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Égypte > provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire, époques tardives et indéterminées
L. 32 cm ; l. 7 cm
Fibres végétales, bois, terre cuite émaillée, os, métal
Co. 6300
 

Comment

State of preservation

Les divers éléments constituant cet assemblage sont en assez bon état, à l’exception de l’ouchebti en faïence dont la partie inférieure est manquante. La cassure paraît très ancienne et précède assez probablement la composition de l’objet.
 
Les fils d’assemblage sont altérés et cassants. Le montage est serré et ne présente aucune souplesse. L’objet est donc extrêmement fragile, et de manipulation difficile.
 

Description

Cet objet composite est constitué de plusieurs éléments de différentes périodes, assemblés par un réseau de perles en terre cuite émaillée. On y distingue notamment un pilier djed en bois, un scarabée en terre cuite polychromée, un ouchebti émaillé en faïence bleu et un pendentif miniature évoquant l’effigie du dieu Bès. S’y ajoutent des éléments moins caractéristiques à l’Égypte antique, à savoir un objet circulaire en os, une perle biconique en faïence blanc-crème et deux petites perles annulaires en faïence (bleu-vert très altéré et blanc-crème)
 
 
La trame de l’objet est réalisée au moyen de perles, d’une tige métallique contemporaine et de liens en fibres végétales moderne (lin). Environ 110 perles tubulaires de différentes longueurs,  en faïence égyptienne bleu foncé et d’aspect mat, ont été employées pour ce montage. Mesurant entre 1,5 et 2 cm de longueur, ces perles sont enfilées sur un fil doublé. Une tige transversale métallique est positionnée transversalement et constitue l’un des bords d’un espace rectangulaire central, matérialisé par un faisceau de perles. L’objet adopte donc l’apparence d’un pseudo-collier, dont le décor est disposé en deux compositions, développées de part et d’autre de l’espace central. 
 
Une première partie est composée d’une grande amulette en bois mesurant 10,2 cm sur 5 cm, cassée à son extrémité inférieure. Il s’agit d’un pilier djed, caractérisé par un fût ponctué de 4 barres horizontales. La campagne d’analyse des bois menée par V. Asensi-Amorós a révélé que l’objet a été réalisé dans un morceau de figuier sycomore (Ficus sycomorus L.), espèce indigène à l’Égypte (ASENSI-AMORÓS, Rapport de 2019). Un réseau de perles tubulaires, soigneusement liées, reprend sur ce bois taillé en forme de pilier djed le motif des quatre barres sommitales qui lui sont caractéristiques. Percé intentionnellement dans la partie sommitale, un orifice permet de faire passer un lien et de raccorder le pilier djed à la trame de perles qui, en formant un double arc de cercle, couronne le tout. 
L’objet est suspendu au centre de la barre métallique, sur laquelle est nouée une perle. Cette grosse perle biconique (3 cm de diamètre) a été réalisée en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure très altérée. Un réseau de fils, assemblant des perles tubulaires, a été passé par l’orifice de la perle. 
 
L’assemblage des objets se révèle tout aussi complexe de l’autre côté du rectangle central. Dans sa partie supérieure, un scarabée est attaché au centre. Il a été réalisé en terre cuite polychrome, et, malgré un état de conservation médiocre, des traces de pigments – jaune, rouge et noir – sont toujours identifiables. Mesurant 4,5 cm sur 3,3 cm, il est flanqué de part et d’autre de deux perles de type annulaire, réalisées en faïence égyptienne d’aspect granuleux. La pâte est siliceuse et la glaçure de chaque anneau (bleu-vert et blanc-crème) très altérée. La perle blanc-crème présente un éclat conséquent, masqué en partie par une ligature. 
 
 
Un enchevêtrement de perles, formant comme pour l’autre partie du collier un arc de cercle, sépare ce premier ensemble d’objets du pendentif en tant que tel. La trame, composée de perles tubulaires, sert à maintenir un anneau en os. Cet objet, de 6,3 cm de diamètre, serait peut-être à voir comme un bracelet d’enfant. L’anneau est incomplet, et c’est dans le segment manquant qu’a été attaché un ouchebti fragmentaire. Réalisé en faïence égyptienne (pâte siliceuse et glaçure turquoise), l’ouchebti est brisé au niveau de la taille. Il mesure actuellement 6,5 cm de longueur (sa largeur maximale étant de 5 cm). Coiffé d’une longue perruque tripartite, le serviteur funéraire ramène ses bras sur son torse, mais ne les croise pas. Les outils agricoles qu’il tient généralement dans ses mains ne sont pas visibles. Au revers, complètement aplati, une inscription hiératique est tracée en noir, mentionnant le nom d’Ounefnéfer, un  père divin. 
Sur son cou, une petite figurine noire de 1,5 cm de hauteur, de type amulette (en pâte de verre ?), est bien visible. Elle est enfilée entre deux perles tubulaires en faïence bleue, ces perles étant nettement plus petites que les autres. Placée à la manière d’un pendentif protecteur, elle correspondrait peut-être à une effigie miniature du dieu Bès. 
 
L’assemblage Co. 6300 est composé de plusieurs éléments antiques pour lesquels des significations spécifiques peuvent être proposées. Les amulettes sont des objets couramment découverts sur les sites archéologiques égyptiens, essentiellement dans les tombes mais aussi en contexte d’habitat. Cette fréquence s’explique par leurs usages multiples, lors de rites liés à la survie du défunt dans l’au-delà ou encore au quotidien pour protéger ou guérir celui qui les porte. Les amulettes pouvaient être portées en collier ou bracelets, combinés avec des perles et des pendentifs ornementaux (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 24-25). Des éléments organiques aussi fragiles que des fils sont souvent les premiers à se décomposer, mais de rares exemplaires ont conservé leur montage d’origine sur fibres végétales nouées (par exemple, le Metropolitan Museum Inv. N° MMA 25.3.191b). Il existe également d’autres montages, composés de fibres végétales beaucoup plus grossières ; ils ne semblent pas avoir été réalisés pour être portés (voir au British Museum l’Inv. N° EA 46595).

 

La fonction du pilier djed est, encore à ce jour, peu connue. Ce poteau, composé d’éléments végétaux, semble avoir joué un rôle de fétiche ou de symbole (ANDREW 1994, p. 83 ; HERMANN, STAUBLI 2011, p. 147 ; MÜLLER-WINKLER 1987, p. 336-338). Il est directement assimilé au mythe d’Osiris dès le Nouvel Empire. Il sert également à signifier la durée et la constance, dans le système d’écriture égyptien. Par conséquence, sous forme d’amulette, le pilier djed est lié au désir de vie éternelle. Ce type d’amulette se rencontre essentiellement en Égypte, bien que certains spécimens ont circulé au Proche-Orient puis se sont répandus en Europe occidentale durant l’Antiquité classique.
Taillée assez sommairement, cette amulette de grande taille est dans un bon état de conservation. Ce type d’objet, réalisé en matériau périssable, nous est rarement parvenu (voir un exemplaire de Basse Époque, proposé à la vente en 2017 (Hôtel des Ventes de Monte-Carlo, 11 mars 2017).
 
Les premières amulettes en forme de scarabée sont attestées à partir de l’Ancien Empire. Employées comme protection, ces talismans sont étroitement liés au dieu solaire Rê. Symbole du renouvellement et de l’éternel retour, ils possèdent également un rôle apotropaïque. Ils doivent être distingués d’autres scarabées, sur lesquels le nom et le titre d’un fonctionnaire sont indiqués. On différencie également ces simples amulettes, sans inscription, des scarabées de cœur pour lesquels des « chapitres de cœurs » extraits du Livre des morts sont inscrits. Les scarabées ne sont pas uniquement présents en Égypte, puisque l’on en retrouve dans toute la Méditerranée, en Asie occidentale, en Afrique du Nord, en Nubie et en mer Noire (GLÖCKNER 2017, p. 13). Leur popularité est telle que, dans certaines contrées où les importations égyptiennes ne suffisent plus, une production locale est organisée. 
 
