Museum, qui porte encore une boucle d’oreille en métal (OA.912), et une dernière, appartenant à la Liebieghaus Skulpturensammlung de Franfort-sur-le-Main, (KAMINSKI-MENSSEN 1996, cat. IV-30 p. 204, pl. 97). Un seul spécimen similaire a été exhumé des fouilles archéologiques menées sur le site d’Istabl ‘Antar en Égypte (RODZIEWICZ 2012, n° 11732 p. 188-189, pl. 47 p. 397, pl. 104 p. 454). S’il n’a pu être daté avec précision, il appartient à une production du début de la période islamique.

 

Parfois considérées comme des objets à valeur magique ou apotropaïque, ces figurines qualifiées longtemps de « poupées coptes », sont reconnues depuis quelques décennies comme des jouets attribuables aux époques omeyyade ou abbasside. Si d’autres fonctions symboliques ont pu se surajouter au cours de l’utilisation de l’objet (SHATIL 2016, p. 304), le rôle premier de ces figurines, dont des exemplaires encore vêtus de plusieurs tuniques ont subsisté, semble avoir été celui de poupée. Ne présentant pas de rapport évident avec les poupées d’époque romaine ou byzantine, ces objets ont été davantage inspirés par des types existant dès l’époque parthe en Mésopotamie et dans la sphère d’influence du monde iranien (SHATIL 2016, p. 307-310). Apparaissant au cours du VIIe siècle à la fois en Égypte et au Proche-Orient, ces statuettes sont produites en série jusqu’au Xe siècle, date à laquelle cette industrie commence à s’essouffler. Compte tenu des dates avancées pour des exemplaires proches découverts à Istabl ‘Antar, nous pouvons proposer une réalisation de la figurine du musée Rodin, entre la seconde moitié du VIIe et la fin du VIIIe siècle.

 

Comparaisons :

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3736 (WULFF 1909, n° 534 p. 133 : silhouette générale).

-Francfort-sur-le-Main, Liebieghaus Skulpturensammlung, 2778.20 (KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-30 p. 204).

-Le Caire, fouilles archéologiques d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012, n° 11732).

-Londres, British Museum, OA.912.

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 21174 (Antinoé).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Pugiliste

Provenance inconnue

Ier – IVe siècle ap. J.-C.

H. 8 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,8 cm

Os, humérus ?

Co. 3072

Comment

State of preservation

Cette statuette en os offre une surface particulièrement lustrée. Elle est incomplète puisque les jambes sont cassées, et les pieds manquants. Le support sous le bras gauche est aussi brisé ; Un voile grisâtre semble recouvrir la face, plus marqué sur les parties saillantes, et plus terne dans les creux, tandis qu’au dos, les sédiments bruns abondent. On distingue une petite tache d’oxydation sur l’épaule gauche.

Description

Les jambes et le buste vus de face, le personnage masculin effectue une rotation vers la gauche. Il semble légèrement déhanché, étant en appui sur sa jambe droite. Le reste d’un support, contre lequel vient s’appuyer son bras gauche, confirme cette impression. Sa tête, qui offre son profil droit, surmonte un buste à la musculature développée. Le torse aux épaules rejetées vers l’arrière, concorde avec une possible représentation d’un athlète se préparant au combat. La tête massive à la chevelure courte présente des traits sommairement esquissés. Les yeux enfoncés entourent un nez fort qui surmonte une bouche entrouverte. Sur le torse délicatement modelé ont été mis en valeur les pectoraux, et le nombril signalé par une petite dépression.

 

Des lanières entourent les avant-bras et les bras jusqu’aux doigts. Ces bandes pourraient correspondre à des cestes, gants à courroies de cuir, qui laissaient dépasser les doigts, nécessaires aux pugilistes pour combattre. Cette statuette ne rencontre pas d’équivalent. On retrouve néanmoins la présence de cestes sur une statuette en ivoire du Dumbarton Oaks Institut (BZ.1938.63 : CUTLER 1985, fig. 39-40 p. 40-41). Datée de la fin de l’Antiquité, elle représente le dieu Arès, autour du bras gauche duquel, s’enroulent des lanières de cuir. La fonction de cette statuette ne peut être précisée, d’autant que ses pieds sont cassés, mais il est intéressant de relever que des manches de couteaux en os d’époque romaine sont régulièrement sculptés en forme de gladiateurs (voir les exemples du musée du Louvre : ED 4629 - S 2032 et MNC 878). Il n’est donc pas exclu qu’un manche ait pu être décoré d’une effigie de pugiliste. Datés des premiers siècles de l’époque impériale, ces manches proposent un indice chronologique. En l’absence de contexte de découverte, on peut envisager de dater la pièce du musée Rodin de l’époque impériale, du Ier au IVe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons :

-Washington, Dumbarton Oaks, Institut, BZ.1938.63 (ceste).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Femme nue

Égypte > provenance inconnue

Époque ptolémaïque (330 – 30 av. J.-C.) ?

H. 7,1 cm ; l. 1,9 cm ; P. max. 1,1 cm

Os

Co. 2054 - Co. 6275

Comment

State of preservation

Cette statuette est cassée au niveau des jambes. Son bras droit est manquant. Brisée dans le sens vertical, mais aussi au niveau du cou, elle est constituée de trois fragments recollés. L’os, peut-être brûlé, offre une teinte brun sombre. Il pourrait avoir subi un traitement de surface. La matière osseuse présente un délitement en de nombreux endroits. Des sédiments sont encore présents dans les creux.

Description

Adoptant une attitude statique, cette figurine est représentée nue, les bras collés le long du corps. Bien qu’elle soit sculptée en ronde-bosse, les formes aplaties témoignent de l’adaptation de la forme à la matrice osseuse d’origine. La silhouette longiligne est construite de façon symétrique par rapport à un axe vertical, passant par le cou ou la fente séparant les deux jambes. Ses formes sont moins ramassées que l’autre exemplaire du musée Rodin (Co. 2042), qui appartient à la même typologie. Le buste au volume assez prononcé est surmonté par des épaules tombantes et un visage coiffé d’une perruque courte égyptienne. Celle-ci est rehaussée sur la face, et le revers, de bandes horizontales entaillées avec soin. Les traits du visage à la forme ovale, se détachent en relief. Les yeux sont matérialisés par deux protubérances logées de part et d’autre de l’arête du nez. En-dessous apparaît une bouche menue aux lèvres entrouvertes.

 

Un grand nombre de ces statuettes au corps rigide et à la pose conventionnelle a été répertorié. Les exemplaires mieux conservés les montrent debout sur une petite base rectangulaire. Souvent découvertes dans des contextes religieux ou funéraires, elles sont été interprétées parfois comme des poupées, mais le plus souvent comme des concubines. Nombre d’entre elles ont été mises au jour en Égypte ou au Proche-Orient. On citera à cet égard l’ensemble exhumé à proximité du sanctuaire d’Isis sur le site de Ras El Soda, dans les environs d’Alexandrie (ADRIANI 1952, p. 30, pl. XXVII, fig. 2, 6), ou les exemplaires issus de fouilles pratiquées en Palestine (SHATIL 2016 p. 307-308, pl. 7-1). Des statuettes complètes, ainsi que des fragments, sont aussi présents dans plusieurs collections : celle du musée de Berlin (WULFF 1909 n° 525 p. 131, pl. XXII), au Virginia Museum of Fine Arts de Richmond (66. 12.4: GONOSOVÁ & KONDOLEON 1994 n° 67 p. 204), dans la collection Tamerit à Vienne (FROSCHAUER & HARRAUER 2004, n° 18-19 p. 98-99).

 

Fréquemment attribuées à la Troisième Période Intermédiaire, voire au Moyen-Empire, il semble pourtant que ces figurines puissent être rattachées à une production de l’époque hellénistique ou du début de l’époque romaine. Les exemplaires, peut-être non achevés, livrés par les fouilles alexandrines les replacent dans leur contexte, non pas d’usage, mais de production, et permettent de préciser leur date d’exécution (RODZIEWICZ 2007 p. 15-16, n° 2 p. 61, pl. 2.2a-c, 85.2a-b). Une datation à la période hellénistique, déjà suggérée par la série de Ras El Soda, semble confirmée par les récentes découvertes de Samarie, Dor et Be’er Sheva, en Palestine (SHATIL 2016 p. 308).

 

Comparaisons

-Alexandrie, temple de Ras el Soda ; fouilles du Cricket Ground, 1994, CRI 94. 1.5.1.4 (1) ; site de Fouad, FOU. 03.10672.75.

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3293 (WULFF 1909, n° 525 p. 131).

-PETRIE 1927, n° 592 p. 162, pl. LV.

-Richmond, Virginia Museum of Fine Arts, 66. 12.4.

-Samarie (SHATIL 2016, pl. 7-1 p. 308).

-Vienne, collection Tamerit B 172 (tête).

-Vente Paris, Hôtel Drouot, Boisgirard, 26 février 2003, lot 139.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Isis

Provenance inconnue, Égypte ?

Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?

H. 8 cm ; l. 3,4 cm ; P. max. 2,5 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 2052

Comment

State of preservation

La statuette, brisée en partie inférieure, a perdu ses jambes. L’emplacement du bras gauche est aussi endommagé par un grand éclat de surface. Au revers, la retombée du drapé est manquante. Une trace d’oxydation métallique s’observe à l’emplacement de l’arrachement et a diffusé sur le dos, et dans une moindre mesure, sur la cuisse gauche du personnage féminin. Des taches brunes ponctuent le vêtement. Les plis de ce dernier conservent des sédiments gris-brun. Ils tapissent la cavité médullaire, alternant avec des taches blanches qui correspondent à des zones de desquamation.

Description

Cette statuette sculptée en ronde-bosse, présente une cavité centrale, correspondant au canal médullaire de l’os. Façonnée avec délicatesse, elle offre certains signes distinctifs, permettant de songer à une représentation d’Isis ou à une prêtresse assurant son culte. Son corps, drapé d’un fin chiton, est recouvert, en partie d’un himation. Un des pans de lui-ci donne naissance entre les seins, à un nœud volumineux. À ce premier indice, caractéristique de l’iconographie isiaque, s’ajoute les extrémités des mèches calamistrées tombant sur les épaules.

 

Représentée debout, la divinité ou la desservante, semble en appui sur sa jambe droite. L’étoffe du chiton vient souligner la légère flexion du genou gauche. Posé sur les épaules, l’himation s’enroule autour des jambes, en un pan oblique dont l’extrémité est retenue par la main gauche. Cet agencement complexe du vêtement génère un croisement de l’étoffe dans le dos de la jeune femme. L’attitude, ainsi que la disposition du drapé, se retrouve de façon très proche dans certaines sculptures monumentales, telle la statue d’Isis découverte dans le sanctuaire de Ras El-Soda près d’Alexandrie, conservée au musée de la Bibliotheca Alexandrina (ADRIANI 1940 p. 139-140, pl. LV), ou une autre sculpture acéphale du musée gréco-romain (11311 : TRAN TAM TINH 1990, n° 22 p. 765, pl. 502). On l’observe aussi sur nombre de représentations d’Isis-Fortune, prenant la forme de statuettes en bronze (TRAN TAM TINH 1990, n° 305 p. 784, pl. 520-521).

 

La plasticité de la figure et de son drapé mérite d’être soulignés. Travaillé en plis serrés, le tissu recouvre harmonieusement un corps aux formes généreuses. La tête, sans doute sculptée à part, devait venir s’emboîter avec précision sur le buste. Les mèches de cheveux s’accordaient, de façon minutieuse, au boucles visibles à la naissance des épaules. Les bras rapportés adoptaient peut-être une position particulière, justifiant ces ajouts. En s’appuyant sur certaines effigies d’Isis en pied, on peut se demander si le bras droit n’était pas levé, pour brandir un attribut, tel le sistre. La main gauche proche du corps, sur laquelle passait le pan du manteau, retenait possiblement un autre objet, comme une situle ou une patère. Ce type iconographique est également retenu par certaines figurines en terre cuite, comme un exemplaire d’époque romaine, provenant d’Antinoé, du musée du Louvre, déposé au musée archéologique de l'Université de Lorraine (348).

