Égypte > provenance inconnue
IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 4,8 cm ; L. 3,4 cm ; P. max. 0,55 cm
Os, scapula de bœuf ?
Co. 2212
Égypte > provenance inconnue
IIIe - IVe siècle ap. J.-C. ?
H. 4,8 cm ; L. 3,4 cm ; P. max. 0,55 cm
Os, scapula de bœuf ?
Co. 2212
La matière osseuse beige de la face externe, prend une tonalité jaune ocré, au dos de l’applique, plus ou moins accentuée selon les endroits. Conservée en totalité, elle est recouverte d’une fine couche de salissure mêlée à une substance grise à l’aspect poudreux dans les creux. Les parties les plus en saillies révèlent des marques noires. Au revers, quelques sédiments sont emprisonnés dans les trabécules.
La plaquette rectangulaire est sculptée d’un chapiteau corinthien reposant sur un astragale lisse, figuré sous la forme d’un ressaut rectiligne. La minceur de l’élément de placage indique qu’il s’agit d’un chapiteau de pilastre destiné autrefois à couvrir une surface plane. La corbeille au dessin quadrangulaire est garnie de trois feuilles d’acanthe épanouies aux extrémités recourbées (DELASSUS 2020 p. 71 n. 141, fig. 15 a p. 84). Le premier rang est constitué de deux larges feuilles, tandis que le second se résume à une troisième feuille, placée au centre du calathos. Le troisième niveau est considérablement atrophié. Derrière la feuille logée au milieu de la corbeille surgissent les deux volutes d’angles entourant un fleuron. Deux caractéristiques sont à relever, qui participent de la même simplification des éléments décoratifs : ni les caulicoles, ni les calices donnant naissance habituellement aux volutes d’angles, ne sont représentés ; à la place des hélices, apparaît un fleuron, qui aurait dû timbrer le centre d’un abaque, seulement suggéré. Sous l’astragale, une tige à laquelle sont attachés quelques grains évoque un rinceau de vigne.
Il est fort probable que le rinceau se développait sur le pilastre que coiffait ce chapiteau, comme l’atteste un relief du musée gréco-romain d’Alexandrie (12340 : SHAHIN 1998 p. 373, fig. 2 p. 372) et un exemplaire passé en vente publique chez TimeLine Auctions à Londres (TimeLine Auctions Antiquities Sale - Day 2, 23 février 2022, lot 712). Plusieurs pièces mettant en scène un Éros vendangeur, montrent également à leur sommet, un chapiteau de pilastre corinthien. On peut citer un relief conservé au Victoria & Albert Museum à Londres (inv. 830-1905 : LONGHURST 1927, p. 24), et une applique qui en constitue presque la contrepartie, appartenant au musée gréco-romain d’Alexandrie (inv. 13303 : RODZIEWICZ 2016, p. 164 fig. 184). Un thème similaire se déploie sur l’applique Co. 2106 du musée Rodin et un élément de placage de la collection Altounian (vente Paris, Artcurial, 17-18/09/2019, lot 135).
La structure de notre chapiteau de pilastre rappelle une typologie de chapiteaux présents sur les appliques en os. On la reconnaît sur trois pièces précédemment citées (Alexandrie, musée gréco-romain, 12340 et 13303 ; Londres, Victoria & Albert Museum, inv. 830-1905), mais aussi à des échelles différentes, sur deux fragments de chapiteaux de pilastre provenant des fouilles menées à Alexandrie par la mission française (centre d’Études Alexandrines) (DI 96. 3002.5.1 (80) : 2007, n° 49, p. 92, pl. 21, 100-1 ; LUX 02.30712.47 (90) : RODZIEWICZ 2007, n° 52 p. 93, pl. 21, 100-5 ; RODZIEWICZ 2016, p. 131, fig. 144 p. 133). Ce modèle perdure, tout en étant modifié, sur les œuvres chrétiennes en ivoire du VIe siècle. On le retrouve sur le diptyque de Berlin-Dalhem (VOLBACH 1976, n° 137 p. 91-92, pl. 71), ainsi que sur plusieurs plaques à figures d’apôtres (VOLBACH 1976, n° 153-154 p. 100-101, pl. 80). Le chapiteau du musée Rodin emprunte à ces modèles, les deux feuilles enveloppantes disposées légèrement en biais de la rangée inférieure, qui occupent la moitié de la hauteur de la corbeille, ainsi que les volutes d’angles aux enroulements schématiques du niveau supérieur. Cependant, la caulicole unique placée dans l’axe du calathos, d’où naissent les volutes, disparaît derrière la feuille centrale. Si l’agencement des trois feuilles d’acanthe renvoie au chapiteau Co. 2288 du musée Rodin, la sculpture s’avère moins soignée. Les feuilles souples aux nervures incisées avec précision voisinent avec un dernier niveau condensé aux volutes très stylisées. Cette prise de distance avec le schéma classique du chapiteau corinthien incite à dater la pièce du IIIe-IVe siècle.
Marquage
Au revers, 81 marqué à l’encre violette.
Comparaisons :
-Alexandrie, musée gréco-romain, 12340, 13303.
-Alexandrie, fouilles archéologiques de la mission française, DI 96. 3002.5.1 (80).
-Alexandrie, fouilles archéologiques de la mission française, LUX 02.30712.47 (90).
-Londres, Victoria & Albert Museum, 830-1905.
-Vente Londres, TimeLine Auctions, 23/02/2022, lot 712.
Anépigraphe.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.