Fragment de stèle ou de paroi

Hathor à corps de femme et tête de vache tournée vers la droite

Égypte > provenance inconnue 

Premier millénaire, probablement 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 28,6 CM; L. 11,8 CM; P. 5,3 CM; Pds. 2,2 KG 

Calcaire 

Co. 949 

 

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en bon état de conservation. Le relief est brisé en son coin supérieur gauche et dans sa moitié inférieure. On remarque des griffures, épaufrures, ainsi que des éclats et traces de percussions sur l’ensemble de la surface. Le revers présente d’épaisses marques d’outil. Le montage par agrafe y est oxydé. La face est recouverte d’une couche de concrétion de calcite, qui donne un aspect brunâtre en surface (badigeon moderne ?). Aucune trace de polychromie ne s’observe à l’œil nu. De la terre est présente sur la face et sur les chants.  

 

Description

Ce fragment de relief, au contour profondément incisé, représente la déesse Hathor, incarnée dans un corps de femme à tête de vache, et dont le nom est inscrit dans la colonne de hiéroglyphes en creux placée devant elle. Hathor est ici qualifiée de  « dame de l’Occident ». 

 

La déesse, tournée vers la droite, adopte une posture classique de figurine féminine : debout, les jambes jointes, le bras tendu le long du corps, tenant dans son poing une croix ânkh, signe de vie. Bien que le second bras soit cassé, on distingue encore la silhouette du coude plié et l’amorce de l’avant-bras : la déesse tenait un sceptre vertical dont on reconnaît encore la terminaison sous forme de fleur de lotus, visible sous la colonne de texte. Il s’agit d’un sceptre fréquemment associé aux déesses, en particulier Hathor et Isis. 

 

Hathor est vêtue d’une longue robe-fourreau dépourvue de détails spécifiques. Le large pectoral qui ornait très vraisemblablement son cou, pour assurer une transition harmonieuse entre le cou d’une vache et le corps d’une femme, est indiscernable aujourd’hui. Sa tête, bucéphale, est coiffée d’une perruque tripartite à longues mèches tressées droites. Les mèches du pan latéral qui retombe sur son épaule droite sont retenues par un ruban. La déesse arbore une couronne hathorique. Un disque solaire est enserré entre une paire de cornes longues et fines, en forme de lyre ; deux hautes plumes complètent l’ensemble. Aucune trace de polychromie n’a pu être détectée, mais la face est recouverte d’une couche de concrétion de calcite, qui donne un aspect brunâtre en surface (badigeon moderne ?).  Le nombril de la déesse est figuré par un léger creux ; ses formes sont élancées.

 

Le modelé de la tête de vache ressemble beaucoup à celui des stèles de taureau Apis du 1er millénaire. L’habillement et la posture de la déesse n’offrant aucun indice chronologique particulier, il demeure donc très difficile de proposer une datation.

 

 

En raison de l’état très fragmentaire du relief, il est également impossible de connaître la teneur originelle de la scène. Hathor était peut-être accompagnée d’autres divinités ou était face à un personnage (roi, etc.). La partie supérieure du fragment étant légèrement cintrée, il ne peut être exclu d’y voir une composition assez similaire à la stèle cintrée conservée à la Glyptothèque Ny Carslberg de Copenhague où un prince ramesside effectue un acte d’offrande devant une représentation du dieu Mnévis, figuré sous la forme d’un homme bucéphale (Inv. N° ÆIN 589, JØRGENSEN 1998 p. 298-299, XXe dynastie, règnes de Ramsès IX à Ramsès XI). 

 

Hathor est la déesse de la féminité, de la fertilité, de l'amour, de la fécondité, des réjouissances et de la musique, ainsi que la désse de la nécropole. Elle a également une relation très forte à la monarchie, depuis au moins l'Ancien Empire. C’est donc une déesse tout à la fois objet de cultes populaires et officiels. Elle peut être représentée indifféremment sous la forme d’une vache, d’une femme ou sous sa forme anthropozoomorphe de femme à tête de vache, comme c’est le cas ici. Son culte à l’Ancien et au Moyen Empire regroupe des officiantes sollicitées lors des rites liés à la naissance et à la mort.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 95, "Fragment de bas relief représentant la vache Hathor debout tournée vers la droite, coiffée du disque, des cornes et d’une seule ( ?) longue plume. Devant elle sa légende. Calcaire. 28 x 11. Estimé cent francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Le relief était exposé en 1913 dans l'hôtel Biron, en préfiguration du futur musée.

< Retour à la collection