Egypte > provenance inconnue 

Nouvel Empire à Basse Époque 

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 5,4 CM; L. 2,5 CM; P.2,6 CM 

Fritte émaillée

Co. 2400 

 

 

 

 

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en bon état de conservation. On remarque des éclats et des éraflures sur l’ensemble de l’objet. Le menton de la tête humaine est partiellement cassé. Le décor émaillé de la surface est effacé.

Description

Il s’agit d’une tête humaine sur le crâne duquel est accoudé un singe. Les sourcils du personnage sont profondément incisés et tirés vers les tempes. Les yeux sont en relief et en amande, le nez large et épaté. La bouche est en relief et se veut charnue. Les oreilles ne sont pas représentées. La chevelure est divisée en trois grosses mèches tressées, une mèche retombant en haut du front et les deux autres au-dessus des tempes. Le reste du crâne est rasé. Le personnage représenté semble être un jeune Nubien, comme le démontrent les traits du visage et la coiffure à grosses mèches caractéristique.

 

Un singe est représenté, juché sur la tête de la figure humaine, ses deux coudes reposant sur les deux mèches de côté, mains jointes sous le menton. On remarque une asymétrie au niveau du visage du singe dont l’orbite gauche est plus enfoncée que la droite. Les traits du visage sont finement représentés, les poils de la joue gauche notamment, même si la partie droite est éraflée. Le singe est en position accroupie, ses pattes arrière reposant au niveau des épaules de la figure humaine. Deux petites incisions parallèles en forme de demi-cercle pointant vers le haut sont visibles au bas du dos du singe.

 

On observe différentes traces de pigments sur l’ensemble de l’objet – brun foncé au niveau des yeux et sur la partie droite du menton du personnage (carnation des chairs ?) ; verdâtres, beiges et claires en plusieurs endroits du singe, figurant possiblement un singe vert (Chlorocebus sabaeus), espèce fréquemment représentée dans l’art égyptien.

 

L’objet Co. 2400 comporte de nombreuses perforations : sur la tête humaine, deux trous non-traversants sous l’emplacement que devraient occuper les oreilles, ainsi que trois autres perforations traversantes ; sur le singe, deux perforations traversantes également. Cette petite sculpture appartiendrait à la catégorie des amulettes, ces moyens de suspension indiquant qu’elle pouvait être portée sur soi ou suspendue à un support.

 

Si le mot amulette peut s’exprimer sous différentes formes en égyptien ancien, l’étymologie se rapporte toujours à la notion de protection. Elles sont utilisées aussi bien pour les vivants que pour les morts, même si, avant le Nouvel Empire, elles sont surtout retrouvées en contexte funéraire. Elles étaient placées, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà – mais également portées comme bijoux protecteurs, incluses dans des colliers, des bracelets ou des bagues. La production d’amulettes s’intensifia nettement à partir de la XVIIIème dynastie et l’essor de la faïence entraîna des formes et des utilisations de plus en plus variées. Elles constituent un élément central de la piété populaire et il n’est pas exclu qu’elles aient pu être suspendues en divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée.

 

On ne connaît pas de parallèle exact à l’amulette Co. 2400, qui pourrait être liée à plusieurs types connus. D’une part, de nombreuses amulettes à l’effigie de Nubiens présentent cet ennemi traditionnel de l’Egypte en position d’infériorité envers des animaux, surtout des lions : par exemple New York Metropolitan Museu31.4.4 et 1989.281.92Un autre type relativement répandu représente cette fois une femme nubienne, portant le même type de perruque tripartite (devenue particulièrement à la mode chez l’élite égyptienne à partir de la fin du Moyen Empire (Pinch, 1993, p. 211, Fischer, 1974, p. 121), et associée à des enfants et/ou de petits singes qu’elle porte dans les bras ou à ses pieds : par exemple Boston Museum of Fine Arts no. 1984.164Metropolitan Museum 66.99.71 ou National Museum of Scotland A.1951.131De telles représentations ont parfois été rapprochées du culte de Béset, parèdre du dieu Bès et liée à la protection du foyer et à la fertilité ; néanmoins, Béset est normalement représentée avec une queue et/ou des oreilles léonines, et rien dans l’iconographie de ces amulettes, ni de celle présentée ici, ne permet d’assurer qu’il s’agisse de cette déesse.  

 

Le plus proche parallèle pour l’objet Co. 2400 reste néanmoins une figurine du Metropolitan Museum (Inv. N° 44.4.17), représentant elle aussi un humain surmonté d’un singe qui chevauche ses épaules. Les deux êtres jouent des instruments de musique, ce qui pourrait expliquer la petite forme rectangulaire située entre les mains du singe sur l’amulette de la collection Rodin. Ce type iconographique fait allusion au mythe de la « déesse lointaine » : Hathor, Bastet ou, selon les versions, Sekhmet, s’enfuit d’Egypte à la suite d’un conflit avec son père Rê ; c’est seulement le dieu Thot qui, sous la forme d’un singe, parvient à la charmer et à la faire revenir à force de chants et de danses. Dans les versions tardives de ce mythe, ce cortège de retour est également accompagné de Bès.

La figurine Co. 2400 pourrait donc d’inscrire dans les pratiques religieuses privées liées au culte hathorique.

 

Hors contexte de découverte ni historique dachat, l’identification et la datation de cet objet restent néanmoins très hypothétiques.

La collection égyptienne du musée Rodin ne possède pas d’objet similaire mais Co. 2400 est à rapproche de la tête Co. 2327. D’autres figurines similaires sont conservées dans d’autres musées à l’instar de la figurine ECM822 de la collection Eton Myers du musée de BirminghamLe plus proche parallèle au singe perché sur les épaules d’une figure humaine est l’amulette 44.4.17 du Metropolitan Museum de New York.

 

 

Inscription

Anépigraphe.

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