Aphrodite anadyomène

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE ROMAINE > IER – IISIÈCLE APRÈS J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 7,8 cm ; L. : 2,9 cm ; P. : 2,9 cm 

Co. 1435

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre présente un mauvais état de conservation.

La statuette ne présente ni manque, ni déformation bien qu’elle soit très corrodée. La corrosion du métal est constituée de cuprite recouverte d’une couche verte de carbonates sous forme de malachite et de plages vert clair dont il est difficile de déterminer sans analyse s’il s’agit de carbonates ou de sulfates de cuivre. Sous l’amas de terre collée au revers apparaissent des efflorescences vert clair, sans doute liées à la présence de chlorures dans la terre. Les détails sont patinés mais les formes générales de la figure sont reconnaissables. 

Description

L’œuvre Co. 1435 figure la déesse Aphrodite anadyomène, qui signifie « sortant de l’eau », et se recoiffant. Elle se tient debout les jambes jointes affichant un déhanchée vers sa gauche. Les jambes, bien que masquées par le tissu entourant ses hanches, sont pliées avec excès vers l’avant. Cette position peu naturelle suggère que la déesse était originellement appuyée sur un support comme un tabouret, aujourd’hui manquant. Les deux bras sont repliés, élevés vers sa tête. Ses mains tiennent chacune une épaisse mèche de cheveux. Accentuant l’effet de torsion de son buste, le coude droit dépasse l’épaule alors que le gauche descend sous la poitrine. Sa chevelure est rassemblée en un chignon plat, placé à la base du crâne. 

 

La déesse est nue à l’exception d’un tissu souple et plissé qui recouvre pudiquement ses jambes. Le tissu, enroulé à son bord supérieur, enserre les hanches en formant ceinture. Le nœud de fermeture, aux pans tombants, laisse dégagé la région pubienne. Originellement plissé avec soin, les détails du vêtement se laissent aujourd’hui à peine discerner. Il recouvre les membres inférieurs en s’évasant sur les pieds, entièrement masqués par le tissu. Un tressage de boucles entoure son front, retenues par un serre-tête. Il s’agit probablement d’un diadème, que l’on reconnaît également sur une autre statuette d’Aphrodite anadyomène conservée au musée Rodin, Co. 1418.

 

Les détails anatomiques sont aujourd’hui très effacés et patinés. Le visage, tourné vers la droite, laisse encore apparaître l’emplacement des yeux, du nez et de la bouche. Les bras ronds sont fondus dans la masse se confondant avec les mèches de cheveux. On remarque cependant que les doigts des mains étaient originellement dissociés les uns des autres. La poitrine est dessinée par deux petites protubérances rondes. La taille, bien que visible, n’est pas très marquée. Elle surmonte des hanches hautes et relativement larges. Le dos d’Aphrodite est modelé grâce au dessin de la colonne vertébrale et du creux des reins. Les jambes, enveloppées dans le vêtement, ne sont pas observables. 

Les formes féminines d’Aphrodite reprennent les canons de beauté de l’époque romaine. En effet, la petite poitrine, les hanches larges et rondes, le déhanchement ainsi que la quasi-nudité se retrouvent sur un grand nombre de statuettes féminines romaines. De par l’anatomie, l’attitude et le vêtement sur les hanches, la statuette Co. 1435 se rapproche de l’œuvre conservée au British Museum de Londres 1824,0490.1 et celle du Walter Art Museum 54.960. Toutes deux datent de l’époque gréco-romaine et proviennent du Bassin méditerranéen. 

 

À l'époque romaine, un culte important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Les récits mythologiques la font naître de l’écume de la mer devenue fertile grâce au phallus d’Ouranos, dieu du ciel, tranché suite à une dispute avec son fils le titan Cronos. Aphrodite est donc fille du Ciel et de la Mer. Elle symbolise l’âme sortant purifiée des eaux. Les chrétiens d’Égypte, les coptes, y voyant un précurseur du baptême l’adoptent rapidement, de même que les égyptiens suivant encore l’ancienne religion qui rapprochent Aphrodite, ou Vénus pour les romains, des dieux démiurges émergeant des eaux primordiales. 
 

Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère trouvés en Égypte, comprennent dans la liste des parapherna, objets qui accompagnaient la dot et étaient destinés à l'usage quotidien de l'épouse, une statuette en bronze, plus rarement en argent, de la déesse. Les laraires placés à l'intérieur des maisons pouvaient également contenir une effigie d'Aphrodite. Divinité protectrice des femmes et du mariage, elle y est présentée comme la forme hellénisée des déesses indigènes, Isis-Hathor et Astarté.
Produites dans des ateliers locaux, ces figurines sont généralement adaptées de célèbres statues de la déesse à sa toilette rituelle. Les mêmes types iconographiques se retrouvent dans le domaine de la terre cuite. L’image de la déesse sortant du bain, essorant ses cheveux de l’eau de mer, a été fixée par un artiste grec du IIIesiècle avant notre ère, Doïdalses. L’une des plus vielles figurations connues d’Aphrodite anadyomène en Égypte est un relief copte conservé au Musée du Louvre, E14280. De nombreux artistes antiques et postérieurs reprendront ce schéma, l’un des plus connus restera le peintre Botticelli en 1485 et sa « Naissance de Vénus ».

Œuvres associées

L’œuvre Co. 1418 figure également une Aphrodite anadyomène dans la même position. Elle est cependant entièrement nue contrairement à la statuette Co. 1435. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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