Les ouchebti sont des serviteurs funéraires, destinés à réaliser des travaux dans les champs de l’au-delà à la place du défunt. Les colliers comprenant un ouchebti sont attestés en Égypte ancienne. Au Petrie Museum, par exemple, ils sont bien moins complexes que l’assemblage du musée Rodin (Inv. N° UC42909 ; UC51963 ; UC71650 et UC74308, datés de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse Époque). Il s’agit essentiellement de colliers simples à perles tubulaires bleues en faïence égyptienne, assortis d’une ou deux amulettes. De part leur petite taille, les ouchebti utilisés dans ces compositions semblent avoir été fabriqués pour cet usage car certains ont un orifice ménagé pour la suspension (voir, en particulier, l’Inv. N° UC71650). Mais dans le cas du pseudo-collier Co. 6300, il ne s’agit pas d’une amulette mais d’un réel serviteur funéraire. Un ouchebti en tout point semblable est actuellement conservé au Manchester Museum (Inv. N° MM 1977.1147), au nom d’un père divin d’Amon nommé Ouennéfer. Cet objet, en faïence égyptienne bleu-vert, est daté de la XXIIe dynastie et provient de la tombe 15G du cimetière D d’Abydos (JANES 2012, p. 198, n°107). Par cette comparaison, il semble possible de situer la fabrication de l’ouchebti utilisé dans la composition de l’assemblage Co. 6300 à la XXIIe dynastie. 
 
Bès n’appartient pas au panthéon des dieux officiels de l’État égyptien, adorés dans des temples, mais plutôt à la croyance populaire bien qu’il apparaisse également dans des rituels royaux. En Égypte, il est attesté depuis l’Ancien Empire et plus largement dans toute la région méditerranéenne à partir de l’âge du Bronze récent et durant tout l’âge du Fer (HERRMANN, STAUBLI  2011, p. 69). Divinité protectrice, il apparaît dans plusieurs contextes : amulettes, objets magiques ou encore sur des meubles de la chambre à coucher. Nain représenté de face, il exerce un pouvoir apotropaïque, une défense contre les dangers et les puissances hostiles (HERMANN 1994, p. 316). 
 
 
L’assemblage Co. 6300 semble, à notre connaissance, unique en son genre, à la fois du fait de sa composition générale, mais aussi par la nature des objets réunis. 
S’il est clair que le montage est moderne, réalisé en réunissant différents éléments antiques sur un réseau de perles tubulaires, faut-il y voir un talisman local contemporain ou encore un aegyptiaca européen, destiné à des réunions de spiritisme ?
il est difficile de trancher hors parallèle, ni connaissance de la provenance ou du circuit d’achat de l’objet.  Quoi qu’il en soit, il semble tout à fait surprenant de trouver un tel montage dans la collection d’objets égyptiens réunie par Rodin. 
 

 

Inscription

Une inscription est présente au dos de l’oushebti.

L’inscription, incomplète car seule la partie supérieure de l’ouchebti est conservée,  a été tracée à l’encre noire au dos de l’ouchebti. Les signes, rédigés de droite à gauche sous la glaçure de l’objet, sont disposés en quatre lignes. Bien que les signes soient facilement reconnaissables, la lecture du texte demeure obscure 

Historic

Sans

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Socle - base de statue de défunt.e

Égypte > provenance inconnue

Probablement Première Période intermédiaire ou Moyen Empire (en partant du principe qu'il est affilié à Co. 3398) > 2200 - 2033 avant J.-C. > 2033 - 1710 avant J.-C. 

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois polychromé

H. : 5,5 cm ; L. : 14,8 cm ; Pr. : 27,5 cm 

Co. 6245

Comment

State of preservation

L’objet est en assez bon état de conservation, malgré l’altération de la surface du bois et de la polychromie. En effet, bien que sain, le bois est très sec et parsemé, sur toutes ses faces, de nombreuses fentes, de tailles variées. Les plus remarquables se trouvent à l’arrière et à gauche de la cavité, sur le dessus du socle, vraisemblablement au niveau des nœuds, ainsi que de part et d’autre du trou de mortaise. On remarque également une fissure au revers du socle, le traversant verticalement et de part en part. Par ailleurs, la polychromie a entièrement disparu, hormis quelques restes d’enduit dans les fentes, ainsi que des traces de noir et d’ocre jaune dans la fissure qui se trouve à l’arrière de la cavité trapézoïdale. De plus, le texte en hiéroglyphes est très usé et presqu’illisible. Enfin, l’ensemble est empoussiéré.  

Description

L’objet Co.6245 est un socle monoxyle, arborant un texte de deux lignes en hiéroglyphes gravé sur le dessus, à l’avant, ainsi qu’une large cavité trapézoïdale creusée sur toute l’épaisseur du socle. La polychromie ayant presque totalement disparu, il est difficile de restituer son apparence originale. Cependant, les restauratrices S. Joigneau et M. Louis ont retrouvé les traces d’une couche préparatoire ocre jaune surmontée d’une seconde couche picturale noire, dans la profonde fissure située à l’arrière de la cavité. Dans cette dernière ont également été découverts des restes d’enduit.  

 

Ce socle devait à l’origine accueillir un second objet, encastré dans la cavité trapézoïdale. Le trou de mortaise, sur le côté gauche de cette cavité, est de dimensions conséquentes : 5,5 cm sur 1,3 cm. Les restauratrices ont émis l’hypothèse qu’il devait servir à y glisser une clavette pour renforcer le maintien de l’objet encastré dans le socle.  

 

Il est possible que ce socle doive être mis en rapport avec une autre œuvre conservée par le Musée Rodin, une statue de femme brunâtre, doté d’yeux et de sourcils incrustés en matières dures, Co.3398. Il apparaît en effet que les pieds de cette statuette sont de taille suffisamment petite pour pouvoir être encastrés dans la cavité trapézoïdale. Par ailleurs, le lien est d’autant plus flagrant que Co.3398 et Co.0650 ont tous deux été sculptés en acacia du Nil, même s’il est nécessaire de préciser qu’une très grande partie des sculptures en bois de l’époque pharaonique sont réalisées dans ce matériau. 

 

Les statues en bois de particuliers sont très fréquentes à la fin de l’Ancien Empire et au Moyen Empire, même si elles existent tout au long de l’histoire égyptienne. Certaines d’entre elles sont pourvues de socles, qui permettent non seulement de stabiliser l’objet mais aussi et surtout d’indiquer le nom du commanditaire, normalement un défunt ou une défunte, et ses titres éventuels ou sa filiation, afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli. C’est ici le cas de ce socle qui conserve, bien que dans une écriture en relief assez grossier, le nom de la défunte, une prêtresse d’Hathor. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 270, "Socle de statue de forme rectangulaire évidé par une cavité qui le traverse de part en part. En avant de cette cavité 2 lignes horizontales d'hiéroglyphes. Bois. 27x14 cent. 1/2 x 5. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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Couvercle de cercueil anthropoïde

Au nom de Nana, scribe du temple

Égypte
Nouvel Empire > Époque ramesside
H. 185 cm ; L. 51 cm ; P. 20 cm
Bois stuqué et polychromé
Co.871
 

Comment

State of preservation

Les pieds du défunt ont disparu. Le stuc et la peinture sont en bonne partie conservés. Ils ont disparu sur une surface importante de la perruque, à plusieurs endroits du vêtement et des colliers, ainsi que sur les mains et les bras. Une partie notable de l’inscription est effacée.

 

Description

Il s’agit d’un couvercle de cercueil en bois anthropoïde en costume de vivant. La perruque, le visage, les bras et les chevilles sont traités en relief. Les pieds étaient rapportés et fixés par des tenons de section rectangulaire. Les mains, sculptées en trois dimensions, sont rapportées. Toute la surface est stuquée et peinte polychrome. La face interne de ce couvercle est creuse, pour couvrir la momie. Cette face est couverte d’une résine noire et brillante. Cet objet est un assemblage de plusieurs pièces de bois, le chant est percé de plusieurs mortaises rectangulaires et de restes de faux tenons.

Le défunt est debout en frontalité, jambes parallèles, les pieds rapprochés mais non joints, mains légèrement rapprochées et posées à plat sur les cuisses en attitude d’attente respectueuse.

 

Il porte une lourde perruque peinte en noir, à mèches crantées en relief, encadrant le visage, couvrant les oreilles à l’exception de l’extrémité inférieure des lobes, tombant sur les épaules, à longues retombées à frisons représentés comme des rectangles verticaux en relief, descendant jusque sur les clavicules. Cette perruque est cernée d’un large bandeau floral multicolore visible à sa gauche et dont on discerne quelques restes à l’extrémité de sa droite.

