Buste de Sérapis

Pendentif

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVI– XXXIedynastie > 656 - 30 AVANT J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 5,8 cm ; L. : 4 cm ; P. : 2,4 cm 

Co. 1369

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre présente un mauvais état de conservation. 

L'ensemble est très oxydé et corrodé. La surface a pris une teinte verte et est aujourd’hui rugueuse. Les détails du visage, de la chevelure, de la barbe et de la couronne sont patinés. 

Description

La figurine représente le buste de Sérapis. Le dieu est couronné du calathos, un couvre-chef en forme de corbeille décorée de rameaux d’olivier ou d’épis de blé. Il s’agit d’un attribut des divinités gréco-romaines adoptant la forme d’un boisseau, symbole d’abondance et de fertilité (voir MALAISE Michel, « Le calathos de Sérapis », Studien zur Altägyptischen Kultur 38, 2009, p. 173-193, consultable en ligne). Le calathos est ici de forme trapézoïdale ; son bord supérieur est légèrement ourlé. Bien qu'épaisses, les boucles de la chevelure et de la barbe -bifide- du dieu se laissent à peine observer aujourd'hui. Une bélière a été installée à l'arrière de la figurine ; il s'agit d'un pendentif, ou éventuellement d'une applique. 

 

Le visage du dieu est long et rectangulaire. Le contour des yeux est profondément creusé, peut-être étaient-ils incrustés. Le nez est court mais large ; il surmonte une moustache tombante, très fournie. La bouche est rendue par une simple fente arquée que suit le tracé de la moustache. La lèvre inférieure, la plus visible entre la moustache et la barbe, a été modelée. Plus aucun détail du grand drapé plissé qui recouvrait la divinité n’est aujourd’hui discernable. On remarque que l'objet n’est pas travaillé en détail à l’arrière, ce qui suggère qu’il ne devait être vu que de face. Cette partie arrière est creuse et a été comblée d'une matière plâtreuse blanche à l'époque moderne. Le négatif d'une vis, placée au centre, atteste d'un montage sur un socle.

 

Sérapis est un dieu grec pourvu d’un nom égyptien. Depuis le règne d’Amenhotep III, un culte était rendu au taureau Apis à Memphis. Une importante communauté grecque s'installa par la suite dans cette région. Appelé Osiris-Apis après la mort de l’animal, le nom se transforma en Osirapis, puis en Sérapis. L'apparition de ce dieu se situe sous le règne de Ptolémée Ier qui souhaita doter sa capitale -Alexandrie- d’un dieu poliade, auquel furent attribués un aspect chtonien et des vertus guérisseuses et de fertilité. Sérapis est un dieu composite, réunissant les caracéristiques de plusieurs divinités égyptiennes et hellénistiques : Osirapis pour la mythologie égyptienne, Zeus, Hélios, Dionysos, Hadès et Asklépios pour la théogonie grecque. Son lieu de culte principal se situe à Alexandrie où un temple, le Sérapéum, fut construit dès le début de la dynastie des Ptolémée dans le quartier indigène de Rhakôtis. Il a été détruit en 389 après J.-C. sous le règne de l’empereur Théodose. Le culte de Sérapis se répandit largement dans le monde gréco-romain. En témoigne l'inscription mentionnant l'existence d'un temple dédié, retrouvée sur le site romain d'Eburacum, actuelle ville de York en Angleterre (WILKINSON Richard H., The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt, Londres, 2003, « Serapis » p. 128).

 

Quoique sa parèdre Isis soit une divinité purement égyptienne, Sérapis conserva une identité grecque. Son iconographie en témoigne : les cheveux bouclés, la barbe bifide, la toge plissée, le déhanché et les traits du visage sont typiques de la culture hellénistique. Couronné du calathos, il tient parfois une corne d’abondance, remplie de fleurs et de fruits représentant ainsi richesse et fertilité. 

 

De par sa taille, sa forme et la bélière à l’arrière du calathos, Co. 1369 était très probablement porté en pendentif par un croyant, objet sacré marqueur de sa dévotion, ou était l'insigne d'un prêtre. Sans connaissance de sa provenance, il peut également être envisagé comme une applique de mobilier.

 

 

Sérapis étant une divinité populaire et présente sur l’ensemble du territoire romain, un certain nombre de représentations nous sont aujourd’hui connues. En revanche, il s’agit plus généralement de figuration en terre cuite, en pierre ou en métal précieux, notamment les bagues en or et argent. En voici quelques exemples :

Penn Museum, Philadelphie : E2520 (terre cuite), 29-71-560 (terre cuite), 81-22-3 (marbre), E11633 (terre cuite). 

British Museum, Londres : 1824,0469.1.

Museo egizio di Torino, Turin : Provv. 0167 (terre cuite).

MMA, New York : 53.191.2 (or et argent), 49.159.1 (bague en or et argent).

Walter Art Museum, Baltimore : 54.1624 (bague en bronze), 57.1524 (médaillon en or).   

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin conservent les œuvres Co. 1434 et Co. 1462 qui sont également des figurations de Sérapis sous forme de bustes utilisés probablement comme pendentif. L’œuvre Co. 1230 est aussi la représentation du dieu Sérapis mais debout portant une corne d’abondance.

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

 

Donation à l’État français en 1916.

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