Rodin égyptophile

 

"Tout d'abord l'Antique est la Vie même. […] L'Antique a su rendre la Vie, parce que les anciens ont été les plus grands, les plus sérieux, les plus admirables observateurs de la Nature qu'il y ait jamais eu."

 

                                                                                           Auguste Rodin, "La leçon de l'antique",

                                                                                           le Musée, janvier-Février 1904, p. 15-16.

 

Tout au long de sa vie, Auguste Rodin se passionna pour l'art de l'antiquité. S'il fut initié à l'art gréco-romain dès les années d'apprentissage, il s'intéressa à l'art de l'Égypte lors de son retour à l'antique, vers 1890. Il le collectionna avec frénésie entre 1893 et 1917 et rassembla plus de huit cents objets égyptiens sur les six mille quatre cent que comprend sa collection.

 

Il ne regarda pas l'Égypte avec les yeux d'un érudit, comme le fit Sigmund Freud, et ne s'adonna pas au déchiffrage des hiéroglyphes. Il ne fit pas non plus le voyage en Égypte mais s'inventa une antiquité rêvée, à sa mesure, peuplée de figures de Memnon et autres colosses qu'il découvrait au fil des albums de sa bibliothèque.

 

Dès 1893, Rodin acheta auprès des antiquaires parisiens de petits objets destinés à son premier musée personnel, intimement lié au travail de l'atelier. Il les exposa dans les différents espaces de la Villa des Brillants à Meudon, mélangés à ses œuvres et à ses autres collections. 

 

A partir de 1910, le sculpteur changea de perspective et acquit auprès d'antiquaires installés en Égypte des œuvres majeures, directement issues des chantiers de fouilles. Il les destinait à son futur musée, préfiguré à l'hôtel Biron dès 1912, pour l'éducation des jeunes artistes.