 

Son vêtement complexe est peint en blanc, au plissé rendu par de fines lignes rouges, mais aussi par une alternance de bandes plus ou moins blanches. Il est couvert sur le torse et les cuisses d’une fine couche ocre rouge qui matérialise le parfum imprégnant le tissu.

 

Il porte une chemise à manches courtes évasées, finement plissées, qui s’arrêtent à la saignée du bras, ainsi qu’un pagne à devanteau rectangulaire qui descend jusqu’aux chevilles. Le bord supérieur du pagne plissé passe sous le nombril en forme de goutte et forme une courbe qui monte haut au-dessus des hanches. Il est décoré de petites boucles peintes en rouge surmontant une frange de points noirs. La boucle de ceinture du pagne est dessinée par une fine ligne rouge. Par-dessus ce pagne, la pièce de tissu plissée qui couvre le postérieur est nouée au niveau du bas-ventre, avec des retombées plissées et frangées qui passent sous les mains.

 

Un collier-ousekh à motif floral, particulièrement imposant, orne sa poitrine, couvrant les épaules et descendant jusqu’au plexus. Sa composition est complexe : pétales bleues lancéolées, pastilles rouges, perles tubulaires de différentes couleurs, etc. Par-dessus est peint un long collier en sautoir composé d’une triple rangée de perles noires en goutte allongée. Au niveau du plexus, y est suspendu un pectoral noir et rouge en forme de chapelle rectangulaire à corniche à gorge (chapelle zeh-nétjer), contenant deux nœuds-tit (ou « nœuds d’Isis ») qui encadrent un pilier-djed (« immuabilité »). Ces deux nœuds symbolisent certainement Isis et Nephtys, et le pilier Osiris. En effet, ce type de bijoux est généralement orné de scènes ou de symboles en lien avec la résurrection.

 

Les poignets sont ornés de larges bracelets composés de plusieurs bandes de couleur sur fond jaune. Il n’y a pas d’ornements de cheville. Une colonne d’inscription cernée d’un cadre noir court sur toute la longueur du pagne, cachant le nœud du tissu qui couvre le postérieur. Les hiéroglyphes sont peints en noir, rouge et vert, sur fond jaune.

 

Son visage est rond, aux joues pleines et menton large. Ses yeux assez ouverts sont en forme de losange étiré ; l’extrémité lacrymale est rendue par un simple angle pointu. La pupille peinte en noire et la sclérotique en blanc, ils sont cernés d’une épaisse ligne noire et se terminent à l’extrémité temporale par une épaisse ligne rectiligne de fard noir. Son œil gauche est horizontal, tandis que son œil droit monte vers la tempe. Les sourcils sont assez peu arqués et suivent la ligne de fard vers les tempes. Les arcades sourcilières forment un bourrelet et un volume arrondi suggère le globe de l’œil sous la paupière supérieure. Le nez, relativement long, est droit, fort et épaté ; la racine du nez est haut placée, formant un profil rectiligne à partir de l’arcade sourcilière. Les narines sont ouvertes. La distance labionasale est courte. La bouche est droite et horizontale, les lèvres sont charnues et bien découpées, aux commissures creusées. Le sillon naso-génien est fortement marqué. Le cou est plissé.

 

Le volume des seins est marqué, le plexus en creux et le ventre déborde légèrement du pagne, avec un nombril creux. Les bras sont longs et graciles, les mains rapportées ne touchent pas le support ; les doigts caractéristiques sont particulièrement longs et fins, individualisés et détachés. Les ongles sont détaillés et peints en blanc. Les chevilles et les talons ne présentent pas de détails significatifs.

 

Ces cercueils en costume des vivants n’existent pas avant la XVIIIe dynastie. Le modelé du personnage est caractéristique du style post-amarnien, de même que son costume et sa coiffure.

 

Historic

Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian en mai 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 75, "Partie supérieure d'un sarcophage anthropoïde en bois stuqué et peint. Le défunt est coiffé d'une perruque double, et sa poitrine est ornée d'un grand collier à trois rangs. Il a les bras pendants, légèrement ramenés devant lui à la hauteur des genoux. Il porte le mantelet et la longue robe à plis. Son nom est donné par une ligne verticale d'hiéroglyphes noirs, sur fond jaune, qui part du milieu de la ceinture. On voit par cette ligne, malheureusement très abimée, qu'il était "scribe", propphète d'Horus..." Le nez est mutilé, les pi eds manquent. Haut. 1m87. Larg. 45 cent. Estimé dix huit cent francs. [dessin]"

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Historic comment

Le sarcophage fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Ouchebti momiforme

Serviteur funéraire en bois

Égypte > Provenance inconnue
Nouvel Empire > époque ramesside d’après le style
H. 15,9 cm ; L. 3,6 cm ; P. 2,8 cm
Bois de jujubier
Co. 2408
 

Comment

State of preservation

Bon état général, même si la polychromie est usée et  par endroits, pulvérulente, notamment au niveau de la perruque. Le bois présente de grandes fentes de dessiccation dans le sens du fil. La base – et avec elle, une partie des pieds – est manquante.

Description

Ce serviteur funéraire, sculpté dans du bois de jujubier, possède un aspect particulièrement élancé et fin, bien que la tête soit plus volumineuse. Certains détails sont peints en noir, au même titre que les inscriptions hiéroglyphiques.
 
Le défunt, représenté sous l’aspect d’un serviteur funéraire, est coiffé d’une perruque tripartite qui retombe de part et d’autre du corps avec un léger biseau. Le visage, modelé, est bien détaillé. Cependant, seuls les yeux et les sourcils ont été rehaussés de la peinture noire, contrairement au nez et à la bouche. Un large collier est encore visible sous la perruque, signifié par quatre traits noirs rappelant les rangs de perles.
La taille, bien marquée, est accentuée par la position croisée des bras. Signifiés grâce à une simple saillie, ces membres ne sont pas détaillés. Les mains, et les outils agricoles – des houes – qu’elles tiennent, ont simplement été peints. Les jambes, longues et non marquées, servent de support à une colonne de hiéroglyphes. 
À l’arrière, un sac de graines est flanqué dans le dos du serviteur. Celui-ci, comme les autres outils agricoles, n’est pas détaillé et fut simplement peint sommairement par l’artiste.
 
Dans l’au-delà égyptien antique, comme sur terre, de nombreux travaux devaient être menés afin de rendre cultivables les parcelles présentes dans les « champs des offrandes ». De telles besognes, nécessaires à la survie des défunts, pouvaient alors être réalisées par des serviteurs funéraires – nommés chaouabti ou ouchebti –, des substituts au mort qu’ils représentaient.
Les premiers serviteurs funéraires apparaissent à l’extrême fin du Moyen Empire, à partir de la XIIIe dynastie. Néanmoins, ce n’est qu’à partir du Nouvel empire que la production de ces figurines se normalise et se généralise. Jusqu’à la XXe dynastie, les serviteurs funéraires sont désignés dans les textes égyptiens sous l’appellation chaoubti, un terme qui pourrait être dérivé du vocable chaouab qui sert à désigner le bois constituant une statuette. Une autre explication serait que chabou désignerait des offrandes alimentaires, dont le serviteur funéraire, grâce à ses travaux, est pourvoyeur. À partir de la XXIe dynastie, la désignation des serviteurs funéraires évolue. En effet, sur les figurines de Pinedjem I ou II (Louvre E766), c’est le mot ouchebti qui est employé. Construit sur le verbe oucheb pour signifier « celui qui répond », ce changement de mot témoigne d’une évolution de la conception du statut de ces statuettes funéraires. Longtemps considérées comme des substituts au mort, à partir de la Troisième Période intermédiaire – et de manière plus systémique à partir de la Basse Époque –, ces figurines deviennent des serviteurs dont on achète le travail.
 
Quelle-que-soit la période, les serviteurs funéraires ont pour vocation de suppléer le défunt. Ce rôle est bien décrit dans les textes funéraires, notamment dans la formule 472 des Textes des sarcophages qui s’intitule « Formule pour permettre que des chaouabti fassent le travail de leur maître dans la nécropole ». Après avoir énuméré les activités auxquelles les serviteurs funéraires devaient participer – enlèvement de briques vers les confins du plateau désertique, enregistrement des rives, ameublissement de nouvelles marges humides pour le roi régnant –, le défunt s’adresse aux figurines et les enjoint à saisir leurs outils agricoles. Au Nouvel Empire, ce rôle conféré aux serviteurs funéraires est mentionné dans le chapitre 6 du Livre pour sortir au jour (mieux connu sous l’appellation « Livre des morts »). C’est généralement ce texte qui est inscrit directement sur les statuettes.
 