 

Les images d’Isis se rencontrent rarement dans la petite plastique en os et en ivoire d’époque romaine. Des fragments d’applique de mobilier convoquent pourtant l’image d’Isis allaitant Horus. L’un d’eux est conservé dans les collections du musée Benaki à Athènes (19014 : MARANGOU 1976, n° 183 p. 119, pl. 53e), et un autre appartient au Hunt Museum à Limerick (HCM 102). Un fragment d’applique conservé au British Museum montre la divinité secouant le sistre de la main droite, reconnaissable au nœud isiaque au centre de sa poitrine (1873,0820.656). Par la maîtrise de l’anatomie féminine, le recours à une iconographie courante aux époque hellénistique et impériale, et l’attention porté aux détails, la statuette du musée Rodin témoigne d’une facture de grande qualité. La justesse des proportions, et le naturel avec lequel le vêtement est associé au corps, nous orientent vers une datation au Ier-IIe siècle ap. J.-C.

 

Comparaisons :

-Londres, British Museum, 1873,0820.656 (iconographie : vêtement)

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Poupée

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du VIIe siècle - VIIIe siècle ap. J.-C.

H. 9,1 cm ; l. 2,9 cm ; P. max. 1,5 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 2047

Comment

State of preservation

La figurine est conservée presque dans son intégralité. La teinte ivoirine, très claire, sur la face, devient légèrement beige au revers. Les faces internes des bords semblent être endommagées par des manques. Une fissure longitudinale court sur la jambe droite. La cavité médullaire, au revers, conserve des dépôts bruns, au niveau de la tête.

Description

La figurine offre une vision schématique et très stylisée du corps féminin. L’anatomie a été fortement géométrisée. Contrairement à l’exemplaire Co. 2046 qui témoignait d’un réel souci de tridimensionnalité, cette poupée révèle une approche avant tout graphique. Le sommet de la tête est scié horizontalement, et il est fort probable qu’il était couvert originellement de cheveux rapportés, à l’instar de la statuette du Museum of Fine Arts de Boston (04.1949: RODZIEWICZ 2012, fig. 6.2 p. 346). Du visage large et aplati ne se détache que le nez saillant. Deux petites oreilles rectangulaires constituent des décrochements au niveau des contours du visage. Les sourcils et les yeux, à la forme en amande ou en losange, ont été profondément incisés. La pupille a été perforée pour donner plus d’acuité au regard, comme sur de nombreux exemplaires. Le cou est souligné par une moulure qui matérialise sans doute la présence d’un collier. Les bras aux épaules carrées sont placés le long du corps. De taille très réduite, ils ne sont séparés du buste que par deux incisions obliques. Si les lignes croisées sur la poitrine font référence à un élément de parure, le triangle qui leur répond, sous la taille soulignée par deux moulures, indique le pubis. Les jambes massives et légèrement galbées ne sont individualisées que très bas. Les pieds sont réduites à deux petits appendices.

 

Le modèle de cette poupée se rencontre fréquemment, avec des variantes, dans de nombreuses collections muséales : la Ny Carlsberg Glyptothek de Copenhague (AE. I. N. 866 : MOGENSEN 1930, A. 631 p. 80), le musée du Louvre (OA 6015.9), le British Museum (1890,0425.1). Il a été également mis au jour sur le site d’Istabl ‘Antar en Égypte (RODZIEWICZ 2012, 10263-1, n° 300 p. 187-188, pl. 47 p. 397, pl. 104-1 ; 9025-1, n° 304 p. 188, pl. 48 p. 398, pl. 104-4). Il appartient au type 1 du groupe 1 défini par E. Rodziewicz à partir du mobilier découvert sur ce site. D’autres spécimens ont été découverts en Palestine (SHATIL 2016, p. 305, pl. 2-5, p. 299).

 

Attribuées longtemps à l’époque copto-byzantine, ces poupées correspondent à des productions du début de l’époque islamique. Des figurines en os, provenant de Mésopotamie ou du monde iranien, semblent constituer les sources d’inspiration de ces statuettes (CAUBET & GABORIT 2004, p. 83-87), qui n’entretiennent pas de lien évident avec les poupées d’époque romaine ou byzantine. Ces jouets ont majoritairement été retrouvés en contexte domestique, mais quelques rares exemplaires ont été exhumées de sépultures, tel celui disposé à l’intérieur du cercueil d’une fillette de la nécropole d’Umm-l-Breigât à Tebtynis, dans le Fayoum (GALLAZZI & HADJI-MINAGLOU p. 402-403, fig. 26). Des contextes bien étayés ont fourni des dates pour l’exécution de ces figurines sur le site d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012 p. 187-188, 190), et nous permettent d’envisager une production de la pièce du musée Rodin dans la première moitié du VIIe siècle, ou au cours du VIIIe siècle.

 

Comparaisons :

-Budapest, Musée des Beaux-Arts, 84.183A (TÖRÖK 2005, n° 177 p. 245)

. -Boston, Museum of Fine Arts, 04.1949 (Akhmîm).

-Copenhague, Ny Carlsberg Glypothek, AE. I. N. 866.

-Le Caire, fouilles archéologiques d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012 n° 300 : variante).

-Le Caire, anciennement au musée égyptien (STRZYGOWSKI 1904, n° 8869 p. 201, pl. XVIII : variante avec yeux non perforés).

-Londres, British Museum, 1890,0425.1.

-Paris, musée du Louvre, DAI, OA 6015.9.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Poupée

Égypte > provenance inconnue

VIIIe siècle ap. J.-C. - première moitié du IXe siècle

H. 10,6 cm ; l. 2,1 cm ; P. max. 1,3 cm

Os, métatarse de bœuf, face antérieure

Co. 2046

Comment

State of preservation

Le pied gauche est manquant. La coloration de la face est plus claire que celle du dos. Quelques minuscules taches ocre parsèment la surface de l’objet. Des sédiments bruns se logent encore dans les creux et s’accrochent sur quelques éléments saillants, comme le nez et la bouche. On note également quelques marques noires. V. Picur a mis en évidence la présence de dorure sur la partie centrale, ce qui paraît très étonnant. Ceci pourrait correspondre à un reste de polychromie ou à une contamination à partir d’un autre objet. Un réseau de fentes court sur toute la hauteur de la poupée. Au revers, entre les jambes, s’observe un important soulèvement.

Description

Cette poupée présente un corps au proportions allongées et une tête menue, à la forme ovale, sciée en partie supérieure. Le visage arrondi, supporté par un long cou, ne présente qu’un petit nez saillant surmontant une bouche menue. Les yeux et les sourcils étaient très certainement peints. Les oreilles, légèrement décollées et perforées, recevaient sans doute des anneaux, disparus aujourd’hui. Le corps offre des volumes, certes très simplifiés, mais modelés de façon réaliste, qui dénotent une lointaine influence de la sculpture hellénistique. Des bras articulés étaient rapportés. La poitrine généreuse est mise en valeur par un collier en forme de croisillon. Les seins surplombent un buste étroit, souligné par une succession de moulurations, qui pourraient suggérer des bourrelets de graisse au niveau de la taille. En-dessous se dessinent un ventre enflé et un pubis triangulaire, dont la jonction avec les jambes est soulignée par une démarcation en « V ». Les jambes ne sont séparées qu’à mi-hauteur, et les pieds suggérés par des incisions imprécises.

 

Sculptée en ronde-bosse avec un souci de modelé réaliste, cette figurine s’inscrit dans un ensemble répertorié par E. Rodziewicz comme le type 2.a du groupe I (RODZIEWICZ 2012, p. 16, 19). Ces figures féminines sont bien représentées dans de nombreuses collections (voir à titres d’exemples, MOGENSEN 1930, A 630 p. 80 ; WULFF 1909, n° 529 p. 132, pl. XXII ; KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-24, 26, 27 p. 202-203, pl. 96-97 ; SHATIL 2016, pl. 6-1 p. 306). L’approche en relief du corps de la femme dont elles témoignent, contraste avec celle des autres poupées plus plates, aux détails anatomiques stylisés. Leur tête était sans doute agrémentée de cheveux humains, rapportés avec une substance adhésive, comme le montre la poupée 10737 du musée Benaki, vêtue de quatorze tuniques superposées (RUTSCHOWSCAYA & BÉNAZETH 2000, n° 267 p. 217). L’adjonction de détails peints s’avère probable, compte tenu les exemplaires peints conservés au musée Benaki d’Athènes, au musée d’art islamique du Caire et au Mayer Memorial Institute for Islamic Art à Jérusalem (RODZIEWICZ 2012, p. 16, fig. 5.5 - 5. 6 p. 345).

