Plaque

Horus effectuant une libation

Egypte > provenance inconnue

Basse Époque à Époque hellénistique et romaine probablement 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 33 CM : L. 23,4 CM P. 3,5 CM

Calcaire jaune

Co. 3417

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La pierre est très altérée, pulvérulente et érodée. On remarque que de nombreux feuilletages sont prêts à tomber. L’humidité est probablement à l’origine de la plupart des altérations. Le décor est effacé. Chants latéraux supérieur, inférieur et gauche sont d’origine. Le chant droit présente des traces d’outils contemporaines. L’avers a été repris à l’époque contemporaine. De la terre de fouille ocre orangé est conservée sur la face.

 

Description

Sujet central de cette plaque rectangulaire, une divinité zoomorphe à tête de faucon se tient debout, effectuant une libation avec aiguière une aiguière. Une large bordure encadrant la scène est conservée le long du bord supérieur et droit. La tête du dieu est celle d’un rapace, arborant une longue perruque tripartite retombant derrière son dos et le long de son cou. Les mèches, épaisses, sont lisses. Le reste du corps est humain. Torse nu (aucun collier ni bracelet n’est actuellement visible), il est vêtu d’un pagne court à large ceinture. Le pan de ce pagne remonte à l’avant. Une longue queue de taureau est accrochée à l’arrière de son pagne, insigne de puissance porté par les divinités masculines et les rois dès les premiers temps de l’histoire égyptienne. S’avançant vers la gauche, la divinité, très vraisemblablement Horus, contrôle de la main droite l’écoulement du récipient qu’il tient fermement à l’horizontale dans sa main gauche (sur l’aiguière heset (signe W15 de Gardiner), vase à eau rituel le plus fréquemment utilisé par les dieux, les rois et les officiants, voir MESNIL du BUISSON 1935 p. 109-130). L’eau de libation s’épanche dans un grand vase allongé à long col, placé devant le dieu. La base du vase a disparu dans une cassure. Les deux bras d’Horus sont légèrement repliés ; la courbure de l’épaule gauche est trop anguleuse. Le dieu avance sa jambe droite. La position légèrement courbée de cette jambe indique qu’il ne s’agit pas seulement de la représentation d’un mouvement de marche, mais également que cette jambe sert d’appui au dieu (une aiguière remplie d’eau et tenue à main levée est pesante). Les pieds du dieu ne sont pas visibles.

Ce tableau s’intègre dans la scène de purification du roi par Horus et Thot. Dans le cadre de l’accomplissement du rituel divin journalier, une succession d’étapes destinées à le purifier avant d’entrer en contact avec la divinité étaient imposée au roi (voir POSENER 1960 et BONHEME, FORGEAU 1988). Sur les parois de différents temples, à l’instar de celui de Khnoum à Esna, les phases successives de ce rituel étaient gravées, dont celle du relief Co. 3417. Placés de part et d’autre du roi, les dieux versaient de l’eau purificatrice dont les gouttes prenaient parfois la forme des signes ankh ou was, symboles de vitalité et de régénération. Les dieux incarnaient respectivement la Haute et la Basse Egypte, symbolisant l’union du pays par la purification du roi. Le vase utilisé pour la libation est un récipient spécifique, dont l’image servait pour écrire les mots « libation » et « vase rituel ». Des exemplaires de ce vase ont été retrouvés à toutes périodes. Un exemple de vase à libation est actuellement conservé au Metropolitan Museum of Art de New York sous le numéro d’inventaire 30.8.37.a,b

Horus, dont le nom égyptien Herou signifie « le lointain, le distant », est une des divinités principales de la cosmogonie égyptienne. Horus apparait dans la documentation dès l’époque Prédynastique en tant que divinité solaire et patron de la ville de Nekhen, nom égyptien de Hiérakonpolis, signifiant en grec « la ville du faucon », ville d’origine des premiers rois d’Egypte, unificateurs du pays. Il devient de fait le patron du royaume et, par extension, de la monarchie. Cet aspect d’Horus, que l’on appelle parfois « Horus l’Ancien », est progressivement intercalé par les théologiens dans les mythes osiriens dans lesquels Horus joue un rôle fondamental. Fils du couple divin Isis et Osiris, il est conçu après que sa mère ait réuni le corps de son époux, découpé en morceaux éparpillés dans toute l’Egypte par Seth, son frère jaloux. Elevé par sa mère à l’abri de son oncle, Horus livre un combat acharné contre Seth qu’il finit par remporter. Horus incarne dès lors le fils qui lave l’honneur de son père et devient la figure emblématique de l’héritier royal et donc du roi égyptien. Au Ier millénaire avant notre ère, Horus bénéficiera des prestigieux cultes d’Osiris (voir COULON, 2005, p.1-23 et COULON, 2011, p.21-24) et d’Isis auxquels il sera associé. 

De nombreuses statues et statuettes présentent Horus dans la même position à l’instar de la statuette E7703 conservée au musée du Louvre. 

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 179, "Bas-relief fragmentaire, en très mauvais état de conservation, représentant Horus hiéracocéphale tourné vers la gauche, debout, faisant la libation avec le vase […] Calcaire. 32 x 23. Estimé soixante quinze francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

Commentaire historique

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français. En décembre 1913, le relief fut photographié par Eugène Druet dans une vitrine, au centre d'une salle du premier étage de l'hôtel Drouot (voir images historiques, Ph.02476). Il figure sur une photographie reproduite dans l'ouvrage de Gustave Coquiot, Rodin à l'hôtel Biron et à Meudon, paru en 1917. Il y présenté dans une vitrine, entouré d'autres reliefs égyptiens.

 

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