À partir du début du Nouvel Empire, les serviteurs funéraires arborent deux outils agricoles, placés conte leur poitrine : une houe à soc large et une houe à pic. Dans leur dos, un sac de semence est généralement figuré. Mais, comme le suggère la formule des Textes des sarcophages, l’utilisation de ces différents outils ne se limite pas aux travaux agricoles, puisqu’ils sont également en lien avec l’artisanat des briques ou des travaux des berges, soit avec le travail de la terre en général. 
 
Au cours du Nouvel Empire, la production des serviteurs funéraires se diversifie. On remarque alors une certaine richesse dans les matériaux employés (pierre, faïence égyptienne, terre cuite, bois), mais aussi des postures, des coiffures et des vêtements représentés. Certaines statuettes, notamment celles des rois et des reines, sont fabriquées dans des matériaux nobles et sont particulièrement bien détaillés et soignés (Louvre E11105 ;  Louvre N2247 ; Louvre N438).
Durant l’époque ramesside, certains serviteurs funéraires sont produits entièrement en bois d’acacia ou de jujubier de façon relativement sommaire. Peu détaillés, les objets sont généralement grossiers et les éléments indispensables, comme les mains et les outils agricoles, ne sont signifiés que par la peinture (BM EA71280 ). Par la suite, la production de serviteurs funéraires en bois semble se raréfier, au profit de statuettes sommaires en faïence égyptienne.
 
L’objet Co. 2408 conservé au musée Rodin est donc un chaouabti, un substitut du défunt chargé de réaliser à sa place les travaux en lien avec la terre dans l’au-delà. Sculpté dans du bois de jujubier et peint, il est tout à fait caractéristique de l’époque ramesside.
 

 

Inscription

Une colonne de hiéroglyphes peints sur la face antérieure.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon/pavillon de l'Alma/vitrines 23 et 24, 539, Petit ushabti en bois peint en jaune. Une ligne verticale d'hiéroglyphes peints en noir. Haut. 16 cent. Estimé trois francs.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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Socle de Ptah-Sokar-Osiris

Égypte > provenance inconnue  

Probablement Epoques tardives > 664-30 avant J.-C. 

[voir chronologie]

Bois polychromé (Figuier sycomore) 

H. 6,5 cm  ; L. 11,5 cm  ; Pr. 23 cm  

Co. 6554 

Comment

State of preservation

L’objet est en assez mauvais état de conservation  ; le bois et la polychromie sont altérés. Le socle, sain aujourd’hui, porte les stigmates d’une attaque fongique ancienne, due à un séjour prolongé en milieu humide. Les faces antérieures et postérieures du socle sont tronquées. Des traces de couches picturales sont visibles sur les deux côtés. Elles sont pulvérulentes et n’adhèrent plus au bois. 

Description

Ce grand socle de bois monoxyle constituait la base d’un groupe statuaire, dont les figurines sont aujourd’hui manquantes. Le socle a été réalisé dans une grande pièce de sycomore (Ficus sycomorus L., voir ASENSI AMORÓS 2019). Les faces avant et arrière du socle sont tronquées. Ayant ainsi perdu leur enduit, elles laissent apparaître une coupe transversale du tronc, allant jusqu’au cœur du bois utilisé. La polychromie est presqu’entièrement perdue, mais des traces de couches picturales s’observent sur les deux faces latérales du socle. Une couche préparatoire d’enduit ocre clair, appliquée directement sur le bois, est conservée par endroit. Un décor peint, dont les pigments ont imprégné le bois, alterne des bandes verticales ocre jaune, ocre rouge, ocre brun-noir.  

 

Le socle est creusé en sa face supérieure de deux cavités, de dimensions inégales. La première, plus petite mais légèrement plus profonde, est carrée (4,5 cm de côté et 3,5 cm de profondeur) ; l’autre est rectangulaire ; elle mesure actuellement 6,2 cm de longueur (l’une des extrémités est incomplète), 3,2 cm de largeur et 2 cm de profondeur. Deux compositions plus complètes permettent de comprendre la fonction de ce socle, support très probable d’une image de Ptah-Sokar-Osiris. D’une part, le Ptah-Sokar-Osiris Inv. N° 86.1.88a-d d’époque saïte, du Metropolitan Museum of Art de New York (voir https://www.metmuseum.org/art/collection/search/551504). Deux statuettes sont encastrées sur un long socle : une grande divinité momiforme, Ptah-Sokar-Osiris, et un petit faucon momifié, Sopdou (sur la divinité protectrice Sopdou, voir SCHUMACHER 1988). Enveloppé dans un linceul, Ptah-Sokar-Osiris arbore un large collier-ousekh et porte une couronne-shouty, constituée de cornes de bélier surmontées de deux plumes d’autruche et d’un disque solaire. Celle-ci est caractéristique de ce dieu, puisqu’elle est à l’origine associée à Ptah, dont Ptah-Sokar-Osiris est une forme syncrétique. On remarque également, sur l’exemplaire du Metropolitan Museum, les chairs et la chevelure vertes de la divinité, références cette fois à son aspect osirien, puisque ce dieu, après avoir été tué par Seth puis momifié, arbore une carnation verte à noire, symbole de richesse et de résurrection, noir de la terre arable ou vert de la végétation. La petite image de Sopdou est allongée sur un long couvercle servant à obturer une trappe. Un paquetage de bandelettes, reprenant la forme d’un faucon, a été déposé dans la cavité. Le contenu de ce paquetage n’est pas connu, très probablement un fragment de papyrus inscrit ou un simulacre de faucon momifié. L’autre figure, le Ptah-Sokar-Osiris Inv. N° 15241 d’époque tardive du musée archéologique national de Madrid (voir http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=7480), permet de comprendre le motif peint en alternance qui ornait le socle Co. 6554. La base de Madrid est peinte sur tous les côtés d’un motif à redans ocre rouge, ocre-jaune et vert-noir, évocation des murs d’enceintes qui protégeaient les complexes funéraires royaux dès les débuts de l’histoire égyptienne (voir par exemple, pour la IIIème dynastie, le complexe funéraire de Djéser à Saqqarah). 

 

Le socle du musée Rodin correspondrait donc à la base d’une statuette de Ptah-Sokar-Osiris, élément caractéristique du mobilier funéraire égyptien de l’époque tardive, notamment aux XXVème et XXVIème dynasties (sur la typologie de ce type de statuettes, voir RAVEN 1978-1979). Placée dans le trousseau funéraire, la composition sophistiquée d’un Ptah-Sokar-Osiris participait à la résurrection du défunt et la protection de son corps dans l’au-delà. Auguste Rodin avait acquis sept autres statuettes de Ptah-Sokar-Osiris, les Co. 663, Co. 665, Co. 666, Co. 2444, Co. 3401, Co. 3402 et Co. 3585. Plus complètes, elles ont conservé l’image de la divinité momiforme représentée, syncrétisme de trois dieux  : Ptah, Sokar et Osiris. Il est probable de restituer qu’une figure de Path-Sokar-Osiris de ce type était placée dans la cavité de section carrée du socle Co. 6554. Les dimensions de la cavité rectangulaire suggèrent qu’elle était obturée par un panneau coulissant, supportant peut-être une figurine miniature, et qu’elle contenait un fragment de papyrus inscrit, ou un paquetage en forme de momie.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : 552 bis, "Fragment d’un socle en bois, en très mauvais état de conservation. Il est percé de deux cavités dont l’une a dû recevoir le tenon d’une statue osiriforme et l’autre un oiseau Akhem, ving trois cent. sur six, sans valeur."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

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Homme debout, dans l'attitude de la marche

Égypte > provenance inconnue 

Probablement 2e moitié du Moyen Empire

[voir chronologie]

Bois (figurine en acacia antique  ; socle en pin moderne) 

Statuette  : H. 61,1 cm  ; L. 12 cm  ; Pr. 6,5 cm 

Socle  : H. 4,7 cm  ; Lg. 23,3 cm  ; La. 12,5 cm 

Co. 3399 

 

Comment

State of preservation

L’objet est encore en bon état de conservation malgré plusieurs altérations du bois. La statue présente de larges fissures transversales et des fentes plus petites en divers endroits de la tête et du corps. L’état actuel de la surface de cette statuette est en partie dû à une ancienne attaque de pourriture cubique qui a entraîné des soulèvements du bois, notamment sur la tête et les bras. Par ailleurs, le pouce et l’annulaire de la main droite ont été arrachés, et l’élément cylindrique rapporté que serrait le poing droit a disparu. L’objet rapporté, tenu dans la main gauche, serait sectionné à ses deux extrémités.   La partie inférieure de la jambe gauche a été brisée et une longue cassure en diagonale reste visible au milieu du mollet. De par les multiples fissures et brisures des membres inférieurs, les pieds de la figurine ne suivent pas leur axe d’origine. 

