ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE > XXIe – XXXe dynastie > 1059 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 9,3 cm ; L. : 1,9 cm ; P. : 2,9 cm
Co. 5782
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE > XXIe – XXXe dynastie > 1059 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 9,3 cm ; L. : 1,9 cm ; P. : 2,9 cm
Co. 5782
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal oxydé a patiné les détails anatomiques. Toute la surface de la statuette est rugueuse, particulièrement la partie basse à partir du ventre. L’espace qui séparait les bras et le buste est aujourd’hui bouché de corrosion.
L’œuvre représente le dieu Nefertoum debout sur une petite base fine et rectangulaire, dans la position de la marche apparente, c’est-à-dire le pied gauche en avant. Un tenon sous la base permettait l’insertion de l’œuvre dans un système de soclage plus grand. Les bras du dieu sont positionnés le long du corps, les avant-bras serrés sur ses hanches, les mains aux doigts repliés serrant probablement le mekes. Nefertoum est coiffé d’une perruque tripartite imposante, striée verticalement. La coupe de cette perruque est précise, s’arrêtant au même niveau que la barbe postiche sur la face avant, et sur les omoplates sur la face arrière. La perruque, qui laisse à découvert les oreilles, est ornée d’un large uraeus frontal et est surmontée d’une couronne complexe. Celle-ci se compose d’une grande fleur de lotus, dont seul le sommet des pétales est encore discernable, maintenue droite sur le crâne du dieu par deux contrepoids du collier menat la serrant sur ses côtés. Si les détails de ces contrepoids sont illisibles, un parallèle de cette statuette, conservé au musée de Mariemont, permet d’en reconstituer l’image et la fonction, liées à la déesse Bastet dont Nefertoum est parfois le fils (Inv. AC.347.B, cf. Claire DERRIKS, « Nefertoum passant », in Cl. Derricks, L. Delvaux (éd.), Antiquités égyptiennes au Musée Royal de Mariemont, Morlanwelz, 2009, p. 162-163). Le lotus est couronné de deux hautes plumes séparées verticalement par un sillon, qui semblent rapportées vu l’état de corrosion à leur base. À l’arrière du lotus, une bélière est conservée. Elle permettait de suspendre la statuette, accrochée sur une surface ou bien placée en collier autour du cou d’un prêtre ou d’un dévot. Enfin, Nefertoum est habillé d’un pagne chendjit simple et court dont le croisement des pans de tissus est encore visible sur le devant des cuisses. Si le dieu était paré de bijoux, aucune trace de ces ornements n’est aujourd’hui perceptible.
Nefertoum est figuré avec un visage ovale aux joues pleines. L’état de conservation de l’œuvre ne permet pas de donner de description précise de la face, seul le creusement des yeux qui annonce le profil du nez est encore observable. De plus, les oreilles, bien en place de part et d’autre des joues, sont petites et rondes. Les épaules du dieu, horizontales et larges, sont carrées. Elles se poursuivent sur des bras de longueur naturelle. Le pli du coude y a été dessiné. Ces bras encadrent un buste taillé en V sur lequel nous pouvons voir le modelé des pectoraux, la fente stomacale et le nombril. La taille est marquée au-dessus de hanches, elles aussi de largeur naturelle. Les muscles fessiers sont légèrement en relief. Les jambes sont relativement courtes et présentent des genoux resserrés, mettant en avant le galbe des cuisses et des mollets. Les pieds, traités selon l’iconographie égyptienne, sont longs et plats. De simples stries séparent les orteils.
Le traitement du corps, notamment les joues pleines, les épaules carrées, la taille marquée, la présence du pli du coude, le dessin des pectoraux et le sillon stomacal, suggère une manufacture inspirée du Nouvel Empire. Cette statuette Co. 5782 pourrait donc dater de la période suivante, c’est-à-dire de la Troisième Période intermédiaire, durant laquelle les influences iconographiques ramessides étaient toujours en vogue.
Nefertoum est associé à plusieurs mythes égyptiens de la création du monde. Il est le dieu juvénile émergeant de la fleur de lotus bleu (Nymphaea cerulea) jaillissant des eaux primordiales d’où le soleil surgira.
Dans le chapitre 266 du "Textes des Pyramides", il est appelé « le lotus au nez de Rê ». Nefertoum a alors un lien étroit avec Rê, dieu solaire, à tel point qu’à une époque tardive, il sera parfois associé à Horus, fils de Rê. Le lotus le lie également aux parfums et onguents, devenant ainsi dieu des parfums bien qu’il s’agisse d’une prérogative secondaire. Dès les "Textes de sarcophages", il fait partie de la triade memphite avec son père Ptah et sa mère Sekhmet. À Bouto, il est fils de la déesse-cobra Outa ou de Bastet. C’est pourquoi il est parfois représenté avec une tête de lion, rappelant son association avec Sekhmet, ou sur le dos d’un lion (voir notamment au Metropolitan Museum of Art un lion faisant partie d’une amulette de Nefertoum, 04.2.374, et Nefertoum sur une amulette de lion, 17.194.2442.
Dans le chapitre 125 du "Livre des morts", il est chargé de punir les damnés en faisant partie du conseil des juges. Là encore, son affiliation avec la déesse féline et féroce est rappelée par son caractère répressif et potentiellement nuisible. Des amulettes étaient ainsi données aux nouveaux nés pour les protéger de Nefertoum. À l’inverse, certaines amulettes offraient sa protection. La statuette Co. 5782 agirait donc dans ce sens.
Bien que Nefertoum soit une divinité des monuments royaux et divins, et qu’il ne possède pas de lieu de culte propre, les statuettes à son effigie étaient courantes. Au Museo egizio de Turin, deux œuvres datent de l’Époque Tardive, Cat. 206 et Cat. 215. Au Musée du Louvre, une très belle œuvre date de la Troisième Période intermédiaire, E 10665. Le British Museum conserve de nombreux exemples, notamment du dieu serrant contre sa poitrine un sceptre kheprech, EA64480 ou EA22921. De très beaux exemples sont également conservés au Metropolitan Museum of Art à New York, avec ou sans le kheprech, respectivement 10.175.131 et 04.2.455.
Les collections du musée Rodin ne conservent que cet exemple de statuette en bronze du dieu Nefertoum.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.