 

Découvertes en grand nombre, à la fois au Proche-Orient et en Égypte, ces figurines ont longtemps été considérées à tort comme des poupées datant de l’époque byzantine, ou se rapportant aux communautés chrétiennes (RODZIEWICZ 2012 p. 9-18) Il est établi aujourd’hui qu’elles correspondent à une production qui apparaît à la fin du VIIe siècle, abonde au VIIIe-Xe siècle, pour ensuite décroître au XIe siècle, face aux interdits religieux (SHATIL 2016, p. 304-305). Renvoyant à des types de poupées connus pour le monde parthe (CAUBET & GABORIT 2004, p. 83-87), elles révèlent une influence moyenne-orientale. Leur apparition coïncide donc avec la mise en place d’une nouvelle civilisation au Proche-Orient et en Égypte, suite à l’arrivée des conquérants musulmans. Les exemplaires similaires découverts sur le site d’Istabl’Antar ont été datés de la fin de la période omeyyade, ou du début de l’époque abbasside, grâce à des contextes documentés (RODZIEWICZ 2012, p.16-17 n° 279-281 p. 174-176, pl. 37-38 p. 387-388, po. 99 p. 449). Aussi est-il possible de proposer une exécution de notre pièce au cours du VIIIe siècle ou au début du IXe siècle. On ne peut néanmoins écarter une réalisation plus tardive, car un exemplaire très proche a été découvert dans des niveaux de l’époque fatimide, dans le fouilles de Burg-al-Zafar au Caire.

 

Retrouvées principalement dans des contextes domestiques, ces statuettes ont d’abord été perçues comme des représentations à connotation magique ou apotropaïque en lien avec la fertilité ou la naissance (WOOLLEY 1907 p. 219-220 ; WULLF 1909 p. 131). Bien qu’elles puissent avoir joué un rôle éventuel dans l’éducation des filles et dans leur préparation à leur futur statut de mère (RODZIEWICZ 2012 p. 10), il semble que ces figurines aient avant tout servi de jouet. Elles ont peut-être cumulé plusieurs fonctions dans le temps : jouet, dans l’enfance de la propriétaire, puis objet symbolique, avec l’arrivée à l’âge adulte (SHATIL 2016, p. 304).

 

Comparaisons

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3719 (WULFF 1909, n° 529 p. 132).

-Chicago, Oriental Institut Museum, E25460, E25585.

-Copenhague, Ny Carlsberg Glypothek, AE. I. N. 865.

-Francfort-sur-le-Main, Liebieghaus Skulpturensammlung, 2778.20 (KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-24, 26, 27 p. 202-203).

-Le Caire, fouilles archéologiques de Burg-al-Zafar.

-Le Caire, fouilles archéologiques d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012 n° 8638, 8695-2, 9134-2).

-Londres, British Museum, 1986,0320.3.a.

-Londres, Petrie Museum, UC59359.

-Paris, musée du Louvre, DAI, OA 6015.11, OA 6015.13.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Femme nue

Égypte > provenance inconnue

Époque ptolémaïque (330 – 30 av. J.-C.) ?

H. 8,9 cm ; l. 2,5 cm ; ép. max. 0,7 cm

Os, tibia ou métapode de bœuf

Co. 2042

Comment

State of preservation

Cette figurine est incomplète puisque ses pieds sont cassés. La teinte crème de la face évolue vers une coloration plus ocrée sur le revers. Le faible encrassement suggère que la pièce a pu déjà être nettoyée. V. Picur a observé une fine couche blanche non liée dans toutes les parties en creux. Les manques au niveau de la nuque sont inhérents à la structure du tissu osseux.

