Masque funéraire de femme

Fin de l'Époque ptolémaïque ou début de l'Époque romaine > 332-30 avant J.-C. > 30 avant - 337 après J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois polychromé

Tête : H. 24 cm ; L. 15,5 cm ; P. 8 cm

Cadre : H. 40 cm ; L. 30 cm ; P. 9,5 cm

Co. 3391

Commentaire

Etat de conservation

L'objet est en mauvais état de conservation. En effet, le bois, la polychromie et le cadre sont très altérés. Le bois est desséché et fendu sur l'ensemble de l'œuvre, au point que les traits du visage sont difficilement lisibles. Les fentes sont particulièrement remarquables sur le côté droit du visage, et la coiffure. La couche d’enduit préparatoire et la polychromie sont extrêmement lacunaires. Quelques amas pulvérulents subsistent néanmoins, notamment sur le côté gauche de la face, ainsi que sur une partie du nez, de la bouche et du menton.  Ils se soulèvent et se désagrègent au moindre contact. Le cadre de présentation moderne est endommagé : le velours est usé et tâché d'humidité, les clous de fixation oxydés. 

Description

Cette tête est un masque funéraire de femme, fixé sur un cadre en bois recouvert de velours. La polychromie d'origine du visage est extrêmement lacunaire : on remarque cependant, sur le côté gauche, le nez, la bouche et le menton, des amas d'enduit blanc et des tâches de couche picturale rouge.  

 

La tête est surmontée d'une coiffure haute, où les deux pans visibles de la chevelure sont réalisés en deux bandeaux, légèrement espacés. Ils sont bombés et larges. Les traits du visage sont difficilement lisibles ; au vu des légers surcreux laissés dans le bois, les deux yeux semblent grands et hauts placés sur la face. Le nez est long et aquilin. La bouche est petite, d'une largeur égale à la base du nez, mais les lèvres sont très pulpeuses. La lèvre supérieure avance sur la lèvre inférieure. Le front, dégagé, est haut et large, les joues droites, le menton rond et épais, dessinent un visage longiligne et étiré.  

 

Ce masque, image d'une défunte, était fixé sur la partie supérieure d'un sarcophage, à l'aide d'un système de tenon-mortaise. On remarque en effet six chevilles encore en place : deux dans le creux de chaque pan de cheveux, deux sur chaque tempe et deux de chaque côté de la bouche. Cette technique d’assemblage d’un masque, réalisé à part puis fixé sur un sarcophage, se rencontre par exemple pour le sarcophage de Ta-pu-sheret de la Glyptothek Ny Carlsberg de Copenhague, inventorié AEIN 299. Sur ce sarcophage, daté de ca 900-750 avant notre ère, le visage et une partie de la chevelure, au-dessus du front, ainsi que les deux mèches de poitrine de la perruque tripartite, sont des éléments rapportés, assemblés à l'aide de chevilles (JØRGENSEN 2001, p. 164-166 : le sarcophage de Ta-pu-sheret).  

 

Au vu des restes de polychromie, le masque Co. 3391 est à rapprocher de celle d’un fragment de tête de cercueil, M.P. 94.3.19, conservé dans la collection égyptienne du Musée de Picardie (PERDU, RICKAL, MAHÉO 1994, p. 31 : fragment d'une tête de cercueil). La carnation du visage d’Amiens, daté du Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.), est blanche, les sourcils, le contour des yeux et les iris sont bleus, les paupières et la bouche sont rouges. Le défunt arbore sur sa perruque bleutée un double bandeau qui est orné de deux registres de carrés marqués d'un rond central, alternant avec des groupes de trois stries verticales bleu, blanches et rouges.  

 

La forme longiligne du visage rappelle celle de certains sarcophages d'époque romaine, à l'image du cercueil de femme EA 29587 conservé au British Museum à Londres et datant du Ier siècle avant ou après Jésus-Christ (JØRGENSEN 2001, p. 21 : sarcophage de bois peint). Sa face, de carnation blanche, arbore en effet de grands yeux noirs soulignés par de fins sourcils, légèrement incurvés aux tempes. Le nez est aquilin. La bouche, de la même largeur que la base du nez, est pulpeuse. Les joues sont droites et le menton, rond et fuyant, dessinent un visage fuselé.  

L'état de dégradation de Co. 3391 pourrait laisser supposer qu'il aurait été retrouvé en surface, peut-être dans la nécropole de Saqqara.  Ce masque funéraire de femme date de la fin de l'époque ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) ou du début de l'époque romaine (30 av. J.-C.-337 ap. J.-C).  

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1914..

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

Commentaire historique

Ce masque funéraire a conservé son encadrement ancien sur une planche de bois recouverte de velours marron. Ce montage est probablement antérieur à son acquisition par Rodin.

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