Description

Cette statuette représente un homme nu, placé debout sur un socle. Ce socle n’est pas d’origine mais correspond à une présentation moderne. Jambe gauche avancée dans l’attitude de la marche, ses bras s’étendent le long du corps. Ses deux poings sont fermés, le poing gauche enserrant un objet cylindrique rapporté, aujourd’hui sectionné à ses deux extrémités. Il semble probable d’y voir un petit rouleau de tissu, accessoire classique de la statuaire, notamment àpartir de la IVe dynastie. L’élément que tenait le personnage dans son poing droit a complètement disparu. Sur son crâne, les traces d’une légère couche noire indiquent qu’une chevelure naturelle y était peinte. Le reste du corps ne présente aucune autre polychromie. 

 

L’objet est composé de plusieurs éléments. La partie principale est constituée de la tête, du torse et des jambes, délicatement sculptés dans un morceau de bois d’une longueur conséquente (environ 60 cm). Les deux bras et la partie antérieure des pieds sont rapportés et maintenues à l’aide d’un système de tenons et mortaises, caractéristique de ce type d’objet. Des chevilles de bois, ou des cavités rondes désormais vides, sont également visibles par paire sur le torse et la face avant des bras, sur la poitrine, de même que sur les côtés de la jambe gauche, aux alentours de la cassure. La statue, sculptée dans un morceau d’acacia antique (Acacia raddiana Savi), a été montée à une époque proche de son arrivée sur le marché de l’art sur un socle peint en noir, confectionné en pin sylvestre moderne (Pinus cf. sylvestris L.) (voir ASENSI AMORÓS 2018). 

 

Le personnage se caractérise par sa silhouette élancée et ses membres exagérément allongés. Ses larges épaules soutiennent des bras longilignes, qui s’arrêtent bien au-delà du milieu de la cuisse. Ses mains sont longues et fines ; les ongles sont soigneusement matérialisés. Le torse, bien que très mince, reproduit subtilement le modelé des pectoraux. Des tétons y étaient rapportés, dont il ne reste aujourd’hui que les cavités. La taille est fine, les hanches étroites. Les proportions des jambes reproduisent le même allongement que celles des bras. L’homme, jeune, est nu. Son entrejambe n’a pas été complètement dégagé, laissant imaginer que cette statuette était destinée à être recouverte par un vêtement en tissu. Cet artifice permettait peut-être aussi de renforcer l’ensemble, l’artisan ayant eu conscience que la dimension conséquente du morceau de bois fragilisait la statuette (la présence de trois petites chevilles de bois antiques, réparties de part et d’autre de la cassure de la jambe gauche, serait l’indice d’une consolidation antique). De nombreux détails attestent du soin qu’il a apporté à son travail : le sillon dorsal, le nombril, le fessier, mais aussi les pommettes et les ongles. Malheureusement, les multiples fractures du bois au niveau des chevilles, ainsi que le montage moderne sur un socle de présentation, les ont désaxées, modifiant ainsi l’esthétique de la position des pieds.  

S’ajoutant à l’élancement marqué du corps, les formes individualisées des traits du visage accordent à cette statue funéraire la vision du portrait d’un homme, à la jeunesse aboutie. Les yeux sont grands, étirés, les paupières méticuleusement recouvertes de fard. Les oreilles sont trop grandes par rapport au visage mais le profil du nez rétabli l’équilibre des traits. La bouche, aux lèvres pulpeuses et entrouvertes, est souriante.  

 

Les statuettes en bois sont relativement difficiles à dater du fait de l’existence d’archaïsmes volontaires de la part des artisans.  

L’attitude adoptée par le personnage (debout, les bras tombant le long du corps, les points serrant de petits rouleaux de tissus) est classique, utilisée tant à l’Ancien qu’au Moyen Empire (VANDIER 1958, p. 227). Elle peut se retrouver ponctuellement au Nouvel Empire.  

Malgré les détails assez originaux du visage, notamment la petite bouche et la rondeur des yeux, d’autres indices reprennent un style remontant à l’Ancien Empire. On peut par exemple citer les cheveux très courts, enveloppant le crâne du personnage comme une calotte (type W.2 selon HARVEY 2001, p. 655). Si ce type de chevelure naturelle existe dès l’Ancien Empire, comme l’atteste la statue fragmentaire de la tombe de Chédou datant du règne d’Ounas ou de Téti (fin de la Ve / début de la VIe dynastie ; HARVEY 2001, p. 564-565 : n° D3), il est très rare de la retrouver chez les statues de particuliers à partir du Nouvel Empire (VANDIER 1958, p. 31). Ainsi, la célèbre statue de Khâ, retrouvée dans la TT8 de Deir el-Médineh et conservée au musée égyptologique de Turin, fait montre de caractéristiques très différentes de la Co. 3399  : une large perruque évasée à mèches tombant jusqu’aux épaules, des proportions plus massives et une large jupe à devanteau (SCHIAPARELLI 2007-2008, p. 64-65 : fig. 32). 

 

La statue de Meryrê-Hachtef (fin de la VIe dynastie), prêtre lecteur et ami unique du roi, conservée à la glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague (Inv. N° ÆIN 1560 in JØRGENSEN 1996, p. 94-95 : N° 34), présente beaucoup de similitudes avec celle du musée Rodin. Trouvée dans sa tombe à Sedment, la statue le représente serrant dans son poing droit un petit rouleau de lin blanc, tout à fait semblable à l’accessoire conservé dans le poing gauche de la statue Co. 3399. Si sa tête est coiffée d’une perruque courte à petites boucles, il est également représenté entièrement nu, en position de marche et le système d’assemblage des avant-pieds aux chevilles est identique à celui du musée Rodin. Néanmoins, la statue de Copenhague est en meilleur état de conservation et possède son socle d’origine. De plus, la sophistication du rendu des modelés du corps de Méryrê-Hachtef est nettement supérieure à celle de la statue Rodin Co. 3399, bel exemple de la maîtrise des artisans de l’Ancien Empire. Autre figure en bois de grande taille (45 cm de haut), la statue du musée royal de Mariemont Inv. N° Ac.67/44 présente elle aussi un système d’assemblage identique à celle de Rodin. Elle est datée du début du Moyen Empire (Luc DELVAUX in DERRIKS, DELVAUX 2009, p. 54-55). 

 

Les statues funéraires nues, tout particulièrement spécifiques à la VIe dynastie et à la Première Période intermédiaire, se font plus rares au Moyen Empire. On peut ainsi comparer la statuette Co. 3399 avec deux statues de la VIe dynastie, celle du fonctionnaire Tjéti (British Museum Inv. N° 29594, https://www.britishmuseum.org/collection/object/Y_EA29594 ), ou encore avec la statue du dignitaire Hema, conservée au Musée de Baltimore (Inv. N° WAG.22211, voir HARVEY 2001, p. 594-595 : n° AS4). Les trois statues ont en commun leur nudité, mais surtout leurs membres exagérément longilignes et leurs yeux légèrement plus larges que le canon égyptien ne l’admet habituellement. Cette élongation caractéristique des membres et ces distances prises avec les canons de représentation égyptiens sont si caractéristiques des statues en bois de la VIe dynastie et de la période suivante qu’elles sont souvent désignées sous le nom de «  second style  » suite aux travaux d’Edna Russmann (RUSSMANN 1995), par contraste avec le style plus classique des statues en bois des dynasties précédentes (citons par exemple le fameux «  Cheikh el-Beled » de la Ve dynastie du Musée du Caire Inv. N° CG 34, caractérisé par un modelé hyperréaliste des membres et des détails anatomiques, voir http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=14910). Il est également plus fréquent que les statues de ce «  second style  » fassent montre de la même nudité infantile que la statuette Co. 3399. La nudité étant l’apanage des figurations d’enfants, il est parfois suggéré que représenter un défunt sous cette forme faisait référence à sa nouvelle naissance, vécue après la mort.  

 

Hors contexte de découverte, il est difficile de dater avec précision la statue Co. 3399, image du défunt déposée dans sa tombe. Cependant, le faisceau d’indices indiquerait une datation probable au début du Moyen Empire.

Inscription

Anépigraphe. 

Historic

Acheté par l'antiquaire Joseph Altounian à Louxor en 1912 et expédié à Paris à l'antiquaire Joseph Brummer  le 1er avril 1912.

Acquis par Rodin auprès de Joseph Brummer le 3 juin 1912.

 

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 267, "Grande statue en bois d'un personnage entièrement nu. Il est debout, les bras collés au corps, dans les attributs de la marche, la jambe gauche en avant. Crâne rasé, la tête est légèrement penchée à droite. Masque trapu et ramassé, oreilles très grandes. Style grêle et efflanqué des 11e-12e dynasties. Hauteur (sans le socle moderne) 61 cent. Les pieds (le pied gauche au moins) sont refaits. 1000 francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

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Ouchebti momiforme

Égypte > provenance inconnue 

Probablement Nouvel Empire, XVIIème ou début de la XVIIIème dynastie > 1650-1550 avant J.-C. > 1550-1295 avant J.-C.  

[voir chronologie]

Bois (Figuier sycomore) 

H. 19,5 cm  ; L. 7 cm  ; Pr. 5,4 cm 

Co. 2389  

Comment

State of preservation

L’objet est en mauvais état de conservation. On devine les traces d’une attaque ancienne de champignons jaune clair, qui a fragilisé les fibres en épaisseur. L’œuvre est parcourue de nombreuses fentes, plus ou moins profondes. On remarque également un petit manque sur le devant, sous la barbe postiche, et les reliefs sont de manière générale extrêmement émoussés. Toute la partie inférieure a disparu. Malgré une intervention qui a redonné au bois une certaine cohésion, celui-ci demeure très altéré, asséché et craquelé  ; la figurine reste fragile.  

Description

Pour autant que l’usure du bois permette d’en examiner les détails, ce chaouabti momiforme placé debout, jambes jointes, a le corps et les bras enserrés dans un suaire dont seule émerge la tête. Il arbore une perruque tripartite et une longue barbe postiche. Aucun enduit préparatoire ni aucune couche de polychromie ne semblent subsister en surface. Malgré l’altération de la statuette, on distingue un long visage ovale, des yeux étirés et peu ouverts, l’esquisse d’un nez droit et une bouche qui semble large et plutôt fine. On remarque également le contour de deux grandes oreilles placées devant la perruque. La forme du chaouabti dénote l’absence de bras. L’état de conservation de l’œuvre du musée Rodin ne permet pas de déterminer si le personnage tenait entre ses mains des outils agricoles ou portait un sac de grains suspendu dans le dos (Chaouabtis 2003, p. 28 et 31).  

 

Également appelés ouchebtis ou chabtis («  répondants  ») à partir de la Troisième Période intermédiaire et plus spécifiquement aux alentours de la XXIème dynastie, les chaouabtis  -des mots shaouabty «  statuette en bois  », ou/et shebi «  remplacer  » (Chaouabtis 2003, p. 11)-, sont en effet des serviteurs funéraires déposés dans les tombes, destinés à travailler pour le défunt dans l’au-delà et à assurer les corvées à sa place. Leur existence est attestée à partir de la fin du Moyen Empire. Néanmoins, au cours de cette période, ce sont plus généralement des «  modèles  » majoritairement en bois, petites figurines de travailleurs masculins ou féminins représentés en activité, que l’on retrouve dans les tombes. Il s’agit en particulier de brasseurs, de boulangers, de bouchers, figurines dont la présence dans les tombeaux est attesté dès l’Ancien Empire (pour un exemple de cuisinier en calcaire de la fin de l’Ancien Empire ou de la Première Période intermédiaire, voir la statuette du musée Rodin Co. 6434). Si dans les deux cas (chaouabtis ou modèles), ces figurines représentent des travailleurs affairés pour un membre de l’élite, les «  modèles  » font plutôt référence au défunt en tant que fonctionnaire zélé, capable de veiller à l’approvisionnement de son culte funéraire tandis que dans le cas du chaouabti, l’accent porte bien plus sur la possibilité qu’il bénéficie, dans l’au-delà, de serviteurs destinés à l’assister. En effet, au terme d’un parcours difficile et semé de dangers, le défunt est confronté à une vie en miroir de l’existence terrestre, où il lui est demandé d’assurer sa subsistance en cultivant des champs. Les chaouabtis permettent aux membres de l’élite de se soustraire à cette obligation, en se faisant remplacer par autant de doubles ou «  substituts  » que nécessite leur statut social, chargés par la magie des textes inscrits sur la figurine d’exécuter les corvées en leur nom. L’état actuel de la figurine Co. 2389 ne permet pas de déterminer si elle était inscrite ou non d’un texte, comportant le nom de son propriétaire et une formule magique succincte, tirée du Livre des Morts, et destinée à l’animer.  

 

Ce qui est conservé de la silhouette générale de ce chaouabti permet de le rapprocher de la catégorie des «  stick shabtis » ou «  ouchebtis-bâtons  » de la XVIIème et du début de la XVIIIème dynasties. De tels objets présentent en général peu de couleurs, seuls les traits du visage ou les lignes de textes étant peints en noir, ce qui s’accorderait avec la statuette du musée Rodin. Il est possible de la comparer avec d’autres chaouabtis mieux datés, celui du fonctionnaire Ipu daté de la XVIIe dynastie et exposé au Pelizaeus Museum d’Hildesheim (Inv. N° 6014 http://www.globalegyptianmuseum.org/record.aspx?id=11516), au chaouabti de Sapair, daté de la XVIIème ou de la XVIIIème dynastie et conservé au British Museum (Inv. N° EA 54835, https://www.britishmuseum.org/collection/object/Y_EA54835). La figurine du musée Rodin était peut-être déposée dans un cercueil, comme le chaouabti daté des XVIIème à XVIIIème dynasties retrouvé dans la tombe CC 43 par lord Carnavon et H. Carter à Thèbes (Assassif, Dra Abou el-Nagga) n° 14-10-10a-c, conservé au Metropolitan Museum of Arts de New York (https://www.metmuseum.org/art/collection/search/552366) ou, conservé dans le même musée, le chaouabti Inv. N° 90.6.93a-c, daté du règne de Thoutmosis III ((https://www.metmuseum.org/search-results#!/search?q=shabti%2090.6.93a-c%20). 

 

Outre l’allure générale et l’iconographie de la figurine, d’autres indices font également pencher vers une datation comprise entre l’extrême fin de la Deuxième Période intermédiaire et le début du Nouvel Empire. Ainsi, le matériau employé (un morceau de sycomore) indique la période comprise entre la XVIIème dynastie et la fin du Nouvel Empire, pendant laquelle le bois est particulièrement prisé, essentiellement les espèces indigènes à l’Egypte (tamaris, l’acacia et figuier sycomore).  

 

En conclusion, la figurine funéraire Co. 2389 daterait très probablement du Nouvel Empire, peut-être plus particulièrement des tout débuts de cette période (XVIIème-XVIIIème dynasties). Elle était vraisemblablement associée à d’autres chaouabtis réunis dans un coffret, et peut-être même issue d’un trousseau funéraire royal ou princier comme le suggère la présence d’une longue barbe postiche osirienne, attribut généralisé aux particuliers plus tardivement. 

Inscription

Anépigraphe. 

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Avant-pied droit féminin

Égypte > provenance inconnue

Probablement Ancien Empire > 2700-2100 avant J.-C.

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 6,5 cm  ; L. 15,5 cm  ; Pr. 7,5 cm  

Co. 6427 

Comment

State of preservation

L’objet est en assez bon état de conservation. Le bois est sain, mais la polychromie est altérée. La couche picturale ocre jaune, en particulier, est pulvérulente et présente de nombreux soulèvements. Le bois est apparent en plusieurs endroits sur le dessus du pied. Un petit enfoncement est visible sur la partie droite de l’œuvre, au-dessus du petit orteil.

