Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

Ve -VIe siècle ap. J.-C. 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 6,4 cm ; l. 5,1 cm ; ép. max 0,6 cm

Os, scapula de bœuf

Co. 2059

Commentaire

Etat de conservation

La pièce est presque complète. Seul un fin éclat, dans le sens de la longueur endommage le bord dextre, en partie inférieure. Une fissure traversante court en biais, du sommet de la pièce jusqu’à son centre, barrant le tambourin et l’épaule gauche de la figure. La couche de salissure présente sur la face principale a terni la teinte blanchâtre naturelle de l’os. En outre, des traces noires d’aspect gras s’observent sur les arêtes des plis du drapé de la ménade. Les bords latéraux, ainsi que le dos du relief, offrent une coloration légèrement jaune, qui subit des variations selon les zones. Au revers, les trabécules et les parties en creux conservent de nombreux sédiments.

Description

Cette applique de forme rectangulaire offre une découpe irrégulière, aux bords supérieur et inférieur non parallèles. Occupant toute la hauteur de la pièce, la ménade progresse vers la droite, emportée par l’élan de la danse. Son corps offre toutefois une pose contorsionnée, puisque le buste accompagne la tête qui est violemment tournée vers l’arrière. Cette orientation contradictoire des jambes et du visage constitue une véritable convention de représentation, aussi bien pour les satyres, que pour les tympanistriae, sur les reliefs en os sculptés à la fin de la période romaine. Traduisant de façon expressive les mouvements désordonnés des membres du cortège de Dionysos, l’aspect peu naturel de cette posture est encore accentué par le bras levé au-dessus de la tête tenant le tympanon. L’instrument est en effet retenu par le bras droit qui encadre le visage de la ménade, tandis que le bras gauche passe devant sa taille, saisissant peut-être un pan du chiton (DELASSUS 2020, p. 53, n. 32). La chevelure coiffée en bandeau et sans doute attachée, couronne une tête pleine, aux notations anatomiques approximatives. Le chiton serré sous la poitrine dégage l’épaule gauche et souligne le mouvement des jambes, en s’animant de plis fortement creusés dans la matière osseuse.

 

Ce schéma iconographique, peut-être contaminé par la pose de Dionysos Lykeios (MARANGOU 1976, p. 35), trouve d’autres occurrences sur les placages en os. Un certain nombre d’appliques convexes, sculptées en relief, souscrivent à ce modèle : une pièce du musée gréco-romain d’Alexandrie (12122 : TÖRÖK 2005, p. 145-146, n° 87 ; BONACASA-CARRA 2012, p. 40, 45, fig. 2), un exemplaire du musée Benaki (18885 : MARANGOU 1976, p. 105, n° 103, pl. 32b), une autre conservée au Victoria & Albert Museum (A.14-1925 : BECKWITH 1963, p. 12, fig. 26), et une dernière provenant de Tartous, faisant partie autrefois de la collection de Clercq à Paris (n° 81-E 182 : DE RIDDER 1906, p. 177-178, n° 245, pl. XLI). D’autres pièces de plus petite taille incluent aussi cette image : un relief du British Museum mis au jour dans le Fayoum (1327,0318.4), ainsi qu’un second, découvert lors des prospections menées près d’Aboukir (BRECCIA 1926, p. 80, pl. LXIV, fig. 3).

 

Comme les éléments Co. 2080, 2118, 2199 du musée Rodin sculptés d’une figure de ménade, cette plaquette est bordée sur l’un de ses côtés par une colonne. Sommairement dessinée, dotée d’une base et d’un abaque, celle-ci révèle un fût lisse comme le spécimen Co. 2080. On trouve dans cette scansion du thiase dionysiaque par des colonnes, l’écho des principes d’organisation du décor des grandes tentures à sujet dionysiaque ou des coffrets à revêtements métalliques de la fin de l’Antiquité.

 

La pose générale de la bacchante, tenant de son bras replié au-dessus de la tête, un tambourin, est identique à celle de la jeune femme qu’accueille l’applique du musée Rodin Co. 2141. Toutefois, la silhouette plus trapue reproduit, en ce qui concerne la partie inférieure du corps, l’attitude de la ménade représentée sur la pièce Co. 2160. C’est d’ailleurs avec cet élément de placage que l’exemplaire étudié entretient le plus d’affinités sur le plan stylistique. Les deux appliques livrent le même détail des deux pans du chiton soulevé par la danse, à l’arrière de la figure. Les volumes très géométrisés sont définis par des lignes particulièrement heurtées et accentuées par les contours fortement incisés. Le traitement rude de la matière engendre une impression d’inachèvement. Cette extrême stylisation des formes plaide en faveur d’une réalisation au cours des Ve-VIe siècles.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2141 (type iconographique), Co. 2160 (position des jambes et du bras gauche, style).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection