Ptah

Egypte > provenance inconnue

Nouvel Empire à Basse Époque, probablement

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 13,5 CM : L. 9,3 CM P. 8,5 CM

Calcaire

Co.02351

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Elle présente néanmoins de nombreux éclats et traces d’outils contemporains. Les traits du visage sont très émoussés ainsi que la ligne de démarcation du bonnet porté par le dieu. Le calcaire est recouvert d’un enduit préparatoire dont la couleur a adopté des teintes plus ou moins sombres selon les creux de la statuette. Aucune trace de polychromie ne semble conservée. La statuette présente des stigmates d’exposition au feu, en particulier en partie dorsale.

 

Description

Ce fragment, d’une hauteur de 13,5 cm, constitue la partie supérieure d’une statue de Ptah. Elle est cassée au niveau de la poitrine et du coude droit ; la partie inférieure a disparu. L’image du dieu est adossée à un pilier dorsal, dépourvu d’inscription. Un enduit, badigeonné en surface, a adopté des teintes plus ou moins sombres selon les creux de la statuette. Les traits du visage sont très émoussés ainsi que la ligne de démarcation du bonnet porté par le dieu. Aucune trace de polychromie ne semble observable à l’œil nu.

 

Le dieu Ptah est représenté sous son aspect momiforme habituel, le corps gainé dans un suaire d’où seules émergent ses mains. Il est coiffé d’une calotte lisse et simple, qui laisse les oreilles dégagées. Ce bonnet suit le modèle de celui portée par les forgerons et les artisans, dont Ptah est le dieu tutélaire. Les traits de son visage sont fins et harmonieux, la silhouette du dieu est svelte. Il arbore une barbe postiche tressée. Droite et à section carrée, cette barbe est l’un de ses attributs caractéristiques. Il tient dans ses mains un pilier djed simple. Le dieu tient plus généralement un sceptre composite, combinant les signes was, ankh et djed, symboles de pouvoir, vie et stabilité (voir la statuette en bois stuqué et dorée provenant de la tombe de Toutankhamon (musée du Caire JE 60739, WIKINSON 2003 p. 125 ou le relief datant de la XIXème dynastie, provenant des fouilles de Flinders Petrie dans le temple de Ptah à Memphis en 1913 et conservé à la Glyptothèque de Copenhague (Inv. N° ÆIN 1510, in  JØRGENSEN 1998, notice N° 95 p. 238-239). Sa main droite surmonte la main gauche. Les doigts sont repliés sur le sceptre sauf les pouces, laissés apparents. Les bords du long vêtement qui enrobe son corps sont nettement marqués ; ceci est particulièrement visible au niveau des épaules, aux clavicules dégagées. Il est à remarquer que le cou du dieu a été laissé légèrement grumeleux ; à l’inverse des autres parties de son corps, la surface n’a pas été polie. Comme un large collier menat, s’étendant jusqu’aux épaules, constituait un autre de ses attributs, il est possible de restituer que la statue a été préparée pour recevoir un pectoral, réalisé en stuc peint et/ou en matières précieuses, puis assemblé sur l’objet en recouvrant le bord du suaire (voir, pour comparaison, la statuette de Ptah musée égyptien du Caire JE 60739 (voir supra) ou le collier sculpté directement dans la masse de la statuette de Ptah de la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague, dont la datation est estimée entre la Basse Epoque et l’époque ptolémaïque, Inv. N° ÆIN 748, in JØRGENSEN 2009 a, N° 631 p. 166). La ligne incisée au ras du cou confirme cette hypothèse.

 

Il est actuellement difficile de restituer si le dieu de la statuette Co. 2351 était à l’origine dans la position debout ou bien assise (voir, par comparaison, les statuettes du Metropolitan Museum of Arts de New York Inv. N° 04.2.406 et 10.184.3 .

 

 

Ptah, dont le nom signifie « celui qui crée », apparaît dès l’Ancien Empire. Il est le démiurge de Memphis, le patron des artisans et des architectes, l’époux de Neith (plus tardivement celui de Sekhmet) et le père de Néfertoum dans la triade memphite. Ptah était particulièrement vénéré à l’Ancien Empire, période faste pour les grands programmes de construction qu’il patronnait. Au Nouvel Empire, il demeure une divinité importante à Memphis mais aussi à Thèbes, où il est en particulier le dieu « qui écoute les prières » des artisans de Deir el-Medina. Au cours de la XIXe dynastie et à l’avènement de la période ramesside, Ptah redevient un dieu majeur. Il reçoit un culte très important à Pi-Ramsès et occupe une place fondamentale dans la transmission monarchique. Il conservera ce rôle jusque sous les Ptolémées qui seront particulièrement liés au clergé de Ptah.

 

La statuette musée Rodin Co. 2351 était destinée à être placée dans un sanctuaire, comme image divine siégeant dans un naos ou offrande au dieu.

 

L’objet étant hors contexte et anépigraphe, sa datation est difficile à déterminer. Le style de la statuette incite à y voir une réalisation du Nouvel Empire mais une production plus tardive n’est pas à exclure.

 

Une étiquette octogonale ancienne, blanche à liseré bleu et portant le numéro 144 est collée sur le pilier dorsal. Le numéro correspond à l’inventaire établi par Charles Boreux en 1913 en vue de la Donation à l’Etat français. Ce numéro d’inventaire a été repris sur une étiquette cartonnée blanche, portant l’inscription manuscrite « 144 ». Attaché à la figurine par une ficelle, cet étiquetage réversible a été effectué au cours de l’étude de la collection par Jean Sainte Fare Garnot et son équipe.

 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913, Biron, 144, "Partie supérieure d'une statue de Ptah adossé à un pilier dorsal. L'objet paraît très douteux. Calcaire. Haut. 14 cent. Estimé trente francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

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