Anubis

sous sa forme de canidé couché

Égypte > Provenance inconnue

Probablement les derniers temps > Troisième Période Intermédiaire ou Époque tardive

[voir chronologie]

Bois polychromé

H. 14,5 CM ; L. 7,2 CM ; P. 30,5 CM

Co. 2442

Commentaire

Etat de conservation

Des éclats de bois sont manquants sur les oreilles et autour de l'assemblage du museau. La queue et la patte postérieure gauche sont manquantes.
La couche picturale noire badigeonnée sur toute la figurine est altérée. Très lacunaire, elle s'écaille et présente de nombreux soulèvements. 
Des moisissures se sont anciennement développées sur la statuette, en particulier à l'arrière du cou. La trace d'une ancienne attaque d'insectes xylophages est observée autour du départ de la queue. 
Enfin, la statuette est encrassée.

Description

Cette statuette en bois figure un canidé couché, tête relevée et oreilles dressées. Elle est constituée d'une pièce principale, le corps, à laquelle sont rattachés la tête et le museau, ainsi que la queue, aujourd'hui disparue.  La patte postérieure gauche est cassée, tout comme l'extrémité des oreilles.

 

Tandis que le tenon du cou a été sculpté dans du tamaris, le reste du canidé, à savoir la tête, le corps et les pattes, a été réalisé dans plusieurs morceaux de figuier sycomore. Le bois est enduit d'une couche préparatoire ocre clair, chargée de grains, elle-même largement recouverte d'une couche noire, bitumineuse, dont l'épaisseur d'origine est encore visible à deux endroits sous le ventre de l'animal. On y distingue notamment des fibres végétales ainsi que des empreintes digitales. 

L'artisan a fidèlement restitué la ligne et la silhouette caractéristiques d'un canidé égyptien. L'allure de l'animal est fine et élégante : les pattes antérieures étendues, la tête et les oreilles dressées, et les pattes postérieures repliées, lui confèrent une allure alerte. Le modelé de la tête est délicat, mais l'essentiel des détails est masqué par la couche noire de la surface ; ils étaient peut-être initialement peints. Le modelé du reste du corps se distingue mieux : les replis de la peau, la musculature des pattes, ainsi que les griffes, nettement incisées, sont bien représentés.

La queue de l'animal est manquante. Les chiens domestiques ou sauvages de l'Égypte ancienne se caractérisent, pour la plupart, par une queue recourbée en spirale. Ce n'est pas le cas du lévrier, dont les représentations restent cependant plus rares (YOYOTTE, VERNUS 2005, p. 167 et 544 : «  chien sauvage et chien domestique »). S'il est plus courant que la queue des statuettes d'Anubis-chacal couché retombe vers le sol, ou soit repliée vers le corps ou l'arrière-train, il n'est pas rare qu'elle se trouve dans le prolongement du corps (YOYOTTE, VERNUS 2005, p. 127 : « Anubis  »). 

 

L'hypothèse la plus probable serait d'identifier en la figurine Co. 2442 un dieu Anubis, représenté sous sa forme de canidé, « parangon de la momification  » (YOYOTTE, VERNUS 2005, p. 124), gardien du défunt, garantissant sa survie dans l'au-delà. Anubis, fils d'Osiris et de Nephtys, patron des embaumeurs, était en effet le gardien de la nécropole et une divinité psychopompe (CORTEGGIANI 2007, p. 42-44 et YOYOTTE, VERNUS 2005, p. 126 : « Anubis  »). Dans un rôle de protection, cette statuette aurait accompagné un mobilier funéraire, surmontant un sarcophage, comme on peut le voir sur le sarcophage de Nesmoutnaatnerou au Museum of Fine Arts à Boston  (Inv. N° 951407d) ou encore sur celui de Tabakenkhonsou au Metropolitan Museum de New York, ou bien un coffret à reliques funéraires, contenant généralement les vases canopes (CHAPPAZ, CHAMAY 2002, p. 95). Sous le corps de la figurine, deux cavités aujourd'hui comblées d'une matière bitumineuse seraient à voir comme un système de fixation au mobilier funéraire d'origine. 

Cet exemplaire est assez proche stylistiquement de celui conservé à Grenoble (KUENY, YOYOTTE 1979, p. 56 : n° 37). Ces statuettes datent pour la grande majorité de la Basse Époque voire de la fin de la Troisième Période intermédiaire (2002 Reflets du divin, p. 95 : n°79 ; 1983 A divine tour of ancient Egypt, p. 85 : n°64). Le musée Rodin conserve deux autres images en bois de canidés couchés : le Co. 2347 et le Co. 3397. Ce dernier serait néanmoins peut-être à voir comme la représentation d'un animal séthien. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 6, 315, "Chacal couché en bois peint en noir. L'oreille droite est cassée. Long. 29 cent. Estimé 3 francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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