Relief funéraire

Dignitaire effectuant des offrandes, tourné vers la gauche

Égypte > Saqqara, chapelle d’Imeneminet, probablement

Nouvel Empire > Fin XVIIIe dynastie - début XIXe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 32 CM ; L. 23 CM ; P. 3,2 CM

Calcaire

Co. 6417

Comment

State of preservation

L’œuvre est en bon état de conservation. Malgré son caractère fragmentaire et quelques épaufrures et éclats, la surface est restée lisse et les reliefs sont très bien préservés. Chants supérieur et gauche correspondent à une cassure, traversant en biais le chant gauche. Les chants inférieur et droit ont été repris à l’outil. Le revers a été repris à l’époque contemporaine. Les signes d’une inscription hiéroglyphique semblent conservés dans le coin supérieur droit du fragment. Ils restent cependant peu lisibles.

Description

Sur ce fragment de scène gravée en léger haut-relief, un personnage masculin est tourné vers la gauche, jambe avancée. Seule la partie inférieure de son corps est conservée, une cassure mutilant de biais sa silhouette dès le niveau de la taille. L’homme est vêtu d’un pagne long confectionné en lin plissé. Composé de plusieurs éléments, le vêtement est échancré à l’avant pour dégager le ventre et remonte sur ses hanches. Il est maintenu par une ceinture, composée de doubles replis ; un retour du pagne tombe sous un devanteau laissé souple et dit « flottant », par comparaison au devanteau rigide des pagnes djendjit (voir, par exemple, les reliefs Ancien Empire Co. 985 et Co. 3075). Le type de vêtement porté par le personnage est caractéristique de la période amarnienne et post-amarnienne. Ses pieds sont chaussés de sandales à boucle (sur les types de chaussures en Egypte ancienne, voir MONTEMBAULT 2000), précieux accessoire indicateur de son rang (voir CHERPION 1999).

 

Malgré l’état fragmentaire de la scène, il est possible de restituer qu’il se tient devant une table d’offrandes dont seule la base du pied est visible. Devant lui, au regard de sa jambe avancée, l’extrémité de trois tiges végétales pendent. Elles correspondant à une gerbe, déposée sur une table d’offrandes, ou bien alors apportée par le personnage. De part l’élégance de son pagne et le port de sandales, il s’agit de toute évidence d’un dignitaire, représenté en attitude cultuelle comme l’indique son attitude inclinée (pour une scène plus complète, impliquant plusieurs personnages effectuant des libations devant des kiosques à offrandes, voir le relief du musée Rodin Inv. N° Co. 1302, daté de la même période). Le fragment Co. 6417 serait donc à replacer dans une scène d’offrandes effectuée par le défunt, devant une ou plusieurs divinités.

 

La finesse du calcaire, la qualité de la gravure et le costume du personnage sont l’indice d’une provenance memphite, d’une tombe très vraisemblablement datable de la période amarnienne et immédiatement postérieure (fin de la XVIIIe dynastie ou début de la XIXe dynastie). Le relief a été publié une première fois en 1994 (CARPANO 1994), établissant le lien entre ce relief et les parements de la chapelle memphite d’Imeneminet, « commandant en chef des troupes » en s’appuyant sur les travaux de Jocelyne BERLANDINI concernant la nécropole de Saqqâra au Nouvel Empire. La possibilité que le relief Co. 6417 provienne de cette tombe est étayée par le pagne porté par le personnage, qui se retrouve sur plusieurs reliefs de la tombe memphite d’Imeneminet. Ce vêtement, également représenté sur les parois de la tombe memphite du capitaine des armées Ry, pourrait être associé à la caste militaire (la pointe inférieure indique un costume militaire).

 

Les derniers signes d’une inscription en colonne située derrière lui, simplement incisés de droite à gauche, semblent conserver son identité : Imeneminet. Ce relief serait à rapprocher de la tombe du général Imeneminet à Saqqara, contemporain du règne d’Horemheb et dont la tombe a été démantelée au XIXe siècle. Des fragments sont conservés en particulier au musée du Louvre (Inv. N° N 123 (B6, AF 105, LP 1643) in DELANGE 2019, N° 107 p. 322-325 et Inv. N° N 125 (B 8, LP 1641) in DELANGE 2019, N° 106 p. 318-321) et à la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague (Inv. N° ÆIN 714, in JØRGENSEN 1998, N° 65 p. 174-175 ; Inv. N° ÆIN 715, N° 66 p. 176-177 et peut-être Inv. N° ÆIN 716, N° 67 p. 178-179). Le musée Rodin conserve un autre fragment de la chapelle memphite d’Imeneminet, scribe royal et général en chef (Inv. N° Co. 3076, en dépôt au musée du Louvre) et le fragment d’un groupe statuaire de la même période, inscrit au nom d’un Imeneminet, prêtre pur (Inv. N° Co. 950). Sur la bibliographie de cette tombe, voir DELANGE 2019, « Commentaire » p. 322-325. Aucune trace de polychromie n’est décelable aujourd’hui.

 

Deux autres objets de la collection Rodin, contemporains du relief Co. 6417, portent le nom d’Imeneminet : la statue du prêtre pur Imeneminet Co. 950 et le relief d’Imeneminet et de sa mère Dépet Co. 3076.

Inscription

Les signes d’une inscription hiéroglyphique semblent conservés dans le coin supérieur droit du fragment. Ils restent cependant peu lisibles.

Historic

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Boreux 1913 : Hôtel Biron, 185, "Bas-relief en calcaire représentant la partie inférieure (jupe plissée et pieds) d’un personnage qui levait sans doute les mains en signe d’adoration. Époque thébaine. Haut. Max. 32 cent. Larg. max. 23 cent. ½.Estimé cinquante francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Historic comment

Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français. En décembre 1913, il fut photographié par Eugène Druet dans une vitrine, au centre d'une salle du premier étage de l'hôtel Drouot (voir images historiques, Ph.02476). Il figure également sur une photographie reproduite dans l'ouvrage de Gustave Coquiot, Rodin à l'hôtel Biron et à Meudon, paru en 1917. Il y présenté dans une vitrine, entouré d'autres reliefs égyptiens, dans une salle du 1er étage de l'hôtel Biron.Il figure sur une photographie reproduite dans l'ouvrage de Gustave Coquiot, Rodin à l'hôtel Biron et à Meudon, paru en 1917. Il y présenté dans une vitrine, entouré d'autres reliefs égyptiens.

 

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