Egypte> provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire à Époque hellénistique et romaine
>H. 4,2 CM; L. 3,1 CM; P. 3,1 CM
Fritte émaillée
>Co. 2327
Egypte> provenance inconnue
Troisième Période intermédiaire à Époque hellénistique et romaine
>H. 4,2 CM; L. 3,1 CM; P. 3,1 CM
Fritte émaillée
>Co. 2327
L'œuvre est en bon état de conservation. On observe de nombreuses cassures et des éclats. La glaçure qui recouvrait l’objet subsiste partiellement. La figurine est sectionnée au niveau du cou et le menton est partiellement cassé. La mèche frontale est particulièrement mutilée par de nombreux éclats, imputables à différentes époques.
En dépit d’un état de conservation médiocre, on reconnaît dans ce fragment de figurine une tête humaine, encadrée de trois larges bandes scandées de stries et qui correspondent très probablement à des mèches de cheveux.
L’état actuel de l’objet ne permet pas de distinguer les éventuels contours d’une coiffe (le sommet du crâne semble excessivement allongé), mais par comparaison avec des objets très similaires, comme la figurine Co. 2400 conservée dans la même collection, on peut reconstituer que la protubérance frontale serait à voir comme une mèche de cheveux, séparée du reste de la coiffe et retombant sur le front. Les oreilles sont largement allongées et décollées du crâne. Les sourcils, sur lesquels subsiste la pigmentation ocre noir, sont peu arqués et tirés vers les tempes, les yeux profondément creusés et étirés en amande. Malgré les éclats, on devine un nez épaté, et une bouche charnue et souriante.
La glaçure qui recouvrait l’objet subsiste partiellement, notamment dans la partie inférieure en ce qui concerne le bleu vert. Cette couleur bleu-vert, évoquant la turquoise, était pourvue d’une charge symbolique importante. Les expérimentations pour produire des objets émaillés commencèrent dès les premières dynasties, mais nécessitaient la maîtrise de la vitrification du sable ou du quartz. D’autres matériaux étaient impliqués, notamment des fondants alcalins ou de la chaux permettant d’abaisser la température requise pour la vitrification (via l’usage de natron), et surtout l’oxyde de cuivre (provenant essentiellement du désert oriental et du Sinaï), ingrédient indispensable de la coloration bleu-vert, parfois additionné de cobalt pour renforcer la teinte (voir NICHOLSON, SHAW 2000).
La glaçure est mieux conservée au revers de l’objet. Les mèches de la coiffure du personnage sont alternativement ocre foncé et noires. Si l’on se réfère aux traces qui subsistent sur son visage (notamment sur les joues), et en les comparant à la figurine du Metropolitan Museum of Art de New York Inv. N° 41.6.7, le personnage aurait peut être eu le corps tacheté de pois bruns (sur ce type très spécifique de décor, voir BULTE 1991).
Par comparaison avec celle du Metropolitan Museum of Art (voir supra, Inv. N° 41.6.7), la figurine Co. 2327 pourrait donc s’apparenter aux amulettes de musiciens jouant de la double flûte, datant principalement de la Troisième Période intermédiaire et qui restèrent très populaires jusqu’à la période romaine. Les musiciens de ce type sont généralement représentés avec le sommet du crâne rasé et deux larges mèches de cheveux sur les côtés, avec parfois une troisième à l’arrière du crâne, type de coiffure généralement arborée par les Nubiens. Le type iconographique du flûtiste fait allusion au mythe de la « déesse lointaine » : Hathor, Bastet ou, selon les versions, Sekhmet, qui s’enfuit en Nubie suite à un conflit avec son père Rê ; c’est seulement le dieu Thot qui, sous la forme d’un singe, parvint à la charmer et à la faire revenir à force de chants et de danses. Dans les versions tardives de ce mythe, ce cortège de retour est également accompagné de Bès, tandis qu’au cours du premier millénaire, les flûtistes et musiciens sont plus volontiers associés au cortège isiaque (HERMANN, 2010, p. 66).
On remarque la présence de neufs perforations circulaires sur l’objet, toutes n’étant pas traversantes : deux sous chacune des oreilles, deux au milieu de chacune des oreilles, deux au-dessus de chacune d’entre elles, deux sur la couronne de part et d’autre de la mèche frontale, et une traversant l’arrière du crâne. La petite taille de cette figurine, ainsi que ces diverses perforations permettant sans doute de la suspendre, l’inscrivent dans la catégorie des amulettes.
Si le mot amulette peut s’exprimer sous différentes formes en égyptien ancien, l’étymologie se rapporte toujours à la notion de protection. Il peut aussi bien s’agir de représentations de divinités ou de symboles mythologiques, comme l’œil oudjat ou le pilier-djed, portées sur soi en pendentif, bracelet ou bague (STEVENS 2009, p. 10) que de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés sur soi. Cette dernière tradition est notamment très répandue au cours de la période ramesside (DONNAT, 2016). Elles sont utilisées aussi bien pour les vivants que pour les morts, même si, avant le Nouvel Empire, elles sont surtout retrouvées en contexte funéraire. Elles étaient placées, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà – mais également portées comme bijoux protecteurs, incluses dans des colliers, des bracelets ou des bagues. La production d’amulettes s’intensifia nettement à partir de la XVIIIème dynastie et l’essor de la faïence entraîna des formes et des utilisations de plus en plus variées. Elles constituent un élément central de la piété populaire et il n’est pas exclu qu’elles aient pu être suspendues en divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée.
La figurine Co. 2327 pourrait donc s’inscrire dans les pratiques religieuses privées, notamment liées au culte hathorique, ici peut-être mis au service de la fertilité du foyer et/ou de la protection des enfants et de la parturiente en raison du décor à pois. La majorité de ces amulettes ont été retrouvées dans le Delta oriental, mais on ne peut pour autant proposer une provenance précise pour cet objet particulier.
Hors contexte de découverte ni historique d’achat, l’identification et la datation de cet objet demeurent néanmoins hypothétiques.
La collection égyptienne du musée Rodin possède une amulette très similaire, en particulier du point de vue de la coiffure, en l’espèce du Co. 2400.
De nombreux musées à travers le monde possèdent des exemples de ce type de figurines, par exemple :
Anépigraphe.