Ménade dansant

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. ?

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,3 cm ; l. 3,5 cm ; P. max 0,5 cm

Os, métacarpe de bœuf, face postérieure

Co. 2307-Co. 2454

Commentaire

Etat de conservation

L’applique est fendillée sur toute sa hauteur. Cette fragilité de la matière osseuse a sans doute généré la cassure qui partageait la pièce en deux fragments avant la restauration. Le long de la ligne de brisure s’observent aujourd’hui des pertes de matière. Celles-ci sont situées au niveau du coude droit du personnage, sur son ventre et sur les plis du drapé recouvrant sa jambe gauche. On peut également remarquer un certain délitement de l’os, le long du bord supérieur, derrière la tête de la figure.

 

Ce délitement se retrouve également en partie inférieure, au revers de la pièce. La face principale, à la tonalité crayeuse, est ponctuée de minuscules taches ocre orangé, tandis que le dos se teinte d’une coloration légèrement beige au niveau des deux bords internes qui devaient être appliqués sur l’âme du bois que décorait l’applique.

Description

Cette pièce se caractérise par un format rectangulaire irrégulier. Elle est, en effet, plus évasée en partie basse, et son bord inférieur, scié légèrement en biais, n’est pas aligné sur l’horizontale du bord supérieur. Elle s’inscrit toutefois dans la lignée des plaquettes en os au faible relief, dévolues aux tympanistriae. Le groupe du musée Rodin, qui compte dix-sept pièces correspondant à cette typologie, dépasse largement en nombre celui dédié aux satyres comprenant huit appliques.

 

Le corps projeté en avant dans une attitude particulièrement dynamique, traduit avec justesse la frénésie de la danse des ménades. Alors qu’elle se dirige prestement vers la gauche, la dévote de Dionysos tourne brutalement sa tête vers l’arrière. Ses deux bras tendus tenaient peut-être un tympanon censé être sculpté sur une applique placée dans la continuité de la nôtre. Si son attitude générale renvoie à deux autres pièces du musée Rodin : Co. 2256 et Co. 2293, l’élan qui l’anime l’en distingue nettement. Sa jambe droite décrit une oblique alors que la gauche est fortement fléchie. Le corps assez court, doté de membres robustes, est masqué par un chiton au fin drapé, qui enfle sous l’effet de son agitation. Par ses plis souples, le vêtement accompagne la courbe de la jambe droite, tout en la dévoilant par un pan collé au corps. On notera que le bas des jambes et les pieds n’ont pas été sculptés en raison du cadre contraint de la pièce.

 

Le visage plein, qui offre un nez fort et une grande bouche, témoigne d’un certain sens du volume, malgré une simplification des détails. Se détachant sur une bordure indiquée par une ligne parallèle au sommet de l’applique, il est surmonté d’une chevelure relevée en chignon dont une mèche paraît retomber dans le cou, au rendu très schématique.

 

Par sa posture, la figure rappelle celles des appliques de la collection Rodin Co. 2165 et Co. 2256, mais sa fougue l’en éloigne. Bien qu’elle ne puisse pas être mise en correspondance avec une pièce stylistiquement proche, elle s’intègre tout de même dans la série des petites appliques rassemblées dans le groupe B par A. Loverdou-Tsigarida (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 171-172). Aussi, malgré une recherche de plasticité, et une douceur du modelé, une datation au cours du Ve-VIe siècle peut être suggérée.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2256, Co. 2165.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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