Description

L'objet Co. 6427 correspond à la partie antérieure d’un pied droit. La carnation est peinte en ocre jaune, ce qui, selon les canons de représentation égyptiens, indique que l’œuvre appartenait plus probablement à une figure de femme, les hommes ayant le plus généralement une carnation brun-rouge. Ce fragment d’avant-pied provient très certainement d’une statue en bois presque grandeur nature. Les deux petites chevilles de bois, visibles sur le dessus du pied et au revers sous les orteils, ainsi que dans la cavité visible à l’arrière, au bas de la section dépourvue de pigment, sont les vestiges d’un système d’assemblage par tenon-mortaise, caractéristique de ce genre de sculpture. Par ailleurs, cet élément semble trop lourd pour provenir d’un couvercle de momie. 

 

Ce pied est admirable par sa taille, ses proportions et son traitement réalistes. Les volumes sont bien représentés, notamment le coup de pied et la voûte plantaire, ainsi que l’épaississement de la peau à la base des orteils, donnant l’illusion que le pied est bien posé au sol. Les orteils sont longs, bien espacés, et les ongles représentés par un léger surcreux dans le bois. On note l’alignement et la taille presque naturalistes des orteils, prenant en compte la courbure de l’auriculaire, ainsi que le fait que le doigt du milieu est, en général, plus long et plus haut que tous les autres.  

 

Quoiqu’également enduit d’un badigeon préparatoire de couleur crème, le revers ne présente aucune polychromie. Son traitement est plus sommaire : la voûte est plate, les orteils plus grossièrement taillés. Ces éléments, de même que l’existence de la cheville traversant le pied de part en part, donnent à penser que celui-ci était fixé sur un socle.  

 

Un parallèle peut être établi avec un autre objet du Musée Rodin, la partie antérieure d’un pied gauche d’homme (inv. N° Co. 3400). L’essence des deux objets est différente ; le pied féminin Co. 6427 a été réalisé en tamaris, le pied masculin Co. 3400 en acacia du Nil (ASENSI 2019). De couleur ocre rouge, ce dernier est de plus petite taille que Co. 6427 et arbore un modelé plus pointu, les orteils longs et fuselés étant très espacés les uns des autres. Les deux objets possèdent néanmoins un plan d’assemblage presqu’identique  : une première cheville de bois traverse le pied de part en part pour venir le fixer dans un socle aujourd’hui disparu, et une seconde maintient le pied à la partie inférieure de la jambe. Cet assemblage est assez commun pour ce type de sculpture. Un exemple de la XIXe dynastie illustre ce système de maintien, en négatif : la statuette de jeune femme Inv. N° 3105 de la collection Drovetti du Musée de Turin, dont les pieds sont manquants (SCAMUZZI 1966, pl. LXXI  : «  Une jeune femme  »).  

 

Un autre rapprochement peut être fait avec un avant-pied droit masculin, conservé à l’Ashmolean Museum d’Oxford (Inv. N° E 1970). Réalisée en bois et recouverte d’une polychromie ocre rouge, l’œuvre d’Oxford est elle aussi quasi grandeur nature, et montre un modelé délicat et réaliste très proche de celui de Co. 6427. Ce fragment de pied, daté de la Ve dynastie, proviendrait de Dechacha.  

 

Il semble plausible de suggérer que le fragment de pied Co. 6427 provient de la représentation funéraire d’une femme, elle-même propriétaire de la tombe ou épouse du défunt (tout comme Co. 3398, par exemple). La taille du pied semble écarter la possibilité d’y voir une statue féminine en porteuse d’offrandes (telle Co. 2348). S’il n’y a pas assez d’éléments probants pour confirmer une datation fiable, le rapprochement avec l’avant-pied conservé à Oxford permet cependant de suggérer une datation remontant à l’Ancien Empire.

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 428, "Pied droit en bois stuqué et peint en jaune. Long. 15 cent. 1/2. Estimé quinze francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

Historic comment

Le pied fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Fragment de masque de cercueil

Égypte > provenance inconnue

Probablement Nouvel Empire à époques tardives > 1550-30 avant J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois anciennement polychromé

Fragment 1 (profil droit)  : H. 13 cm ; L. 6,3 cm  ; Pr. 1,5 cm

Fragment 2 (face droite)  : H. 14 cm  ; L. 5 cm  ; Pr. 2,2 cm

Fragment 3 (face gauche)  : H. 14 cm  ; L. 6,2 cm  ; Pr. 2,3 cm

Fragment 4 (profil gauche)  : H. 14 cm  ; L. 5,5 cm  ; Pr. 2 cm

Fragment 5 (morceau brisé du profil gauche)  : H. 13 cm  ; L. 2 cm  ; Pr. 1 cm

Co. 5679

Comment

State of preservation

L’objet est en assez mauvais état de conservation. L’œuvre est fragmentaire et la polychromie a presqu’entièrement disparu, bien que le bois soit sain.

Description

Co. 5679 est un masque d’homme. Réalisé à échelle réelle selon les canons égyptiens, il est composé de quatre fragments, le profil droit, la face droite, la face gauche et le profil gauche. Ce dernier est en deux fragments brisés, recollés en 2019. La coiffure, le nez et la barbe postiche ont disparu. La bouche est effacée mais les commissures des lèvres se devinent encore. Les incrustations des sourcils, des yeux, des traits de fard, ainsi que de l’attache de la barbe postiche sur les joues manquent.

Des traces d’enduit badigeonné s’observent ponctuellement en surface ainsi que celles d’une matière bitumineuse noire. Des restes d’or subsistent, en particulier dans le haut du visage, par exemple sous la tempe droite, au départ de l’attache de la barbe postiche creusée dans le bois. La partie supérieure du masque présente des marques de sciage, au niveau de la coiffure. La partie inférieure porte les marques d’une structure sur laquelle le masque reposait et dont il est aujourd’hui désolidarisé.

On remarque la présence de nombreux percements circulaires. Au nombre de vingt-neuf, ils s’égrènent sur l’ensemble du visage, et plus spécifiquement sur le front, les coins externes des sourcils, les tempes, les yeux, à la place du nez, au bas des joues et sur le menton. le profil droit en possède trois (dans la gorge du sourcil, sur la tempe et en bas de la joue droites) ; la face droite huit (sur le front, dans l’œil droit, au niveau du nez et sur le menton) ; la face gauche neuf (sur le front, dans l’œil gauche, près du nez, sur la joue et le menton) ; et enfin le profil gauche huit (dans la gorge du sourcil, au niveau de la tempe, et du bas de la joue).

Il est possible que certaines cavités soient des trous d’envol, vestiges d’une ancienne attaque d’insectes xylophages. Mais d'autres peuvent être des logements de chevilles de bois, traces d’un plan d’assemblage par tenon-mortaise, permettant également à des éléments rapportés d’être fixés. Leur nombre au niveau de la zone du nez laisse penser que ce dernier a pu être un élément rapporté, de même que ceux du front pourraient avoir servi à fixer une coiffe ou une coiffure, et ceux du menton une barbe postiche en ronde-bosse. D’autres témoigneraient d’un possible remploi du bois. Tout comme la pierre, le bois était une matière souvent réutilisée en Égypte ancienne.

On peut également envisager une intervention contemporaine sur ce masque, la division de ce type d’objet n’étant pas une pratique égyptienne habituelle. Dépouillé de ses incrustations et dorures d’origine, ce masque funéraire réalisé dans un bois dense et foncé de type ébène était de nature à attirer l’attention d’un artiste tel que Kichizo Inagaki. Ce sculpteur japonais est en effet intervenu à plusieurs reprises sur la collection à la demande de Rodin, pour protéger et mettre en valeur des pièces fragiles destinées à être manipulées par des artistes en formation (voir, par exemple, le modèle de relief double-face Co. 5838, enchâssé dans un cadre en bois exotique). Il n’est donc pas exclu qu’Inagaki ait amorcé un travail d’encadrement sur ce masque, ce qui expliquerait ces découpes soignées de la face en quatre parties.

Pour un autre exemple de visage isolé de son ensemble, voir l'élément de cercueil en bois Musée du Louvre Inv. N° E 22910 in https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl0052302.

Inscription

 

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 54, "Masque osirien (ou masque de roi traité en Osiris ?) en quatre morceaux, les yeux, les sourcils, la barbe, etc.. sont profondément creusés et comportaient des incrustations. bois, haut. Moyenne, 14 cent. Estimé trois cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

Le masque fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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Homme debout

Statuette de défunt

Égypte > provenance inconnue 

Probablement Moyen Empire > 2033-1710 av. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois

H. 47,3 cm  ; L. 7 cm  ; Pr. 10 cm

Co. 3403

Comment

State of preservation

L’objet est en mauvais état de conservation. La statue est incomplète et le bois est altéré. Les oreilles, les bras, le téton droit, une partie des pieds et le socle d’origine manquent.   Le bois est dense, sain mais très sec, il porte les traces d’une ancienne attaque de pourriture cubique et est recouvert de fissures et de fentes verticales, de longueurs et de profondeurs variables. Les plus remarquables s’étirent sur le côté droit du visage, du sommet du crâne jusqu’au menton, sur le côté droit de la tête au-dessus de la cavité rectangulaire, sur la poitrine et sur le plan d’assemblage de l’épaule gauche.

 

 

Description

Cette statuette de bois figure un homme debout sur un socle, dans l’attitude de la marche. Jambe gauche légèrement en avant, il est vêtu d’un long pagne à devanteau, descendant jusqu’à mi-mollet. Les contours d’une coiffure courte, très légèrement incisés, sont observables autour du crâne. L’absence de polychromie ne permet pas d’affirmer si une couche de cheveux naturels était peinte en noir à l’origine. Le visage étant complètement émoussé, les traits sont difficilement discernables. On distingue cependant la trace des yeux étirés, du nez et de la bouche. Le crâne bien proportionné, le front et les pommettes hautes, les joues pleines, et le menton carré dessinent un visage long et ovale, porté par un cou mince et délié. Le reste du corps renforce cette impression de finesse et de réalisme. Le buste est relativement mince, la taille est fine, les hanches étroites. On notera le rendu particulièrement juste de la nuque, du renflement de l’estomac et du nombril. Un long pagne à devanteau, très moulant, souligne des jambes minces et une silhouette élancée.

 

Une figurine funéraire du Moyen Empire, conservée à la Glypothèque Ny Carlsberg de Copenhague (Inv. N° ÆIN 1343 in JØRGENSEN 1996, p. 154-155 : N° 61), a conservé un pagne long tissé en lin, recouvrant le pagne court modelé sur le corps en bois. Le pagne en tissu de la statuette de Copenhague donne une image concrète de celui modelé sur le personnage de la collection de Rodin, très vraisemblablement peint à l’origine. La longueur du pagne de Co.3403 n’a rien d’exceptionnel. Elle correspond à celle des statuettes en bois du chancelier Nakhti (XIIe dynastie) retrouvées dans la tombe N° 7 d’Assiout et conservées au musée du Louvre (Inv. n° E 11937 in DELANGE 1987, p. 151-153 et Inv. n° E 12002 in id. ib., p. 154-155). Il est retenu sur les hanches par une ceinture simple, laissée sans nœud de maintien ni ornement. 

Un mince pilier s’étire au revers de la statuette, d’entre les omoplates jusqu’aux talons. On constate que son axe est légèrement déporté vers la gauche. Aujourd’hui anépigraphe, il était peut-être, à l’origine, inscrit à la peinture.    Aujourd’hui monoxyle, l’œuvre était autrefois composée de plusieurs éléments : au corps, comprenant actuellement la tête, le buste, les jambes et le petit pilier dorsal, étaient ajoutés les oreilles, les mamelons et les bras, grâce à un système de tenon mortaise caractéristique. Ce dernier est tout spécialement visible au niveau des épaules : les restes d’une cheville de bois demeurent d’ailleurs dans le plan d’assemblage de l’épaule gauche. On remarque également la présence de deux cavités temporales destinées à l’encastrement de deux pièces, les oreilles le plus probablement, ou bien une perruque couvrante.

Par ailleurs, les mamelons sont figurés par deux petites pièces de bois cylindriques, encastrées dans des petits logements creusés de 0,3 cm de diamètre. On note que le mamelon droit manque. Sous les pieds, un morceau de bois taillé en forme de tenon permettait l’encastrement dans un socle, aujourd’hui disparu.

Les statuettes en bois sont particulièrement complexes à dater quand leur provenance n’est pas connue, du fait de l’existence d’archaïsme volontaire de la part des artisans. La difficulté est d’autant plus grande ici que les caractéristiques physiques du personnage sont effacées et que le pilier dorsal est anépigraphe. L’étude du pagne à devanteau peut constituer un indice. Long, tombant à mi-mollet, il arbore des stries horizontales, visibles le long des jambes, figurant un tissu plissé. Le devanteau, quant à lui, est parfaitement lisse. Ce type de pagne correspond au modèle D3a (HARVEY 2001, p. 26 et 658, fig. 3), à ceci près que celui de notre personnage arbore une ceinture plus arrondie, nettement remontée sur les hanches, et qui ne possède pas de nœud. Le pagne long à devanteau était utilisé à toutes les époques de l’Histoire égyptienne, s’allongeant plus systématiquement à partir du Nouvel Empire. Cependant, les dimensions de ce devanteau peuvent permettre d’élaborer quelques hypothèses concernant l’époque de réalisation de l’oeuvre. Si l’on compare Co. 3403 avec la statue d’Ihy, datant du début du règne de Pépi II (VIe dynastie, 2350-2200 av. J.-C), trouvée à Saqqâra dans une cache à statues (HARVEY 2001, p. 97-98 et 488-489  : B 59  ; MMA Database   : 27.9.3), les dissemblances sont frappantes, bien que la silhouette soit sensiblement la même. Debout, dans l’attitude de la marche, le pied gauche en avant, Ihy arbore une couche de cheveux naturels peinte en noir sur le crâne, et un long pagne tombant à mi-mollet, dont le large devanteau est brisé sur le côté gauche. Il manque également la main gauche, les deux pieds et les petites chevilles de bois marquant les mamelons et le nombril. Cependant les deux bras sont en place : ballant le long du corps, le poing droit tenant serré un objet cylindrique. On constate ainsi que Ihy porte un pagne semblable à Co. 3403  : si la ceinture arrondie remonte haut sur les hanches, elle ne présente pas de nœud. Néanmoins, le devanteau, formant un triangle presque parfait, est très volumineux à sa base, alors que celui de Co. 3403 est d’une largeur à peu près égale à celle des hanches. On notera également qu’il ne possède pas de pilier dorsal. Par ailleurs, le style global de la statuette d’Ihy, caractéristique de l’Ancien Empire, avec une silhouette grande, mince, assez hiératique, aux épaules larges et carrées, est assez différente de celui de Co. 3403. Ce dernier présente des traits et un aspect plus souples et déliés. Ces particularités laissent penser que Co. 3403 daterait plus sûrement du Moyen Empire.

Le parallèle avec la statuette du fonctionnaire Senbi est particulièrement édifiant (MMA Database : 11.150.27). De taille presqu’identique à Co. 3403 (la statuette de Senbi mesure 41 cm), elle figure un homme debout sur un socle, dans l’attitude de la marche, la jambe gauche en avant, les bras ballant le long du corps, poings serrés. Il porte une fine couche de cheveux naturels (dont le contour est marqué par un léger surcreux dans le bois, et peut-être anciennement par une couche de peinture noire, aujourd’hui disparue), ainsi qu’un long pagne à devanteau, tombant à mi-mollet. Il partage donc avec Co. 3403 une attitude similaire, de même que des traits réalistes, déliés et légèrement potelés. Tout comme Co. 3403, la largeur de la base du devanteau est quasiment égale à celle des hanches. La présence de polychromie, bien conservée, nous permet d’imaginer une restitution de celle de Co. 3403, en partant du principe que ce dernier était également peint. Par ailleurs, le socle de Senbi porte une inscription de deux lignes, devant les pieds, invocation d’offrandes pour le ka du fonctionnaire. Le socle originel de Co. 3403 manque, mais on peut supposer qu’il avait les mêmes caractéristiques, ou que des inscriptions du même type se trouvaient sur le pilier dorsal. On notera tout de même que la statuette de Senbi possède des yeux et des sourcils non pas peints mais incrustés (cuivre, cristal et pâte noire), et qu’elle n’arbore pas de pilier dorsal.  

En conclusion, Co. 3403 serait la représentation funéraire d’un propriétaire de tombe, et daterait vraisemblablement du Moyen Empire (2033-1710 av. J.-C.).

Inscription

Anépigraphe.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 245, "Statue d'un personnage debout, adossé à un pilier. Il est vêtu d'une shenti nouée à la ceinture. Les bras et les pieds manquent et la figure est très dégradée. Hauteur (sans le socle moderne) 43 cent. 1/2. Bois. Estimé vingt francs."

Donation Rodin à l’État français en 1916.

Historic comment

La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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