Égypte > provenance inconnue
Ve - début du VIe siècle ap. J.-C.
H. 3,5 cm ; L. 12 cm ; P. max. 0,5 cm
Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure
Co. 2210
Égypte > provenance inconnue
Ve - début du VIe siècle ap. J.-C.
H. 3,5 cm ; L. 12 cm ; P. max. 0,5 cm
Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure
Co. 2210
L’élément d’applique est entièrement conservé. Compte tenu du peu de sédiments qui subsistent dans les parties incisées, on est en droit de se demander s’il n’a pas déjà fait l’objet d’un nettoyage. Un peu de terre d’enfouissement s’observe encore au dos. La face principale est marquée par un fendillement de la matière osseuse. Au milieu du dos, court une fissure longitudinale. Les angles sont émoussées et le relief assez abrasé.
Les deux créatures marines semblent se diriger dans des directions opposées. Personnifiant différents phénomènes marins, les Néréides, filles de Nérée et de Doris, sont fréquemment accompagnées, dans leurs jeux à la surface des flots, par des Tritons ou des monstres aquatiques. Fils de Poséidon et d’Amphitrite, Triton est souvent représenté de manière anonyme, comme pendant à une Néréide. Ce couple de divinités peuplant l’océan forme un modèle iconographique exploité à de nombreuses reprises sur les appliques en os d’époque romaine découvertes en Égypte. Nous retrouvons ces deux figures animées par des mouvements contraires sur d’autres appliques du musée Rodin : Co. 2154 et Co. 2229. Des pièces à la qualité de facture supérieure reprennent aussi ce poncif iconographique : le relief 18759 du musée Benaki (18759 : MARANGOU 1976, n° 143 p. 113, pl. 45a), et une applique appartenant autrefois aux Staatliche Museen de Berlin (I. 2890 : WULFF 1909, n° 386 p. 112, pl. XVIII).
Les deux personnages sont vus en buste, ce qui signifie qu’une seconde applique, placée sous la nôtre, permettait de compléter le dessin des corps. Le visage orienté vers la droite, la Néréide retient son voile de ses deux mains. Gonflé par la brise marine, celui-ci décrit une ellipse, devant laquelle se détache sa tête. Le bras gauche est tendu pour retenir l’étoffe qui claque au vent. Le Triton tourné vers la gauche, présente un visage incliné, qui répond à la tête penchée de la néréide. À l’arrière-plan, des courbes évoquent la présence d’un monstre marin. Ces volutes pourraient correspondre à la queue de cet animal hybride, à moins qu’elles ne suggèrent la queue du Triton.
Le modèle décliné sur cette pièce est presque identique à celui développé sur l’applique Co. 2154 du musée Rodin. L’artisan a joué de la même façon, sur l’allongement des bras et du péplos enflé par le vent, de manière à adapter au mieux le sujet au format étiré du métacarpe. Le style est également proche de la comparaison citée ci-dessus. Les silhouettes très stylisées offrent des visages réduits aux formes très simplifiés. Cette approche synthétique du corps humain va de pair avec un relief peu accentué. Il en ressort un aspect graphique mettant en valeur les ombres et lumières. On note que les yeux sont rendus par une petite incision ou un enlèvement de matière. Cette sculpture aux contours expressifs, que l’on peut observer aussi sur le relief Co. 2133, pourrait s’accorder avec une production au Ve ou au début du VIe siècle.
Marquage
Au revers est collée une petite étiquette octogonale à liseré bleu, en partie déchirée ; en partie inférieure, 30 marqué au crayon rouge, 5 marqué au crayon gris.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18759 (schéma iconographique identique).
-Berlin, anciennement aux Staatliche Museen, I. 2890 (WULFF 1909 n° 386 p. 112) (idem).
-Paris, musée Rodin, Co. 2154.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.