Description

Debout, les bras plaqués le long du corps, la figurine sculptée en ronde-bosse, offre un corps intégralement nu. Malgré un aplatissement dû au format contraignant du matériau, la silhouette féminine présente des formes caractérisées par une réelle plasticité. Son canon paraît moins étiré que celui de l’autre statuette répondant à la même typologie, conservée au musée Rodin (Co. 2054). Le ventre légèrement rebondi, au centre duquel est signalé le nombril, est surmonté d’une poitrine généreuse dont les seins sont séparés par une incision. La tête, plus massive, se greffe directement au buste, le cou étant presque inexistant. La position des bras vient accentuer la ligne tombante des épaules.

 

Si elle se rapproche de celle de l’autre exemplaire déjà cité, notamment par sa perruque courte, la tête révèle des traits différents. La perruque, principalement scandée de lignes horizontales sur la face, comporte aussi sur son pourtour, de petites entailles verticales. Le revers, barré par quelques stries, n’a pas été travaillé. Le visage prend l’apparence d’une forme trapézoïdale. Les traits ramassés en son centre surplombent une mâchoire carrée. L’emplacement des yeux n’a été que suggéré de part et d’autre du nez et d’une petite bouche aux commissures tombantes.

 

Généralement dressées sur une base rectangulaire façonnée dans la même matrice osseuse, les statuettes se distinguent par une rigidité de l’attitude et un canon, appartenant sur le plan formel, à l’art égyptien pharaonique. Exhumées le plus souvent près de sanctuaires ou en contexte funéraire, elles ont été interprétées comme des concubines. Le site de Ras El Soda, dans les environs d’Alexandrie a livré, à proximité du temple d’Isis, une série de ces figurines (ADRIANI 1952, p. 30, pl. XXVII, fig. 2, 6). On trouve d’autres exemplaires au sein de plusieurs collections muséales : la figurine E 14264 relevant du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, ou celle du Virginia Museum of Fine Arts de Richmond (66. 12.4: GONOSOVÁ & KONDOLEON 1994 n° 67 p. 204).

 

C’est toutefois avec un spécimen de l’ancienne collection de C. M. Kaufmann, abritée à la Liebieghaus Skulpturensammlung de Franfort-sur-le-Main, que la pièce de Rodin entretient le plus d’affinités (KAMINSKI-MENSSEN 1996, cat. IV-20 p. 201, pl. 96). Arborant une large perruque qui couvre les oreilles, la figurine très plate, arbore une tête large qui repose presque sans cou, sur le buste. Comme sur notre exemplaire, seul se détache au centre du visage le nez, au dessus d’une bouche aux lèvres pincées, tandis que les yeux n’ont pas été sculptés. Contrairement à ce qu’affirme E. Rodziewicz, cette typologie n’a pas été mise au jour qu’en Égypte, mais aussi au Proche-Orient. Les fouilles de Samarie, Dor et Be’er Sheva, en Palestine, ont mis en exergue des figurines identiques (SHATIL 2016 p. 307-308, pl. 7-1).

 

Bien que souvent assignées au Moyen-Empire ou à la Troisième Période Intermédiaire, ces statuettes peuvent être reliées à une production de l’époque hellénistique ou du début de l’époque romaine. Les fouilles archéologiques pratiquées dans le centre d’Alexandrie par le Centre d’études alexandrines ont livré deux témoignages d’une production de ce type de statuettes en contexte urbain (RODZIEWICZ 2007 p. 15-16, n° 2 p. 61, pl. 2.2a-c, 85.2a-b). Une datation à l’époque hellénistique, voire au début de l’ère impériale, comme le démontre la série de Ras El Soda, est appuyée par les trouvailles de Palestine. Selon E. Rodziewicz, elle aurait pris fin au IIIe ou au début du IVe siècle, avec la disparition des anciennes traditions funéraires (RODZIEWICZ 2012, p. 14), mais A. Shatil songe à un arrêt plus précoce pour le Proche-Orient (SHATIL 2016, p. 308).

 

Comparaisons -Francfort-sur-le-Main, Liebieghaus Skulpturensammlung, 2778.20 (KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-20 p. 201). -Paris, musée du Louvre, DAE, E 14264.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Back to collection

Pages